Vendredi 23 Avril 2021 : Appel à la grève contre la réforme de l’assurance chômage

Depuis le début de la crise du Covid-19, les chiffres de la pauvreté sont en hausse à travers le monde et la France est loin d’être épargnée. Cette pandémie n’est pas seulement une crise sanitaire, elle est également une crise économique et sociale et ses effets sont destructeurs.

C’est pourtant malgré ce constat que la réforme de l’assurance chômage s’apprête à enfoncer le clou pour 1,15 million de demandeur‧ses d’emploi dès la première année selon les dernières estimations de l’Unedic. Certain‧es d’entre elleux perdront jusqu’à 260 € par mois par rapport aux règles actuelles, alors même que leur allocation initiale n’atteignait pas le seuil de pauvreté !

Un décret du 31 Mars 2021 détaille la mise en place des derniers volets de la réforme. Dès le 1er Juillet 2021, les montants des allocations des travailleur‧ses ayant perdu leurs emplois seront réduis de 20% en moyenne et ce taux pourrait monter jusqu’à 45% dans certains cas. Ensuite, à partir du 1er Octobre, la durée de travail nécessaire pour ouvrir des droits sera allongée à 6 mois sur les 24 derniers mois au lieu de 4 mois sur les 28 derniers mois.

Ce changement de règles permettrait à l’État d’économiser 2,3 milliards d’euros par an sur le dos des plus précaires, alors qu’en seulement 9 mois les milliardaires français ont retrouvé leur niveau de richesse d’avant la pandémie selon un rapport d’Oxfam.

Cette réforme a été refusée de manière partielle par le conseil d’état et de manière unanime par les organisations syndicales en raison des injustices flagrantes qu’elle va créer, du contexte de crise sanitaire et de son impact économique. Elle est pourtant poussée une nouvelle fois par un gouvernement inflexible et sans grands changements par rapport à sa première rédaction. Ce nouveau passage en force témoigne une fois de plus du peu de considération qu’a ce gouvernement envers les partenaires sociaux et les personnes précaires.

Les conséquences de la crise économique du Covid-19 entraînent déjà la perte d’emploi pour des millions de travailleurs/ses, et ces suppressions d’emploi vont continuer. L’assurance chômage concerne tout le monde ! Dans le jeu vidéo, le recours massif aux contrats et status précaires fait passer beaucoup de travailleur‧ses par la case chômage. Cette réforme nous concerne donc particulièrement.

Le STJV appel donc à la grève le vendredi 23 avril 2021 pour demander, avec les autres organisations syndicales, l’abrogation pure et simple de cette réforme. Une mobilisation populaire massive est nécessaire pour arrêter la casse de nos droits sociaux.

Nous rappelons que cet appel couvre le champ d’action du STJV dans le secteur privé, et concerne donc toute personne employée par une société d’édition, de distribution, de service et/ou de création de jeu vidéo ou matériel pour le jeu vidéo quel que soit son poste ou son statut et quel que soit le type de production de sa société (jeux consoles, PC, mobile, serious games, expériences VR/AR, moteurs de jeu, services marketing, consoles de jeu, streaming, etc.), ainsi que tout·e·s les enseignant·e·s travaillant dans des écoles privées dans des cursus en lien avec la production vidéoludique. Pour toutes ces personnes, et puisqu’il s’agit d’un appel national à la grève, aucune démarche n’est nécessaire pour se mettre en grève : il suffit de ne pas venir travailler les jours où vous souhaitez faire grève.

LISAA : Face au suicide d’un étudiant, la direction fait le choix de la répression et de l’inaction

Il y a deux semaines, le magazine Capital publiait un article sur le suicide de Pheanith Hannuna, étudiant de la section Animation de L’Institut Supérieur d’Art Appliqué (LISAA) ayant mis fin à ses jours en Décembre suite à une campagne de harcèlement par d’autres étudiant‧es. Rapidement informé de ce tragique événement au moment des faits, le STJV avait assisté des étudiant·es et professeur·es de la section Game (jeu vidéo), les sections Game et Animation étant regroupées sous la même direction. Nous n’avions à ce moment pas souhaité communiquer publiquement sur ce sujet, les événements qui ont suivi et la réaction de l’école, par respect pour le deuil de sa famille. Cependant, maintenant que ce suicide a été rendu public, nous aimerions apporter un peu plus d’informations sur, et dénoncer, le comportement et les agissements de l’école qui l’ont suivi.

Nous tenons avant toute chose à présenter nos plus sincères condoléances à la famille de Pheanith Hannuna, suite à cette perte irremplaçable. Chacun·e d’entre-nous a appris cela avec une vive émotion.

Déresponsabilisation face à une situation grave

Nous avions déjà appris, dans le contexte instable actuel de pandémie, confinements, couvre-feux, etc., qu’une partie des élèves de LISAA dans les sections Game et Animation souffre mentalement, certain‧es ayant abandonné leurs études dans l’année écoulée, et que l’école gère très mal les cours en distanciel. Les professeur‧es n’ont en effet pas reçu d’instructions sur l’adaptation des cours, et la direction de l’école ne prend pas suffisamment en compte la difficulté du distanciel pour les élèves.

Nous avons été à nouveau choqué·es par la communication et la réaction de la direction de l’école suite au passage à l’acte de Pheanith. Celle-ci a été minimale, sans aucun tact, violente envers les personnes cherchant à améliorer la situation des étudiant‧es, et balayant toute responsabilité éventuelle de l’école.

Ce suicide a été annoncé à l’équipe pédagogique par un communiqué, dans lequel la direction des sections Game et Animation explique qu’il faut « accepter » de ne pas pouvoir connaître et comprendre les raisons qui poussent quelqu’un à mettre fin à ses jours. Elle conclut son communiqué par cette formule odieuse et culpabilisante au sujet des élèves fragilisé‧es : « nous leur tendons la main mais à eux de la prendre ».

Cette déresponsabilisation est d’autant plus intolérable que la direction semble avoir été au courant du harcèlement que subissait cet étudiant depuis son entrée à l’école, comme cela a été rapporté par des personnes interviewées par Capital et par plusieurs personnes qui nous l’ont confié directement. LISAA n’a pas pris de mesures pour protéger Pheanith de ses harceleurs·ses, et a au contraire abondé dans leur sens en le culpabilisant. L’école aurait-elle tenté de cacher cette situation plutôt que d’intervenir pour la régler ?

Les étudiant‧es avec qui nous avons pu échanger se plaignent d’une communication erratique et sans empathie de l’école. La mise en place d’une cellule psychologique par l’école a été annoncée avant toute communication sur le suicide de l’étudiant, cette information circulant donc d’abord de manière informelle entre étudiant·es. Par la suite, les réunions des étudiant·es avec différent‧es membres de la direction ont été décrites comme « très froides » et même « surréalistes ». La situation actuelle des étudiant·es, alarmante, et ce dernier événement tragique étaient, jusqu’à ce que ce suicide soit rendu public par voie de presse, passés sous silence en dehors du campus et des sections concernées, des professeur·es et étudiant·es n’étaient ainsi pas au courant de ce qu’il se passe dans leur école. Les étudiant·es ne se sentent pas écouté·es et n’ont plus confiance dans la direction de l’école.

Les établissements privés d’enseignement supérieur ont la responsabilité d’assurer le bien-être de leurs employé·es et étudiant·es. LISAA ne semble pas en prendre la mesure. Il aura fallu la publicisation, plusieurs mois après, de cet événement pour que l’école, dans un nouveau communiqué, propose enfin à ses étudiant·es d’aller plus loin et de discuter directement. Néanmoins, la direction prétend dans ce même communiqué que l’enquête en cours l’empêcherait de s’exprimer, et précise que le rythme de cours, les évaluations et les exigences qui vont avec ne changeront pas malgré sa reconnaissance des difficultés que la période actuelle impose aux étudiant·es.

L’école, dès le mois de Décembre mais encore maintenant, semble incapable de répondre aux besoins des étudiant·es et, au contraire, s’oppose activement aux personnes cherchant des solutions permettant d’améliorer la vie étudiante.

Licenciement abusif et atmosphère malsaine

En réaction à la détresse des étudiant‧es, et poussé à l’action par le suicide de l’un d’entre elleux, un·e professeur·e de la section Game a rapidement contacté en privé le corps enseignant de sa section pour créer un canal de discussion à ce sujet. Son but était de coordonner les professeur‧es pour discuter de la conduite à avoir face à cet événement, interpeller la direction pour demander des précisions et mesures claires sur l’accompagnement des élèves, mais aussi améliorer la pédagogie afin d’alléger la charge de travail des étudiant·es et de réduire la pression qu’iels subissent, d’autant plus dangereuse en période de confinement et d’isolement social.

Mise au courant de cette communication, la direction de la section Animation et Game de LISAA a réagi en mettant à pied cette personne, avant de lea licencier pour faute grave, prétextant qu’iel a cherché à semer le trouble au sein de l’école par ces échanges (privés), motif fallacieux que nous contestons vivement.

Au mépris de la loi, lea professeur·e a été remplacé‧e avant notification de son licenciement, comme en attestent des emails envoyés aux étudiant·es annonçant l’arrivée d’une nouvelle personne pour reprendre ses cours, et une offre d’emploi partagée par des personnes de l’école avec d’autres travailleur·ses du jeu vidéo.

De plus, l’école essaie de cacher ce licenciement en omettant de mentionner le rôle joué par la direction dans le changement de professeur·e, cherchant à couvrir ses traces dans la gestion des événements. Quand elle n’a pas le choix, elle prétend que lea professeur·e concerné·e est parti·e pour motif personnel, ce qui est bien évidemment faux.

Ce licenciement abusif n’est rien d’autre qu’un licenciement bâillon. Il vise à tuer toute autonomie des professeur‧es et à les empêcher de communiquer entre elleux, y compris en privé. Ce n’est pas un cas isolé, puisqu’il est possible d’identifier un schéma répété à partir des informations qui nous ont été rapportées sur la gestion de la section Game de LISAA. Des professeur·es ont déjà été poussé·es à quitter l’école, par divers procédés, après avoir exprimé un avis sur sa pédagogie ou remonté les doléances d’étudiant·es à la direction.

Ce dernier licenciement a eu pour conséquence l’annulation de 3 semaines de cours après que lea professeur·e ait été mis·e à pied. Cela a causé une forte incompréhension chez les étudiant·es qui appréciaient la qualité pédagogique, la disponibilité et la capacité d’écoute de ce·tte professeur·e. Les élèves ont dû subir ce vide pédagogique et le changement d’un·e de leur professeur‧es en cours d’année, sans explication par la direction et à un moment très chargé émotionnellement, en plus des incertitudes déjà causées par la période.

Il semble donc que des personnes dans la direction de l’école fassent passer leur ego et leur volonté de pouvoir avant la loi, la qualité de l’enseignement mais aussi, et bien plus grave, avant la vie et le bien être des étudiant·es, et créent ce qui nous a été décrit comme une atmosphère délétère, un climat de peur et de méfiance, pesant aussi bien sur le corps professoral que sur les étudiant·es. En effet les cas de favoritisme (ou son inverse) ne semblent pas rares, et peuvent avoir des conséquences très importantes sur le déroulement des études, allant jusqu’à l’abandon de certain·es élèves.

Un tel climat et des considérations marketing sur l’image de l’école n’ont pu que peser dans les prises de décision qui ont poussé l’école à ignorer le harcèlement subi par Pheanith, et les plaintes de sa famille. Il explique comment ce harcèlement a pu continuer en toute impunité sans que des étudiant·es et professeur‧es sortent du rang pour le faire cesser.

Toutes les personnes avec qui nous avons pu discuter, et la totalité des témoignages qui nous sont parvenus, expriment la crainte d’une « chasse aux sorcières » organisée par la direction de l’école après que des informations sur son fonctionnement interne soient rendues publiques, venant corroborer l’idée d’une atmosphère générale malsaine. Cette peur de la répression – calquée directement de l’industrie sur les études – est inacceptable et le STJV sera particulièrement attentif à la suite des événements.

En conclusion

De trop nombreuses écoles considèrent que ce qui se passe en dehors des cours et le contexte général de vie des étudiant·es ne les concerne que quand cela permet d’améliorer leur image, et les exemples de directions choisissant d’ignorer complètement les échanges sur les réseaux sociaux entre élèves sous prétexte que cela se passerait « en dehors de l’école » sont beaucoup trop nombreux. Ce genre d’attitude qui nie la responsabilité qu’ont les écoles envers leurs étudiant·es conduit à des abandons d’études, des troubles psychiques et, comme ici, pousse certain·es d’entre elleux au suicide.

Le Syndicat des Travailleurs et Travailleuses du Jeu Vidéo demande à la direction de LISAA de prendre la mesure de la gravité de la situation et d’agir pour les élèves qui y étudient, et non contre elleux. Le STJV reste bien entendu disponible pour soutenir et aider les étudiant‧es et professeur‧es affecté‧es, qui peuvent nous contacter par mail à ou par tout autre moyen.

Nous dénonçons un licenciement illégal, qui advient en période de pandémie où la précarité explose et durant laquelle il est encore plus difficile de trouver un emploi. Nous sommes particulièrement inquiet de l’incertitude que ce licenciement, le contexte émotionnel à LISAA, et le changement de professeur‧e en court d’année va amener pour les étudiant‧es.

Lundi 8 Mars : Tous‧tes en grève et dans la rue !

La journée internationale de lutte pour les droits des femmes, ayant lieu chaque année le 8 Mars, se tiendra Lundi prochain. Née de la lutte socialiste féministe du début du XXe siècle, cette journée a toujours eu pour but de réclamer pour les femmes des droits égaux à ceux des hommes, et la fin des discriminations genrées au travail et dans la société de manière générale. Le 8 Mars est une référence directe à la grève des femmes du 8 Mars 1917 en Russie, événement déclencheur de la révolution russe (rien que ça). Depuis plusieurs années, le 8 Mars est redevenu une journée de grèves massives partout dans le monde.

Le contexte autour de la mobilisation de cette année est encore plus tendu que l’année dernière : recul de la démocratie, violences policières, montée de l’extrême-droite jusque dans les rangs du gouvernement et de la majorité, mais aussi bien sûr la situation autour de l’épidémie de Covid-19 qui entraîne appauvrissement, précarisation et hausse des violences sexistes et sexuelles. Les femmes et minorités de genres subissent des attaques en France et partout dans le monde. Ici notamment par l’islamophobie d’une grande partie des media et des politiques, suivis par une partie de la population, et via des projets de loi tel que celui relatif à la bioéthique, qui exclut toujours les femmes célibataires, lesbiennes et trans de tout accès à la PMA . À l’international avec, entre autres, la montée de la transphobie au Royaume-Uni et l’interdiction de l’avortement en Pologne.

Mais il ne faut pas pour autant oublier les victoires obtenues durant l’année et qui montrent que la lutte féministe paie, et qu’elle doit continuer toujours, partout, et ne pas faiblir. On peut lister la légalisation de l’IVG en Argentine et sa décriminalisation en Thaïlande, la gratuité des protections périodiques en Écosse, l’égalité salariale dans le football Brésilien, l’enlèvement de la mention du genre sur les cartes d’identité aux Pays-Bas, et biens d’autres encore qui prendraient trop de place ici.

L’égalité entre toutes et tous concerne tout le monde. Que l’on soit concerné‧es directement par les discriminations ou non, celles-ci ont un impact sur nos vies et lutter contre doit faire partie de notre projet de société commun. Nous devons constamment nous rappeler que nos droits ne sont jamais acquis, et qu’il est plus que jamais important de se battre, toutes et tous ensemble, pour les défendre et en acquérir de nouveaux.


Au travail on constate que les égalités théoriquement acquises et inscrites dans la loi sont en pratique très limitées, non appliquées ou simplement inexistantes.

Les violences et discriminations sexistes sont très présentes dans l’industrie du jeu vidéo. Très majoritairement masculine, elle combine de manière exacerbée capitalisme, l’exploitation des travailleurs et travailleuses par les personnes possédant les moyens de production, et patriarcat, la domination des hommes sur les personnes d’autres genres. Cette combinaison amène à des situations dans lesquelles les personnes marginalisées subissent des violences sexistes, homophobes, transphobes, etc. et ne disent rien car leur auteur a un pouvoir sur elleux au travail, sur leur situation économique et sur leur carrière. Bien souvent, ce sont même les victimes qui subissent les foudres de leur entreprise quand elles parlent en étant poussées à la démission, « mises au placard », suspendues, etc.

L’année dernière notre communiqué parlait déjà des témoignages publics de personnes ayant été victimes de prédateurs sexuels qui utilisaient leur statut, leur influence et leurs postes dans l’industrie. À l’époque ces témoignages venaient principalement d’Amérique du Nord, mais nous évoquions le fait que de tels prédateurs agissaient en toute impunité, protégés par leurs entreprises, dans l’industrie française. Depuis des témoignages publics sur ces prédateurs ont émergé massivement en France , avec de grosses révélations sur le système qui les protège, mettant en cause les directions, les départements RH et les managers de nombreux studios français. Si le nom du groupe Ubisoft est celui qui est le plus revenu dans ces témoignages, il faut bien rappeler que ces problèmes concernent l’ensemble de l’industrie, des plus gros studios AAA aux petits indés.

Un fait notable et parlant, qu’il faut rappeler : le pourcentage de femmes dans l’industrie est plus faible que dans les écoles et formations liées au jeu vidéo, et leurs carrières sont en moyenne bien plus courtes que celles des hommes. Les femmes et autres minorités de genre subissent de la discrimination à l’embauche et dans les promotions, sont confronté·es au harcèlement dès leurs premiers stages et souvent même dans leurs écoles, et sont en moyenne moins payé‧es que leurs collègues masculins.

De plus, les pratiques comme le crunch et l’inadéquation de l’industrie avec la vie familiale, combinées à la division patriarcale du travail et au nombre majoritaire d’hommes dans l’industrie, font reposer la production vidéoludique sur le travail des femmes. En effet tout le temps accaparé par le travail en période de crunch est volé à la vie familiale, ce qui entraîne une surcharge de travail domestique pour les femmes, à qui il incombe malheureusement déjà de manière disproportionnée dans l’organisation sociale actuelle.


C’est pour cela que la lutte syndicale est aussi une lutte féministe ! En tant qu’organisation créée pour défendre les travailleureuses dans leurs rapports avec les entreprises qui les emploient et améliorer leurs conditions matérielles d’existence, les syndicats sont très bien placés pour se battre pour l’égalité salariale et contre les discriminations, le harcèlement, et les conditions de travail délétères qui accablent les minorités de genre.

Les syndicats sont uniques dans leurs pouvoirs, car ils peuvent communiquer directement dans les entreprises, représenter les travailleurs et travailleuses ses en cas de conflit avec leur employeur (aussi bien au tribunal que dans un entretien disciplinaire), négocier avec ou faire pression sur les directions d’entreprises, etc. En bref, en organisant les travailleurs et travailleuses et en renversant le rapport de force dans le travail, les syndicats sont un outil puissant pour mener la lutte féministe et s’assurer que pas une seule personne ne reste isolée.

Nous appelons donc à la grève dans le jeu vidéo le Lundi 8 Mars, pour lutter contre les discriminations et inégalités entre genres dans notre industrie. Nous appelons pour toute la semaine du 8 Mars les femmes et minorités de genre à faire une grève du travail reproductif (tâches ménagères, garde des enfants, travail émotionnel, …), et les hommes à l’effectuer dans son intégralité durant cette semaine, et nous invitons toutes et tous à aller manifester le 8 Mars.

Nous rappelons que cet appel couvre le champ d’action du STJV dans le secteur privé, et concerne donc toute personne employée par une société d’édition, de distribution, de service et/ou de création de jeu vidéo ou matériel pour le jeu vidéo quel que soit son poste ou son statut et quel que soit le type de production de sa société (jeux consoles, PC, mobile, serious games, expériences VR/AR, moteurs de jeu, services marketing, consoles de jeu, streaming, etc.), ainsi que tout·es les enseignant·es travaillant dans des écoles privées dans des cursus en lien avec la production vidéoludique. Pour toutes ces personnes, et puisqu’il s’agit d’un appel national à la grève, aucune démarche n’est nécessaire pour se mettre en grève : il suffit de ne pas venir travailler les jours où vous souhaitez faire grève.

Appel à la grève dans le jeu vidéo pour le 4 Février 2021

Dans un climat de mesures liberticides et anxiogène poussé par l’épidémie de Covid, le plan de relance économique annoncé par le gouvernement s’annonce comme un moyen supplémentaire de dégrader les conditions de travail et les salaires de toutes et tous, d’appauvrir et de précariser toute une partie de la population.

Ce plan prévoit l’injection d’argent publique dans les entreprises privées, sauf qu’investir massivement dans le secteur privé s’est toujours fait au détriment du secteur public, alors qu’il faudrait de toute urgence revitaliser ce dernier qui était déjà en crise avant la pandémie.

Ces « cadeaux » aux entreprises privées sont prévus sans conditions ni contreparties, alors que par le passé cette méthode s’est toujours montrée avare en résultats (rappelons-nous du CICE). Les entreprises qui vont toucher le plus d’aides seront les plus grosses, celles qui souffrent le moins de la crise et qui maintiennent déjà, malgré les aides précédentes et des bénéfices scandaleux, des plans de licenciements dans tout le pays.

La relance économique doit passer par la création d’emploi, le soutien au secteur public, la diminution du temps de travail, et la lutte contre la pauvreté, plutôt qu’être dictée par le dogme de la socialisation des pertes et de la privatisation des bénéfices. Il est crucial d’agir pour sauvegarder l’emploi des Français et offrir à chacun de quoi vivre dignement en ces temps de crise.

Le STJV rejoint donc les organisations syndicales appelant à la grève le 4 février, et appelle les travailleureuses, chômeureuses, étudiant·es du jeu vidéo à se mobiliser dans leurs entreprises, dans les assemblées générales locales et dans les manifestations qui auront lieu partout en France ce jour.

Nous rappelons que cet appel couvre le champ d’action du STJV dans le secteur privé, et concerne donc toute personne employée par une société d’édition, de distribution, de service et/ou de création de jeu vidéo ou matériel pour le jeu vidéo quel que soit son poste ou son statut et quel que soit le type de production de sa société (jeux consoles, PC, mobile, serious games, expériences VR/AR, moteurs de jeu, services marketing, consoles de jeu, streaming, etc.), ainsi que tout·es les enseignant·es travaillant dans des écoles privées dans des cursus en lien avec la production vidéoludique. Pour toutes ces personnes, et puisqu’il s’agit d’un appel national à la grève, aucune démarche n’est nécessaire pour se mettre en grève : il suffit de ne pas venir travailler les jours où vous souhaitez faire grève.

Le STJV rejoint l’appel des Tui contre les suppressions d’emploi

L’épidémie de Covid-19 qui touche de manière disproportionnée les plus précaires, les pauvres et, de manière générale, toutes les minorités, n’est pas la seul menace à laquelle nous devons faire face. Dans tout le pays, des travailleurs et travailleuses doivent faire face à un raz-de-marée de plans de licenciement et de suppressions d’emplois, y compris dans le secteur de la santé, les hôpitaux et services publics, dont nous dépendons pour sauver des vies dans la lutte contre l’épidémie !

657 plans de licenciements ont été comptabilisés entre le 1er Mars et le 22 Novembre 2020, auxquels s’ajoutent les plans de départs « volontaires », les ruptures conventionnées collectives, les départs en retraite anticipée, … En tout, près de 100 000 emplois vont être supprimés sur la seule année 2020, malgré les aides versées par l’état, malgré les chiffres d’affaires extraordinaires, et alors que les profits d’un grand nombre d’actionnaires ne cessent d’augmenter. Et ce n’est pas fini, le risque qu’une forte crise économique vienne empirer la situation étant très élevé.

Le jeu vidéo, malgré les ventes records de cette année et en dépit des informations sur la santé économique du secteur colportées par nombre de patrons du secteur dans les media, est lui aussi touché. Le cas le plus visible est la volonté de fermeture de Blizzard France à Versailles, mais il n’est pas le seul et notre syndicat accompagne actuellement des travailleurs et travailleuses du jeu vidéo dans leur lutte contre la suppressions de leur emploi. Nous craignons également que les conséquences de la crise sanitaire sur les productions de jeux entraînent à terme une augmentation significative des suppressions d’emplois dans le secteur.

Pour ne pas lutter chacun·e de notre côté dans nos entreprises, pour rendre visible la catastrophe sociale en cours, pour exprimer notre refus de ces suppressions d’emplois, et parce qu’unis les travailleurs et travailleuses sont plus fort·es, le Syndicat des Travailleurs et Travailleuses du Jeu Vidéo se joint à l’appel des Tui.

Le STJV sera donc présent dans la rue le Samedi 23 Janvier, pour une grande manifestation nationale contre les licenciements et suppressions d’emplois. Plus d’informations, comme des points de rendez-vous pour pouvoir venir défiler avec notre syndicat, seront publiés avant la manifestation.

Retrouvez l’appel des Tui ici :

Et les deux communiqués en version .pdf là :

Ici l’attestation pour pouvoir manifester :

L’année du STJV – 2020

L’année 2020 n’a pas franchement été réjouissante. Entre la pandémie de Covid-19 qui perdure et le durcissement autoritaire et sécuritaire du pouvoir (en France et dans le monde), qui menace les minorités et les organisations qui les défendent (dont les syndicats font partie), 2021 a de quoi préoccuper.

C’est pourquoi il nous paraît important de regarder factuellement ce qui a été accompli cette année, pour pouvoir constater que 2020 n’est pas une année perdue, et trouver dans nos luttes du réconfort et l’énergie de continuer.

Nous allons donc présenter, sans ordre particulier, les actions du STJV durant cette dernière année.

Le STJV en France

Crée principalement à Paris en 2017, le STJV est maintenant implanté partout en France et comptabilise fin 2020 de nombreuses assemblées locales : Île-de-France, Montpellier, Lyon, Annecy, Bordeaux et Lille.

Ces assemblées, qui regroupent localement des travailleurs et travailleuses pour échanger et s’organiser, se sont créées et fonctionnent malgré un contexte très difficile en raison du Covid-19. Nos camarades ont maintenu des liens locaux en s’adaptant, notamment via l’organisation de rencontres par internet.

La présence du STJV s’affirme également de plus en plus en dehors des concentrations habituelles d’entreprises de jeu vidéo, dans les plus petites villes et même en milieu rural. Si vous êtes concerné et que vous hésitiez à nous rejoindre, sachez que nous ne sommes pas parisiano-centré !

Le STJV en entreprise

Depuis que le syndicat a fêté ses 2 ans fin 2019, le STJV a la possibilité de créer des sections syndicales en entreprise.

Après les sections d’Ankama, de Dontnod Entertainment et d’Amplitude Studios qui n’attendaient que la possibilité légale d’exister pour se créer fin 2019, 3 nouvelles sections ont été créées en 2020, toutes dans le groupe Ubisoft :

  • Ubisoft Paris (Montreuil)
  • Ubisoft Montpellier
  • Ubisoft Annecy

Cette présence officielle permet d’être mieux connu des employé·es, de communiquer plus facilement en entreprise, et de pouvoir soutenir plus rapidement et plus efficacement les travailleurs et travailleuses en cas de problème. Elles servent de base à l’organisation des luttes sur place.

Une liste des sections syndicales STJV et leurs informations de contact est disponible sur notre site ici.

Mobilisations sociales

À partir de Décembre 2019 et durant l’année 2020, le STJV s’est officiellement impliqué pour la première fois dans des mouvements sociaux à l’échelle nationale :

  • dans le mouvement contre la réforme des retraites en appelant à la grève dans le jeu vidéo, en informant les travailleurs et travailleuses du secteur, en organisant des cortèges de manifestations dans plusieurs villes de France qui ont réuni plus de 100 personnes à la fois, et en participant aux caisses de grève ;
  • pour la journée de grève et de manifestation du 17 Septembre, afin de lutter contre la politique économique et sanitaire désastreuse du gouvernement, en appelant à la grève et en organisant des cortèges également ;
  • en participant à des réunions et organisations intersyndicales en vue d’organiser des actions nationales.

Le syndicat a également été impliqué, via ses représentant·es, dans des discussions et négociations ayant pour but de développer de la solidarité internationale dans le jeu vidéo, notamment via le processus de restructuration de Game Workers Unite! qui est toujours en cours.

IMG_20200116_170113|690x314

Journée internationale du droit des femmes et des minorités de genre

Souhaitant développer le combat du syndicat contre le sexisme et les discriminations dans l’industrie du jeu vidéo, qui a eu beaucoup d’écho ces dernières années avec des vagues de témoignages sur le harcèlement, les agressions et de manière générale les conditions de travail terribles subies par les femmes, les personnes LGBT, racisées, handicapées, … des adhérent·es du STJV ont organisé différentes actions autour de la journée du 8 Mars.

D’abord en participant aux manifestations, avec un cortège syndical officiel et en produisant du matériel de manifestation spécifique, notamment une banderole.

Mais aussi en organisant une journée de conférences féministes et LGBT sur l’industrie du jeu vidéo et le medium jeu vidéo, en invitant plusieurs organisations du jeu vidéo et des intervenant·es de toute la France. Ces conférences auraient dû avoir lieu fin Mars n’ont malheureusement pas pu se tenir à cause du confinement pour lutter contre l’épidémie de Covid-19. Ce n’est que partie remise, et quand les conditions sanitaires le permettront l’organisation de cette journée reprendra.

IMG_20200308_144922(2)|689x462

Présence médiatique et interventions publiques

Pour remplir son rôle, le STJV doit être visible publiquement et porter la parole des travailleurs et travailleuses. A ce titre nous sommes devenu un interlocuteur de premier plan lorsque le jeu vidéo est traité sous le prisme du travail ; sujet de plus en plus présent dans les media, spécialisés ou non, depuis quelques années.

Nos membres ont répondu à un grand nombre de sollicitations pour différents médias (presse, web…), en particulier durant la lutte contre le projet de réforme des retraites, et autour des questions de harcèlement dans l’industrie. Des adhérent·es du STJV ont aussi pu donner des conférences sur la lutte syndicale et les conditions de travail dans le jeu vidéo durant divers événements et streams, pour apporter une voix contradictoire à celle du patronat, souvent seul représenté.

Notre présence dans les entreprises et les CSE, la création des sections et des assemblées locales permet au syndicat d’avoir des représentant·es et interlocuteur·ices disponibles, pertinent·es et au plus près des problèmes, pour porter la voix de salarié·es que l’on n’entendrait pas sinon.

Nous essayons également de proposer des réflexions sur des sujets plus ou moins d’actualité, mais qui relèvent toujours du travail, afin d’apporter une vue et analyse de l’intérieur. La parole des personnes développant les jeux vidéo est quasi systématiquement inaudible, masquée par celles des patron·nes, des directeur·ices créatif·ves, parfois même des joueur·euses, et donc fantasmée. C’est dans cette optique que nous avons publié cette année Naughty Dog, les « leaks », et ce que tout cela dit de notre industrie ou encore Discriminations dans l’industrie du jeu vidéo : problèmes systémiques, solutions collectives.

Enfin, une chaîne Twitch et une chaîne Youtube ont été créée pour le STJV, et un coup d’essai de stream syndical a été lancé pour le 1er Mai confiné. Une partie du replay de ce live est disponible sur notre chaîne Youtube. Il se passera certainement plus de choses de ce côté-là dans le futur, le syndicat souhaitant plus utiliser ces canaux de communication, ainsi qu’augmenter sa représentation auprès des streamers et streameuses, que nous considérons comme des travailleurs et travailleuses du jeu vidéo, puisque faisant partie intégrante de la chaîne de production de valeur des jeux vidéo.

Accueil et suivi juridique

La majeure partie de notre travail syndical reste cependant invisible du grand public, et consiste à répondre aux questions et problèmes des travailleurs et travailleuses. Cela tourne souvent autour de points de droit du travail, convention collective (SYNTEC en particulier), conflit avec l’employeur ; avec cette année de nombreuses questions autour du confinement (et surtout, du déconfinement imposé par les entreprises) et du télétravail.
Il comprend également une part très importante de soutien moral.

Nous tenons à rappeler que le STJV est accessible, dans le respect de l’anonymat des personnes qui nous contactent, à . Nous avons échangé au cours de l’année des centaines de mails dans ce cadre là et traité des dizaines de demandes.

Il arrive malheureusement que la situation d’une personne nécessite d’aller plus loin que le simple conseil. Pour cela, le STJV est en capacité d’accompagner dans des procédures judiciaires et peut également prendre en charge les frais lorsque nécessaire. C’est en grande partie ce à quoi servent les cotisations des adhérent·es. À la date de publication, le STJV gère une dizaine de dossiers à divers stades de gravité.

Sur le plan juridique, nous avons accompagné 2 personnes jusqu’à une saisine des Prud’hommes et le syndicat est également engagé en intervention volontaire dans 16 dossiers auprès des Prud’hommes. Nous avons pris en charge plus de 3000€ de frais d’avocat pour que des personnes en difficulté puissent bénéficier de consultations, conseils et procédures.

Enfin, nous nous félicitons d’avoir pu résoudre 3 situations graves sans avoir besoin de recourir au procès, obtenant immédiatement satisfaction sur toutes les réclamations des victimes.

Du coté des études

Parce que les problèmes récurrents de l’industrie se retrouvent dès les formations en jeu vidéo, en y étant parfois explicitement enseignés, mais aussi parce qu’elles comportent leur lot de problèmes spécifiques, le STJV a beaucoup développé cette année ses activités concernant les étudiant·es, via un commission spécifique créée en 2019.

Des membres du syndicat ont donné des conférences dans un certain nombre d’écoles (ENJMIN, Rubika, Télécom SudParis, Université Paul Valéry …) et nous en prévoyons d’autres dans le futur, certaines d’entre elles étant devenues des interventions annuelles.

Ces présentations sur les bases du droit du travail et la réalité de l’industrie sont l’occasion de donner aux étudiant·es des clefs pour comprendre l’industrie dans laquelle iels souhaitent s’engager et ses problèmes, pour pouvoir identifier ce qui n’est pas normal en entreprise, en stage et à l’école, et pour pouvoir se défendre et faire valoir leurs droits une fois en poste.

C’est également une fierté que nos présentations soient plébiscitées par les étudiant·es, qui reconnaissent presque à chaque fois manquer cruellement d’une vision de l’industrie venant des travailleurs et travailleuses, capable d’en être très critique et contrastant fortement avec celle du management et du patronat, déjà présent dans beaucoup de formations.

Suite à des témoignages préoccupants, nous avions aussi lancé en début d’année un appel à témoignages autour des études et formations, à destination des étudiant·es et enseignant·es. Les réponses, toujours ouvertes, ont été nombreuses et nous avons malheureusement été pris de court entre leur quantité et l’arrivée de l’épidémie de Covid-19 qui a surchargé le syndicat de travail. Le travail sur ces témoignages n’est pas cependant pas abandonné et a pu reprendre dans les derniers mois, nous espérons pouvoir en donner des nouvelles prochainement.

Toujours déterminé·es !

Et voilà, on a fait le bilan (calmement) pour 2020 !

Merci à vous d’avoir lu ce post jusqu’au bout et merci à nos adhérent·es, aux personnes qui fournissent un travail colossal pour le syndicat, à nos soutiens extérieurs, et à toutes celles et ceux qui luttent à travers le monde pour plus de justice et de liberté.

On se revoit en 2021 encore plus fort·es et déterminé·es et, qui-sait, en vous comptant parmi nos camarades ?

Protégeons-nous nous-même : appel à la grève dans le jeu vidéo du 10 Novembre au 1er Décembre 2020

La deuxième vague de la pandémie de Covid-19 est bien là, et nous en sommes maintenant à un stade pire qu’au moment du confinement de Mars dernier. Malgré un manque de moyens important, les hôpitaux se préparent au pire et ont déjà commencé à réorganiser leurs départements pour faire face à l’afflux de personnes en réanimation et à l’augmentation du nombre de morts. La première vague a fait plus de 30 000 morts en France (en ne comptant que les morts directes) et, si on continue tel quel, la deuxième en fera bien plus.

Le gouvernement a mis en place un reconfinement qui n’en a en fait que le nom. Des exceptions de toute part, toujours pas de mesures contraignantes sur les entreprises, des protocoles sanitaires timides et facultatifs : le principe même de confinement est sacrifié au nom de l’économie et, avec lui, toutes les personnes qui mourront après avoir été contaminées au travail, dans les transports, via l’exposition de leurs enfants à l’école, etc.

En conséquence, certaines entreprises continuent de refuser le télétravail, y compris dans notre industrie pourtant tout à fait capable de surmonter ce défi. Pour quelle raison ? La sempiternelle peur de la perte de productivité, et en filigrane celle de la perte de contrôle sur les salarié·es, qui ont pourtant prouvé à la sueur de leur front pendant la première vague que les productions de jeux vidéo pouvaient continuer malgré la situation.

Les arguments économiques ne peuvent pas passer avant la sécurité des personne : on ne peut pas accepter que des personnes meurent et que d’autres souffrent de handicaps encore méconnus causés par le Covid-19, tout cela pour pouvoir respecter des dates de sortie de jeux vidéo, ou pour pouvoir rentrer dans des budgets déjà trop serrés. Les consoliers eux-mêmes ont pris en compte la gravité de la situation et ont autorisé le déplacement des kits de développement pour permettre le télétravail : il n’y a plus d’excuses possibles. Les jeux vidéos ne sont pas des marchandises essentielles, il est inconcevable de prendre des risques pour leur création.

Pour nous protéger, pour protéger nos proches, pour aider l’hôpital public et les centres de tests en diminuant autant que possible l’exposition de chacun, il faut que nous arrêtions de prendre les transports en commun, que nous arrêtions d’aller sur nos lieux de travail, et que nous ayons le temps de nous occuper de nos enfants qui continuent de s’exposer à l’école, un des plus importants lieux de contamination. Face aux manquements (conscients) du gouvernement pour contrer la deuxième vague de l’épidémie, nous devons toutes et tous prendre les choses en main nous-même.

Il y a plusieurs moyens d’atteindre ces buts : le télétravail avec fourniture de matériel et indemnisation des frais engendrés pour les travailleurs et travailleuses, le chômage partiel quand le télétravail n’est réellement pas possible et, en dernier recours, la grève.

La grève est le seul outil qu’il nous reste pour pouvoir rester chez nous légalement, sans démarche et dès le début de la période couverte par un appel à la grève, malgré les refus de nos employeurs. Elle est l’ultime recours des personnes confrontés au choix immonde de prendre le risque de s’exposer et d’exposer les autres à un virus mortel ou de perdre leur emploi.

C’est pourquoi le Syndicat des Travailleurs et Travailleuses du Jeu Vidéo publie cet appel à la grève, avec pour revendication la disponibilité du télétravail sans condition pour tous les travailleurs et toutes les travailleuses du jeu vidéo ou, le cas échéant, la mise en place immédiate d’un dispositif de chômage partiel permettant aux personnes de ne pas mettre le pied dans les locaux de l’entreprise. Cet appel est valable du 10 Novembre au 1er Décembre 2020 inclus.

Cet appel couvre le champ d’action du STJV dans le secteur privé, et concerne donc toute personne employée par une société d’édition, de distribution, de service et/ou de création de jeu vidéo ou matériel pour le jeu vidéo quel que soit son poste ou son statut et quel que soit le type de production de sa société (jeux consoles, PC, mobile, serious games, expériences VR/AR, moteurs de jeu, services marketing, consoles de jeu, streaming, etc.), ainsi que tout·es les enseignant·es travaillant dans des écoles privées dans des cursus en lien avec la production vidéoludique. Pour toutes ces personnes, et puisqu’il s’agit d’un appel national à la grève, aucune démarche n’est nécessaire pour se mettre en grève : il suffit de ne pas venir travailler les jours où vous souhaitez faire grève.

En cas de doute, de questions, etc. contactez-nous à ou par message sur Twitter, nous sommes disponibles pour vous aider, vous soutenir et répondre à vos questions, que vous soyez syndiqué·es ou non.

Cet appel est disponible en fichier .pdf ici :

Importants licenciements chez Blizzard France

Alors que le groupe Activision-Blizzard a enregistré un chiffre d’affaires de 3,6 milliards de dollars sur les six premiers mois de 2020, dont 913 millions en provenance directe des jeux Blizzard, celui-ci a annoncé un nouveau plan de licenciements ayant pour but de fermer ses bureaux de Versailles et liquider son activité en France, sans aucun motif économique.

Ce plan de licenciement intervient alors même qu’Activision-Blizzard avait nié à plusieurs reprises, suite à des licenciements en 2019, vouloir fermer sa branche française. Nombre de salarié·es risquent de se retrouver sans emploi dans un contexte économique, social et sanitaire particulièrement précaire, et cela même alors qu’ils et elles ont continué à travailler d’arrache-pied pendant le confinement et par la suite.

Comme l’indiquent les syndicats CGT, SPECIS-UNSA et CFE-CGC représentatifs sur place, sous l’allégation de préservation de compétitivité se cache en réalité une volonté d’optimisation fiscale, qui ne tient aucun compte des considérables enjeux humains.

Solidaires Informatique et le STJV affirment leur opposition catégorique à tout licenciement, quel que soit le motif invoqué.

Nous apportons tout notre soutien aux travailleuses et travailleurs de Blizzard France et aux actions qu’iels décideront de mener contre ces licenciements abusifs.

L’appel à la grève publié par les syndicats de Blizzard France le 13 Octobre est disponible ici :

Appel à la grève dans le jeu vidéo pour le 17 septembre 2020

L’épidémie de Covid-19 qui nous touche depuis février, et les mesures nécessaires pour la contenir comme le confinement, ont imposé une période d’accalmie dans les luttes sociales. Mais le gouvernement ne s’est pas calmé dans sa volonté de détruire les protections sociales qui nous protègent toutes et tous.

Au contraire, l’épidémie sert d’excuse à attaquer le Code du Travail, ouvrant la porte à l’aggravation des conditions de travail de toute la population et précarisant encore plus les travailleureuses. Notre industrie étant prompte à faire usage de contrats précaires, les travailleureuses du jeu vidéo risquent d’être touché de plein fouet.

De plus, aucune mesure n’a été engagée par l’état pour restreindre les parts allouées aux actionnaires dans les entreprises, pour sécuriser la trésorerie des entreprises et les forcer à investir directement dans l’économie. Malgré la crise sanitaire et économique, les versements de dividendes n’ont pas montré signe de ralentissement. Cela risque fortement de se traduire par des licenciements de masse dans de nombreux secteurs.

Il ne faut pas se faire d’illusions : le jeu vidéo, dont les ventes ont connu un rebond au début du confinement, n’est pas à l’abri. Les cycles de production et de financement de notre industrie peuvent temporiser les retombées de la crise mais, à terme, ne les éviteront pas.

À tout cela s’ajoutent des aides d’état, via des subventions et un « plan de relance » récemment dévoilé, qui vont massivement venir financer des entreprises en ignorant les travailleureuses sans emploi et/ou sans contrats.

Pour ne pas faire face à la crise seul·es, nous devons nous serrer les coudes et nous mobiliser, entre travailleureuses de notre industrie mais aussi avec celleux de tous les autres secteurs.

Le STJV rejoint donc les organisations syndicales appelant à la grève le 17 septembre, et appelle les travailleureuses, chômeureuses, étudiant·es du jeu vidéo à se mobiliser dans leurs entreprises, dans les assemblées générales et les manifestations qui auront lieu partout en France, pour demander :

  • Une augmentation des salaires et des minima sociaux
  • Un renforcement des moyens pour la fonction publique et dans les entreprises publiques, en particulier les hôpitaux et les services sociaux
  • L’extension et le renforcement de la sécurité sociale et du système de retraites
  • L’arrêt des privatisations
  • La réduction du temps de travail
  • La sécurité pour toutes et tous au travail
  • La fin de l’utilisation des contrats précaires et la régularisation des travailleureuses précaires et sans papiers

Nous rappelons que cet appel couvre le champ d’action du STJV dans le secteur privé, et concerne donc toute personne employée par une société d’édition, de distribution, de service et/ou de création de jeu vidéo ou matériel pour le jeu vidéo quel que soit son poste ou son statut et quel que soit le type de production de sa société (jeux consoles, PC, mobile, serious games, expériences VR/AR, moteurs de jeu, services marketing, consoles de jeu, streaming, etc.), ainsi que tout·es les enseignant·es travaillant dans des écoles privées dans des cursus en lien avec la production vidéoludique. Pour toutes ces personnes, et puisqu’il s’agit d’un appel national à la grève, aucune démarche n’est nécessaire pour se mettre en grève : il suffit de ne pas venir travailler les jours où vous souhaitez faire grève.

Déconfinement : restons vigilant·es

Avec la fin de la période de vacances estivales, la rentrée scolaire tendue et les dernières annonces du gouvernement, nous souhaitons rappeler des principes de sécurité que les entreprises du secteur devraient appliquer, et réaffirmer notre soutien aux travailleureuses du jeu vidéo face à l’épidémie. Si vous rencontrez des difficultés ou avez le sentiment que votre entreprise ne prend pas la situation au sérieux et/ou vous met en danger, n’hésitez pas à nous contacter.

Plutôt que faire de la redite, nous constatons d’abord que, dans l’ensemble, les remarques que nous avions faites au moment du déconfinement s’appliquent toujours : le retour au bureau augmente très significativement l’exposition aux risques de contamination et ne doit donc pas être décidé unilatéralement, sur un coup de tête ou sans bonne raison.

Nous avons pleinement conscience du fait que le télétravail n’est pas forcément une bonne solution pour tout le monde. Si les tâches à accomplir ou les circonstances personnelles l’exigent, et que les mesures de sécurité nécessaires sont mises en place pour protéger la santé de toutes et tous, travailler sur place peut tout-à-fait être envisagé.

Rappelons au passage que, depuis le 1er septembre, le port du masque est obligatoire au travail et que les masques sont à la charge de l’entreprise, comme tout équipement de protection individuelle. En plus de cela, les gestes barrières doivent être respectés : lavage des mains, nettoyage des surfaces de travail et aération des locaux, notamment.

Ainsi, le STJV reste attaché aux garanties suivantes pour l’organisation du travail de cette rentrée :

  • Les entreprises doivent toujours donner le choix aux salarié·es entre télétravail et présence au bureau. La présence au bureau ne doit s’imposer que si elle correspond à une volonté commune, ou à un besoin réel et avéré.
  • Conformément à la loi (article 4323-95 du Code du travail), les employé·es qui reviennent au bureau doivent se voir fournir gratuitement par l’entreprise au moins 2 masques par jour de présence, un masque grand public ne devant pas être porté plus de 4 heures. Ces masques doivent être aux normes (document recensant les types de masques et normes associées), et à minima respecter les spécifications AFNOR (AFNOR Spec S76-001) et/ou le cahier des charges de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des Produits de Santé (ANSM) pour les masques en tissu. Dans le cas où l’entreprise fournit des masques en tissu, leur nettoyage est à la charge de l’entreprise. Plus d’informations disponibles sur cette page du ministère de l’économie.
  • Les entreprises doivent porter une attention particulière au nettoyage des locaux, notamment les salles de réunion et cafétérias, mais aussi les bureaux eux-mêmes. Si les bureaux ne sont pas suffisamment nettoyé, les travailleureuses ont alors un motif raisonnable de penser qu’il y a un danger grave et imminent pour leur vie ou leur santé et peuvent donc alerter leur employeur. Dans un tel cas, si aucune solution n’est apporté alors les travailleureuses peuvent exercer leur droit de retrait.
  • Les locaux doivent être adaptés à la situation par des marquages au sol, la fourniture de gel hydroalcooliques aux endroits stratégiques (les entrées et sorties, à côté des machines à café, etc.), l’adaptation du travail pour éviter les réunions, et toute autre mesure qui permet de limiter les déplacements des personnes et leur contact prolongé.
  • Si possible les horaires doivent être assouplis, pour permettre par exemple d’éviter les heures de pointes dans les transports en commun.

Tout comme nous le soulignions en juin, il s’agit d’une question de santé publique, pas juste d’une prise de risque individuelle. En faisant revenir des personnes au bureau, on augmente le risque d’infection pour les travailleureuses et toute personne qui croise leur chemin ou qui partage leur vie.

Le STJV renouvelle donc son appel à la prudence, et offre toujours son assistance à celles et ceux qui auraient besoin de conseils ou d’écoute.