La lutte pour défendre les retraites dans le jeu vidéo – bilan intermédiaire

Dans le contexte actuel, nous ne reconduisons pas l’appel à la grève dans le jeu vidéo qui était en place depuis le 20 mars, mais nous suivons toujours le mouvement et restons près à nous mobiliser, en particulier pour les prochaines dates importantes.

Le STJV et les travailleur·ses du jeu vidéo sont pleinement engagé·es dans la lutte contre la réforme des retraites depuis janvier. Cette lutte qui dure a vu le mouvement s’élargir à de nombreux autres sujets : destruction de l’assurance chômage, politiques migratoires racistes, écologie, répression policière, antifascisme, et tant d’autres encore. Elle est également une période de changements et d’expérimentation, du moins dans l’industrie du jeu vidéo.

Nous profitons de la période pour prendre un peu de recul sur l’expérience acquise et les leçons que nous avons pu tirer du mouvement jusqu’ici, et établir des perspectives pour la suite. En espérant que cela aidera aussi nos camarades en dehors du jeu vidéo.

Un mouvement très suivi

Le premier constat à faire est que, très rapidement, ce mouvement a fait l’objet d’une mobilisation phénoménale au niveau national. Depuis le début, le secteur du jeu vidéo répond présent avec une mobilisation qui n’a jamais été aussi forte, en particulier lors des journées de mobilisation nationale.

Nous avons observé des records de taux de grévistes dans la plupart des entreprises, ce qui démontre le potentiel de mobilisation des travailleur·ses dans notre industrie. La participation aux cortèges de manifestation du STJV a également battu, à plusieurs reprises et de manière écrasante, les records d’affluence de 2019.

Cette mobilisation s’étend également bien au-delà des centres principaux de l’industrie. Si les mobilisations ont été constantes dans les villes avec beaucoup d’entreprises du jeu vidéo, elles ont aussi été régulières dans les villes dites moyennes et petites où les travailleur·ses du jeu vidéo sont présent.

En dehors des journées nationales, nous mesurons une participation de moindre ampleur, mais qui a tenu de nombreux mois, aux actions locales de blocage et soutien aux autres luttes et industries. La pratique de la grève dans notre industrie a pu ainsi s’étendre en dehors des mobilisations nationales.

Qui confirme la syndicalisation de l’industrie et son importance

Depuis le début du mouvement, de nombreux syndicats rapportent une augmentation significative des nouvelles adhésions, et le STJV est concerné aussi : nos adhésions ont drastiquement augmenté et cette tendance se maintient plus longtemps qu’attendu. C’est le signe pour nous que la lutte via la syndicalisation de l’industrie est une méthode sérieusement envisagée par de plus en plus de travailleur·ses.

En plus des adhésions, on voit de nombreux·ses travailleur·ses passer à l’action. Pour beaucoup d’entre elleux, ce mouvement est l’occasion d’apprendre, de se politiser, d’obtenir des réponses à leurs questions et, pour beaucoup, de participer aux manifestations et de faire grève pour la première fois de leur vie. De nouvelles sections syndicales STJV, telles que celles à Sloclap, Kylotonn et Virtuos, ont vu le jour pendant ce mouvement, et de nombreuses autres sont en cours de création.

La participation aux actions locales nous a également donné l’occasion de rencontrer des travailleur·ses d’autres industries et organisations syndicales et donc de développer nos liens interprofessionnels. Nos camarades ont pu tisser des liens forts avec d’autres travailleur·ses, échanger des récits, méthodes et expériences, faisant vivre la solidarité de classe.

Qui ouvre la lutte à de nouvelles pratiques

Le soutien apporté aux camarades d’autres industries a donc montré son utilité tout du long et a été salué, en interne et à l’extérieur. L’expérimentation de nouvelles formes de soutien, comme le « tour de grève » réalisé par des travailleur·ses du jeu vidéo en soutien aux piquets de grève des éboueur·ses et incinérateurs autour de Paris, a été fortement positive.

Appuyer et soutenir localement les grèves d’autres industries pour construire ensemble une grève durable et globale semble être une solide stratégie de lutte. Le STJV va considérer à l’avenir comment solidifier et intensifier ce soutien aux secteurs en lutte en dehors du jeu vidéo.

Pour se donner les moyens d’une lutte à long terme, nous avons mis en place pour la première fois une caisse de grève interne de grande ampleur. Elle a déjà permis d’indemniser des centaines de jours de grève, pour de très nombreux·ses travailleur·ses, facilitant ainsi la mobilisation des métiers les plus précaires de notre industrie. Maintenant que le processus est en place et a été largement expérimenté, son fonctionnement sera pérennisé en interne pour qu’elle continue de remplir ce rôle à travers toutes les mobilisations.

Et qui dessine l’avenir de notre lutte syndicale

Malgré tout cela il faut faire le constat que le gouvernement n’a pour l’heure pas cédé sur la réforme des retraites. Nous condamnons leur position et leur manque de considération d’autres options politiques que le rallongement de la durée du travail et le contournement systématique de tous les processus démocratiques.

S’il est pour le moment difficile de parler de victoire sur ces points, c’est au contraire très pertinent pour de nombreux autres : syndicalisation accrue, valorisation de la lutte syndicale, gain d’expérience fort au sein du syndicat et de l’industrie, nouveaux liens durables avec de nombreuses autres organisations syndicales et travailleur·ses…

En tant que syndicat de lutte, le STJV sait que la lutte des classes n’est pas l’affaire de quelques mois et que rien n’est figé. Même si nous sommes dans une phase où les offensives de la classe au pouvoir contre les acquis sociaux du prolétariat sont sans relâche, chaque nouvelle brique d’organisation permet de construire les victoires futures.

Les perspectives d’avenir et le travail à accomplir sont clairs :

  • Dans notre industrie, construire un syndicat de masse en augmentant le taux de syndicalisation et le niveau de compétence de nos adhérent·es, construire un rapport de force en notre faveur via notamment les sections syndicales et appliquer nos nouvelles expériences de luttes pour obtenir des gains aux niveaux locaux.
  • Au niveau national, multiplier les liens avec d’autres organisations syndicales et travailleur·ses d’autres secteurs pour améliorer la coordination interprofessionnelle et s’ouvrir à de nouvelles possibilités d’action pour intensifier et pérenniser les mobilisations futures.

La lutte est loin d’être finie, nous restons à l’écoute du mouvement social et sommes près à relancer la grève au niveau national pour venir au besoin soutenir les mobilisations. En attendant, nous continuons le travail syndical quotidien et local avec l’espoir de mieux construire la suite, vers la victoire pour toujours.

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