Législatives 2024 : faire gagner le Nouveau Front Populaire pour enfin faire progresser nos droits

Devant l’urgence électorale face à la possibilité réelle que l’extrême-droite prenne le pouvoir en France, et avec le recul dont nous disposons aujourd’hui, le STJV prend position claire. Pour défendre les droits des travailleuses et des travailleurs, et pour défendre les droits fondamentaux (la liberté syndicale n’étant qu’un de ces droits !) que le RN et ses ersatz piétineraient sans vergogne, nous appelons à voter pour le Nouveau Front Populaire et, plus largement, pour les forces de gauche.

Il s’agit de repousser l’extrême-droite évidemment mais aussi les forces ultra-libérales coalisées autour de la personne d’Emmanuel Macron qui sont, au mieux, les idiots utiles du fascisme, et le plus souvent ses alliés objectifs.

Programmes et bilans

Du côté d’Emmanuel Macron, le bilan est on ne peut plus clair. Sous couvert de « centrisme », c’est une politique de destruction sociale qui a été menée tout au long des sept dernières années. En détruisant systématiquement les protections sociales (retraite, chômage) et en continuant une longue lignée de lois racistes (loi immigration), ce groupe politique n’a pas seulement construit les conditions d’accession au pouvoir pour le RN, il réalise une partie de leurs fantasmes au détriment de notre classe sociale.

Pour le RN, le constat est simple : malgré leur volonté de se prétendre une fibre sociale, c’est un bloc qui a voté contre l’augmentation du Smic, contre l’indexation des salaires sur l’inflation et contre la revalorisation des petites retraites. Au-delà du seul monde du travail, une partie du RN s’est aussi opposé à la constitutionnalisation de l’avortement, prouvant bien que leur soutien aux femmes n’est qu’une façade.

Qu’en serait-il alors de leur programme ? C’est simple, le RN est déjà revenu sur sa promesse de défaire la réforme des retraites, et leur prétention à augmenter les salaires ne serait appuyée que sur une suppression de cotisations sociales. Or, rappelons-le, nous bénéficions en France d’un système protecteur et bénéfique à toutes et à tous grâce à ces cotisations. Vouloir revenir dessus est un vieux gri-gri patronal (patrons qui, du reste, n’ont pas de scrupules à imaginer et se préparer à un éventuel gouvernement du RN) qui reviendrait à pousser à du chacun pour soi, à une société où le privilège individuel triomphe et où les moins bien lotis sont condamnés à survivre au mieux.

Mais plus grave et plus profondément, nous parlons d’un parti qui adoube des candidats souhaitant ouvertement faire sauter les contrôles démocratiques. Le RN n’est pas « juste » un parti anti-social, c’est un parti fondamentalement anti-démocratique qui souhaite jouer le jeu de l’élection pour prendre le pouvoir, mais ne donne aucune garantie de le respecter par la suite. Sa recherche constante d’ennemis intérieurs nourrit son racisme, et est typique de l’idéologie fasciste qui a présidé à sa création par d’anciens SS. Ne négligeons pas le risque tout-à-fait réel qu’une prise de pouvoir par le RN puisse être synonyme de répression intense envers les contre-pouvoirs nécessaires à la vie démocratique, comme c’est le cas (🇫🇷) aujourd’hui en Italie (🇬🇧) avec le parti-frère du RN (jusqu’à la similarité dans leurs logos) Fratelli d’Italia.

Pour une version plus détaillée, voir cette liste de la CGT et la brochure associée.

Que faire ?

La perspective d’une arrivée au pouvoir du RN est très certainement, on l’a vu, synonyme de menaces sur votre liberté d’être au sein de la société. Pour commencer, vous pouvez voter vous-même, faire une procuration pour quelqu’un de confiance si vous ne pourrez pas voter le 30 juin ou le 7 juillet, et éventuellement accepter une procuration si vous le pouvez. À ce sujet, nous avons publié un guide récemment.

Mais voter n’est qu’un point d’étape : l’élection n’est pas un rituel sacré ou un engagement total, et n’est certainement pas le seul moyen de faire front. Le fascisme grandit pendant et se nourrit des crises sociales, qui elles-mêmes naissent de l’affaiblissement du mouvement social. Pendant des décennies, cela a été la stratégie des dirigeants français, trop occupés à préserver leurs intérêts pour s’occuper de ceux des habitants du pays. C’est pourquoi, en parallèle de l’élection (qui reste un moment stratégique : historiquement, le fascisme s’installe par les urnes, même s’il rend ensuite caduc tout fonctionnement démocratique), il nous faut renforcer les forces d’autodéfense populaire, que ce soient via les associations d’entraide, via nos engagements locaux, ou dans les syndicats. La défense de notre classe sociale n’est pas l’affaire de quelques têtes pensantes, mais bien de nous toutes et tous.

Et ensuite ?

Quoi qu’il en soit, cette lutte ne sera pas une fin en soi. De même qu’en 2022 après l’élection présidentielle, quel que soit le résultat de ces élections législatives, nous devrons continuer à défendre nos intérêts, que ce soit contre des ennemis de classe (ultra libéraux ou fascistes), ou envers des alliés politiques qui, quelle que soit leur bonne volonté, n’auront jamais un blanc-seing de notre part. D’un autre côté, maintenons notre vigilance. L’extrême-droite se nourrit de l’économie médiatique du bruit qui noie leurs positions anti-sociales et haineuses, alors que l’information est disponible.

Ainsi, faisons de ce moment inquiétant et dangereux un point de départ nouveau pour nos engagements, pour enterrer une bonne fois pour toutes le spectre du fascisme !

Urgence électorale contre l’extrême-droite

Défendons nos droits et libertés

Les gouvernements successifs ont détruit les services publics, attaqué la justice et les libertés individuelles, et cassé le droit du travail. En légitimant les idées d’extrême-droite et en érigeant le fascisme comme alternative envisageable, ils ont construit la situation actuelle.

Dimanche dernier, l’extrême-droite est arrivée largement en tête aux élections européennes. Dans la foulée, le président a décidé de verser de l’huile sur le feu en dissolvant l’Assemblée Nationale.

Des élections législatives auront lieu dans moins de 3 semaines : le 1er tour aura lieu le 30 juin, et le second le 7 juillet. Elles pourraient amener l’extrême-droite au pouvoir en France.

L’extrême-droite au pouvoir, c’est se retrouver entre le marteau et l’enclume. Partout où elle est au pouvoir, aussi bien à l’étranger que dans nos mairies, elle applique le même programme :

  • austérité mortelle, destruction des services publics ;
  • remise en cause des libertés d’expression, de la presse, d’association, syndicales ;
  • réduction de l’accès à la culture, à l’information, à la justice ;
  • attaques contre les droits des femmes, des personnes LGBT, des étranger‧es…

Partout les actions et votes de l’extrême-droite prouvent qu’elle est l’ennemie des travailleur‧ses. En France, elle a notamment voté contre : l’augmentation des salaires, les aides au logement, l’augmentation des budgets hospitaliers, toutes les mesures écologiques. Elle ne s’oppose pas non plus au recul de l’âge de départ à la retraite…

Nous appelons les travailleur‧ses à se mobiliser contre l’extrême-droite et à participer aux manifestations et rassemblements qui auront lieu le weekend du 15 juin.

Nous encourageons les travailleur‧ses à voter aux prochaines élections pour empêcher l’extrême-droite d’accéder au pouvoir, à s’impliquer dans la campagne électorale, qui s’annonce intense, et bien sûr à s’impliquer dans la lutte syndicale et antifasciste qui seule permettra la victoire des travailleur‧ses à long terme.

Des questions sur le processus électoral, sur les procurations, les inscriptions aux listes électorales, etc. ? Nous vous encourageons à vous rapprocher des militant‧es du syndicat proches de vous ou à nous contacter.

Faisons perdre l’extrême-droite aujourd’hui par l’union dans les urnes. Faisons-la perdre demain par la lutte pour des politiques sociales. Faisons la disparaître définitivement par la solidarité et l’internationalisme.

Stop aux massacres en Palestine – mobilisation le 8 juin

Depuis Octobre, les violences perpétrées par l’armée et l’extrême-droite israélienne sur les palestiniens n’ont fait qu’augmenter, atteignant une ampleur génocidaire par l’imposition à la population d’un siège inhumain où la famine touche tout le monde et où les bombardements et assassinats par drones de l’armée israélienne sont constants.

Au nord de la bande de Gaza coupée en deux depuis plusieurs mois, le peu de nouvelles qui arrivent à sortir sont toutes plus catastrophiques les unes que les autres, cette partie du monde étant effectivement coupée de tout approvisionnement en eau, nourriture et soins.

Au sud, Israël a forcé les gazaouis à se déplacer à Rafah et le long de la frontière égyptienne, puis près de la mer dans une zone toujours plus petite où la densité de population déplacée ne fait qu’augmenter. L’armée israélienne est actuellement en train d’attaquer et de bombarder cette zone pleine de civils, franchissant des records d’horreur toujours plus ignobles.

En Cisjordanie les colons et l’armée israélienne en profitent, dans la continuité de la politique coloniale israélienne, pour multiplier les assassinats, violences, destructions, accaparements et humiliations sur la population palestinienne.

Israël, forte du soutien ou de l’indifférence complice de la majorité des pays occidentaux, dont la France, se permet d’ignorer les condamnations et mandats d’arrêt des instances juridiques internationales, et mène activement campagne pour affaiblir le droit international.

Les mobilisations pour un cessez-le-feu, la fin du génocide en Palestine et la libération de tou‧tes les otages ont continué non-stop depuis Octobre, malgré la répression du gouvernement français. Elles ont repris de plus belle ces derniers jours.

Dans ce contexte, nous communiquions en octobre sur les liens entre le jeu vidéo et les politiques de violence à travers le monde. Aujourd’hui, le STJV rejoint l’appel unitaire initié par la CGT, et appelle les travailleur‧ses du jeu vidéo et l’ensemble de la population à se rassembler et à manifester massivement le samedi 8 juin prochain.

Nous exigeons :

  • la cessation des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité tels que nommés par la Cour pénale internationale ;
  • le respect du droit international humanitaire ;
  • le cessez-le-feu immédiat et la levée du blocus de Gaza ;
  • l’arrêt des bombardements et des déplacements forcés de la population ;
  • la protection du peuple palestinien à Gaza et en Cisjordanie ;
  • la libération des otages israéliens aux mains du Hamas ;
  • la libération des prisonniers palestiniens détenus par milliers sans jugement en Israël ;
  • l’arrêt du commerce avec les colonies implantées en Palestine occupée ;
  • des sanctions, dont la suspension de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël ;
  • l’arrêt immédiat de toute coopération militaire avec Israël et de toute livraison d’armes ;
  • une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens.
Flag Of Palestine

Pressions inacceptables sur les négociations à Spiders

Alors que des négociations ont lieu au sein du studio Spiders sur le télétravail et les augmentations annuelles 2024, la directrice opérationnelle de l’entreprise et présidente du SNJV Anne Devouassoux se permet d’exiger du STJV qu’il change de délégué syndical dans l’entreprise.

Les négociations sont en cours à Spiders depuis plusieurs mois et sont notamment ralenties par l’attitude de la direction. Le climat autour de ces dernières est très tendu. Notre délégué syndical ayant été malgré lui en arrêt maladie pendant 4 semaines, les négociations ont nécessairement été mises en pause durant ce délai mais il suffisait d’attendre son retour pour les reprendre.

Anne Devouassoux, qui souhaite revenir sur la liberté de télétravail acquise au sein du studio et propose aux travailleur·ses des augmentations « entre 0 et 3% », a adressé un courrier lunaire à notre syndicat et à notre délégué syndical. Dans celui-ci, elle tente de faire pression sur nos représentant·es pour mettre un terme à des négociations qui n’ont pourtant pas de date butoir. Ces agissements constituent de la discrimination syndicale à l’encontre de notre délégué.

Avant de tenter d’intimider un syndicat professionnel de salarié·es, démocratique et indépendant, celle-ci aurait pu s’adresser à la délégation de négociation dûment mandatée dans son entreprise par le STJV.

Anne Devouassoux prétend représenter les salarié·es et agir pour leur bien tout en menaçant dans un email de relance de mettre fin de manière unilatérale aux négociations, ce qui entraînerait l’imposition de règles massivement rejetées pas les travailleur·ses de Spiders, quoi que la direction bonimente en interne. Si les travailleur‧ses souhaitent que les négociations aboutissent, iels ne veulent pas que cela se fasse à n’importe quel prix.

En tant qu’employeuse, et présidente d’un syndicat patronal de surcroît, Anne Devouassoux ne saurait prétendre représenter et défendre les intérêts des travailleur·ses, d’autant plus qu’elle a explicitement refusé de consulter les salarié‧es de Spiders sur les négociations en cours. Celleux-ci sont représenté‧es par les élu‧es du personnel et les organisations syndicales représentatives dans l’entreprise.

Nous lui demandons de mettre fin à ces manœuvres grossières et de respecter la représentation des salarié‧es, notre liberté syndicale et les principes d’une négociation loyale. Les injonctions et allusions faites dans ses courriers ne sont pas tolérables. Nous rappelons que la discrimination syndicale est un délit encadré par le code du travail et le code pénal.

Pour assurer le bon déroulement des négociations et leur conclusion, nous conseillons à la direction de Spiders de fournir à la délégation les informations nécessaires, d’écouter les salarié·es et d’accéder aux demandes de la section syndicale STJV.

Ces conseils sont applicables dans toutes les entreprises.
Nous ne céderons jamais face aux intimidations, et apportons notre aide à tous·tes les travailleur·ses qui en sont victimes.

Appel aux dons pour la caisse de grève du STJV – 2024

État des lieux

Depuis plusieurs mois nous déplorons un manque de sérieux particulier de la part du patronat du jeu vidéo. Ce dernier considère que le dialogue social consiste à imposer ses conditions de façon unilatérale, et à ignorer les revendications ou les droits des travailleurs et travailleuses. Il va sans dire que ce genre de position a également des conséquences sur la qualité des jeux.

Dans de très nombreux studios français, les personnes élues et représentantes syndicales ont manifesté leurs désaccords et signifié à leurs employeurs que cette situation est parfaitement inacceptable.

En outre, et malgré des mobilisations spectaculaires ayant eu lieu dans de nombreux studios partout en France, sans forcément qu’elles aient été rendues publiques, nous ne constatons aucune réaction de nos employeurs à la hauteur des enjeux.

Puisqu’il est hors de question d’arrêter de lutter pour les droits des travailleur‧ses de l’industrie, et en prévision d’un durcissement des conflits, nous pensons qu’il est nécessaire de mettre tout en œuvre pour renforcer nos moyens d’action. Et parmi ces actions nous pensons qu’il est nécessaire de réarmer économiquement le mouvement social dans notre secteur.

La caisse de grève du STJV est alimentée par une partie des cotisations des adhérent‧es, mais reste majoritairement tributaire de dons. C’est la raison pour laquelle nous venons aujourd’hui lancer un appel aux dons pour la caisse de grève du STJV.

Cet appel est lancé à destination de celles et ceux qui en ont les moyens, et qui souhaitent soutenir les luttes sociales dans notre industrie.

Ça servira à quoi ?

Ces dons seront consacrés à la caisse de grève, et exclusivement réservés dans ce but. Ils serviront à assurer un revenu à des travailleurs et travailleuses grévistes, en alimentant directement les caisses de grèves locales gérées par les travailleur‧ses.

Traditionnellement, les grévistes se réunissent pour décider collectivement et démocratiquement de la répartition des fonds disponibles, en prenant en compte les informations à leur disposition, les besoin de chacun‧e et les suites du mouvement.

Pourquoi faire un don pour notre caisse de grève ?

Si vous travaillez dans l’industrie du jeu vidéo

Dans ce cas vous comprenez sans doute déjà pour quelles raisons il est nécessaire de nous préparer. Nous vous invitons à donner si par exemple vous n’êtes pas en mesure de faire grève, parce que vos conditions de travail ne vous le permettent pas, mais que vous disposez de moyens économiques suffisants, ou si vous travaillez au contact de personnes exerçant leur métier dans la production de jeux sans que ce soit directement votre cas et que vous souhaitez leur donner de la force.

Si vous ne travaillez pas dans le secteur, mais que vous jouez à des jeux

Dans ce cas votre intérêt est également que de bonnes conditions de production soient assurées dans les studios. Des entreprises dans lesquelles la parole des travailleurs et des travailleuses n’est plus prise en compte sont également des entreprises dans lesquelles le résultat final du travail effectué a de fortes chances d’être médiocre.

La production de jeu vidéo est un travail collectif, qui exige une organisation intelligente, autant pour ne pas faire cramer sur place les gens qui y travaillent, que pour s’assurer d’arriver à un résultat correct en fin de production. Si le sujet vous intéresse, nous vous renvoyons à une vidéo de la chaîne Bolchegeek à ce sujet.

Que nous déplorions les conditions de travail dysfonctionnelles ou l’état médiocre dans lequel les jeux sortent, nous parlons du même sujet : les décisions absurdes qui contre toute logique sont prises en ignorant les avertissements de celles et ceux qui travaillent. Notre réponse à ces problèmes ne peut être que collective.

Comment donner ?

Pour participer à la caisse de grève du STJV, il vous suffit de faire un virement sur le compte du STJV dédié aux caisses de grève, dont voici les coordonnés :
IBAN : FR76 1027 8060 3100 0207 2930 259
BIC : CMCIFR2A

Pour simplifier les comptes et l’identification des dons à la caisse de grève, pensez s’il vous plaît à mentionner « caisse de grève » dans le libellé de votre virement.

Ankama condamnée pour avoir initié une action en justice avec intention de nuire à toute personne entendant opposer une critique ou ouvrir un débat sur les pratiques managériales de la société

Comme relayé par La Voix Du Nord, le 30 juin 2023 le Tribunal judiciaire de LILLE a condamné la société ANKAMA à verser à un ex-salarié la somme de 2000 euros au titre de dommages et intérêts pour procédure abusive. Cette procédure avait un but dissuasif suite à un témoignage dans une affaire prud’hommale. Nous nous réjouissons de cette reconnaissance de procédure abusive, une première (à notre connaissance) dans notre industrie.

À l’occasion d’une instance prud’homale engagée contre la société ANKAMA, Monsieur A., ancien employé et ancien délégué du personnel, avait produit une attestation de témoignage au bénéfice d’un ancien collègue, Monsieur B.

20 jours avant l’audience de mise en état devant le Conseil des Prud’hommes de Roubaix, Monsieur A. a été assigné par la société Ankama devant le Tribunal judiciaire de Lille pour dénigrement et faux témoignage. La société Ankama a procédé de manière analogue en mettant en demeure une autre salariée attestante de retirer son témoignage, à défaut d’envisager à son encontre des poursuites pour dénigrement.

Le Tribunal judiciaire de Lille a jugé que cette manœuvre

« apparaît n’avoir été guidée que comme un moyen de pression exercé à l’encontre de l’ex-salarié demandeur, [Monsieur B.], mais également de tout autre de ses collègues qui pourrait souhaiter attester dans le cadre d’un litige prud’homal contre cette société. ».

De plus, le jugement précise que

« Cette action s’analyse donc en une volonté délibérée de porter atteinte à l’exercice des droits de la défense et il est donc établi qu’elle a été menée avec une intention de nuire à toute personne entendant opposer une critique ou ouvrir un débat sur les pratiques managériales de cette société. »

La société a fait appel, la décision n’est donc pas encore devenue définitive.

Si vous avez été victime de pressions ou d’abus de la part de votre employeur, ou ex-employeur, n’hésitez pas à nous contacter afin d’obtenir un soutien du syndicat.

Nous avons repris dans ce communiqué certaines parties du jugement, qui sont citées et en italique. Le jugement est disponible dans son intégralité ici :


Droit de réponse de la société Ankama

La société Ankama est particulièrement surprise du choix du Syndicat des Travailleurs et Travailleuses du Jeu Vidéo de commenter le 4 mars 2024 un jugement rendu près d’un an auparavant, le 30 juin 2023.

L’écho tardif donné à ce jugement est d’autant plus surprenant que la décision porte sur une attestation produite en justice par un ancien salarié (ayant bénéficié d’une rupture conventionnelle en janvier 2019), et qui faisait lui-même état de faits anciens (datant pour certains de plus de dix ans), dont il doit être précisé qu’ils n’avaient conduit à aucune mise en cause de la responsabilité l’entreprise.

La société Ankama n’a jamais tenté de faire obstacle à la production de cette attestation ou de toute autre d’ailleurs devant le conseil de prud’hommes, lequel n’a au surplus retenu aucune des allégations et critiques de l’attestation.

Et la société Ankama était pareillement en droit de contester le contenu de cette attestation, ce qu’elle a fait dans le cadre d’une procédure distincte engagée devant le tribunal judiciaire de Lille, au civil (et non pas au pénal comme elle aurait pu le faire si elle avait voulu engager une procédure dans un « but dissuasif », comme le prétend à tort l’article publié sur votre site). En outre, en 23 années d’existence, c’est la première fois que la société Ankama se voit obligée de contester en justice le contenu d’une attestation produite devant un conseil de prud’hommes.

En désaccord avec la décision du 30 juin 2023, la société Ankama a saisi la Cour d’appel de Douai à laquelle il appartient désormais de trancher ce différend et de dire si l’attestation en cause a été établie dans le respect de la réglementation applicable qui exige de ne faire état que de faits exacts que l’auteur doit avoir personnellement constatés, ce qui est en l’espèce contesté.

Grève féministe du 8 mars 2024 : mettre fin aux obstacles à la reconnaissance des violences sexistes et sexuelles dans le jeu vidéo

Le 8 mars est la journée internationale de lutte pour les droits des femmes et minorités de genre, qui célèbre les combats, historiques et actuels, des luttes féministes. Les femmes et personnes de genres marginalisés sont et ont toujours été présentes dans les luttes sociales : le 8 mars est lui-même l’anniversaire de la grève des ouvrières de Saint-Pétersbourg de 1917, qui a déclenché les révolutions russes.

L’année dernière, par la force des choses, le 8 mars s’est inscrit dans le mouvement plus global contre la réforme des retraites. L’autoritarisme du gouvernement et le passage en force de cette réforme ont été une défaite sévère pour les droits des femmes et personnes de genre marginalisé : les études du gouvernement lui-même montrent que les impacts négatifs de cette réforme sont doublés pour les femmes.

Cette année, le 8 mars aura lieu dans un contexte terrible. Dans notre industrie, nous nous inquiétons gravement des conséquences des vagues de licenciements massives qui ont lieu en ce moment sur les femmes. Les postes supprimés sont majoritairement des postes précaires, occupés de manière disproportionnée par des personnes de genre marginalisé, qui vont de plus devoir subir les discriminations à l’embauche lors de leurs recherches d’emploi.

Les femmes et personnes queer sont aussi instrumentalisées depuis des mois pour justifier la politique génocidaire israélienne contre les palestinien‧nes. Nos frères et sœurs palestinien‧nes se font massacrer sous les yeux du monde entier, et on cherche à nous faire croire que les crimes israéliens sont bénéfiques. Quels bénéfices tirent les femmes et personnes queers palestinien‧nes de la famine, des maladies, de l’éradication de leur peuple, de leur propre mort ?

L’existence de systèmes coloniaux génocidaires est incompatible avec la liberté des personnes de genre marginalisé. Il n’y aura pas de libération des femmes et des personnes queer sans libération de la Palestine. Ce 8 mars sera aussi l’occasion de les soutenir.

On peut aussi noter quelques améliorations, par exemple :

De manière générale on constate qu’en France, malgré les obstacles, la parole se libère de plus en plus. On pense évidemment au milieu du cinéma, mais c’est aussi le cas dans toute la société. Le sujet des violences sexistes et sexuelles (VSS) s’impose enfin comme un sujet social public, au bénéfice de toutes les personnes qui les subissent. Nous saluons et soutenons ces prises de paroles.

Entreprises et écoles : inclusives dans les mots, sexistes dans les faits

Depuis l’année dernière, la bienveillance de façade des écoles et entreprises du jeu vidéo se heurte de plein fouet aux représentations du personnel. Partout, il suffit de poser des questions pour désemparer les directions et confirmer ce qu’on savait déjà : derrière les mots, il n’y a rien. Pas de suivi des violences sexistes et sexuelles, pas de dispositifs d’alertes, pas de lutte contre les discriminations…

Avant même de travailler pour résoudre les problèmes de sexisme dans l’industrie, on est déjà obligé de lutter pour faire reconnaître que ces problèmes peuvent exister. Les directions d’entreprises sont incapables et/ou refusent catégoriquement de présenter des informations concrètes sur les VSS et discriminations en entreprises, et les mesures prises pour y remédier. Incapables d’admettre leur incompétence ou sexisme, elles se transforment en robots qui débitent en boucle leurs éléments de langage.

En refusant de répondre, mais aussi en reformulant toutes les propositions et demandes des travailleur‧ses et syndicats pour en supprimer le vocabulaire concret et utile au profit d’expression managériales complètement vides de sens, les patron‧nes luttent activement pour nier l’existence de problèmes. Iels le font consciemment, pour empêcher les travailleur‧ses d’objectiver les problème et de pouvoir agir dessus.

A nos demandes d’établir des processus clairs et sans ambiguïtés pour lutter contre les VSS et les discrimination au travail, on nous répond que « les portes des directions ou des RH sont toujours ouvertes ». En balayant d’un revers de main le rôle des directions elles-mêmes et en niant la capacité d’action des représentant·es du personnel, elles isolent les victimes et singularisent les cas de violence, pour mieux les relativiser et interdire une réflexion plus globale.

Ces pratiques de renvoi devant un système oppressif (la hiérarchie d’entreprise) qui a un intérêt clair à garder les violences invisibles, loin d’être innocentes ou irréfléchies, réduisent victimes et témoins au silence. La « porte ouverte » est au mieux une impasse naïve, au pire une violence discriminatoire elle-même.

Syndicats, travailleur‧ses et représentant‧es du personnel en lutte permanente

Les travailleur·ses disposent d’outils pour lutter contre les VSS et les discriminations : il est du rôle du CSE de surveiller la probité des directions, d’offrir une réponse de terrain et concrète via ses référent·es en matière de lutte contre le harcèlement, d’alerter et de ne pas perdre de vue les indicateurs de risque. Cette instance de représentation du personnel a le pouvoir de signaler les problèmes à l’inspection et à la médecine du travail, et de déclencher des enquêtes via son droit d’alerte.

Dans les entreprises où le STJV est représentatif après une victoire aux élections CSE, les sections syndicales abordent ces sujets au sein de négociations annuelles obligatoires en matière d’égalité professionnelle (et donc d’égalité de genre). C’est un moment prévu légalement pour discuter de lutte contre les discriminations, et de négocier voire d’imposer plus par la construction d’un rapport de force en faveur des travailleur‧ses.

Problème : ces négociations sont bloqués de manière systématique par les directions d’entreprise. Récemment, des camarades ont dénoncé les blocages des négociations et représentant‧es du personnel à Don’t Nod, et les travailleur‧ses d’Ubisoft ont fait grève en réaction à l’absence de réelles négociations salariales de la part de le direction du groupe. Ces éléments rendus publics s’accompagnent à travers toute l’industrie d’une multitude d’autres luttes, notamment des grèves, restées privées pour le moment. La grogne est générale.

En bloquant les négociations sur l’égalité de genre, en les décalant sous prétexte que c’est un sujet « moins urgent », en ignorant les représentant‧es du personnel, les patron‧nes refusent de laisser les travailleur‧ses s’exprimer ou d’écouter leurs demandes. Iels préfèrent « constater l’absence » de harcèlement, de violences ou de discriminations et prétendre que tout va bien.

L’ignorance volontaire n’est pas une politique de lutte contre les discriminations, mais une extrême violence supplémentaire. Ces blocages envoient comme message aux victimes de VSS que les violences et discriminations qu’iels subissent ne comptent pas et ne seront pas réglés sur leur lieu de travail.

Détruire les obstacles en place

Les demandes des travailleur‧ses de l’industrie du jeu vidéo sont simples, et il est presque hallucinant de devoir les faire en premier lieu :

  • les directions d’entreprises doivent réellement écouter les travailleur‧ses, et donc prendre au sérieux les remontées de leurs représentant‧es et respecter les négociations ;
  • il faut mettre en place des processus concrets de récolte de données et d’informations, pour pouvoir les fournir ensuite aux représentant‧es du personnel ;
  • ce deuxième point doit s’accompagner de la mise à disposition publique des statistiques et données non-personnelles, et en particulier de la mise en place de grilles de salaires ;
  • pour empêcher la réduction au silence des travailleur‧ses, il faut créer de réels processus de remontées, alertes et enquêtes internes qui incluent les instances de représentation du personnel.

En bref et pour être clair‧es : nous exigeons des directeur‧ices d’entreprise qu’iels arrêtent de se soucier des genres marginalisés uniquement pour s’en servir de marchepied pour l’image de leur entreprise, pour leur carrière personnelle ou pour maximiser les profits.

Comme nous l’affirmions l’année dernière dans un article de bilan sur notre industrie et notre rôle, la lutte contre les oppressions de genre passera par le syndicalisme. Cette affirmation est issue du constat que nos droits ne seront jamais acquis sans lutte.

En conséquence, le Syndicat des Travailleurs et Travailleuses du Jeu Vidéo appelle à la grève dans le jeu vidéo le vendredi 8 mars 2024. Nous appelons travailleur·ses, chômeur·ses, retraité·es et étudiant·es du jeu vidéo à se mobiliser dans les entreprises et à rejoindre les manifestations qui auront lieu partout en France ce jour-là.

Nous rappelons que cet appel couvre le champ d’action du STJV dans le secteur privé, et concerne donc toute personne employée par une société d’édition, distribution, services et/ou création pour le jeu vidéo quel que soit son poste ou son statut et quel que soit le domaine d’activité de sa société (jeux, consoles, mobile, serious games, VR/AR, moteurs de jeu, services marketing, streaming, produits dérivés, esport, création de contenu en ligne, etc.), ainsi que tout·es les enseignant·es travaillant dans des écoles privées dans des cursus en lien avec le jeu vidéo. Puisqu’il s’agit d’un appel national à la grève, aucune démarche n’est nécessaire pour se mettre en grève : il suffit de ne pas venir travailler.

Caisse de grève du STJV

Depuis le mouvement contre la réforme des retraites de 2023, le STJV possède sa propre caisse de grève interne.

À quoi ça sert ?

Les heures et jours de grève ne sont pas rémunérés. Cela limite le nombre de personnes qui peuvent se mobiliser sur les mouvements de grève et, pour celleux qui le peuvent, cela peut vite représenter un coût financier important.

Pour limiter ces problèmes et permettre aux travailleur‧ses de se mobiliser largement, on fait appel à la solidarité et au collectif en créant des caisses de grèves, des fonds qui sont reversés aux grévistes qui en ont le plus besoin.

Comment donner ?

La caisse de grève du STJV est constituée en partie d’argent issue d’un fond de grève interne, alimenté par une petite partie des cotisations des adhérent‧es, mais reste majoritairement tributaire de dons.

Pour participer à la caisse de grève du STJV, il vous suffit de faire un virement sur le compte du STJV dédié aux caisses de grève, dont voici les coordonnés :
IBAN : FR76 1027 8060 3100 0207 2930 259
BIC : CMCIFR2A

Pour simplifier les comptes et l’identification des dons à la caisse de grève, pensez s’il vous plaît à mentionner « caisse de grève » dans le libellé de votre virement.

Vous pouvez également donner via la Caisse de solidarité ici : https://caisse-solidarite.fr/c/stjv/

Comment ça marche ?

Régulièrement tout au long des mouvements de grève, le STJV recensera les grévistes en interne et dans les entreprises où le syndicat a des sections syndicales, afin d’évaluer les besoin d’indemnisation, et récupérer les informations nécessaires pour faire ces indemnisations.

Après chaque recensement, les grévistes déclaré‧es sont invité à décider collectivement et démocratiquement de la répartition des fonds disponibles, en prenant en compte les informations à leur disposition, les besoin de chacun‧e et les suites du mouvement.


DON’T NOD : Ascension ou chute libre ?

Le studio Don’t Nod est connu pour ses jeux narratifs abordant des sujets d’inclusion et de diversité. Son site officiel va même plus loin et affirme « qu’au cœur de tout ce que nous faisons, […] nous pren[ons] soin les uns des autres », et que ceci « constitue le thème central de nos valeurs ». Malheureusement, comme c’est souvent le cas dans l’industrie du jeu vidéo, ces valeurs si souvent mises en avant dans la communication des entreprises comme dans la presse, ne sont pas mises en pratique.

Le 31 mai 2022, Don’t Nod a profité de l’annonce de sa nouvelle identité visuelle pour teaser six potentielles nouvelles productions en cours de développement, dont 4 lignes de production internes et 2 externes. Un peu plus d’un an après, le 19 octobre 2023, Don’t Nod va plus loin et annonce lors de la présentation de son « H1 2023 », marquer « une activité en hausse de 10,3%, un bilan record (60M€ cash net de dettes), et un pipeline de 8 jeux en production ».

Nous sonnons l’alerte sur la situation des employé·es de Don’t Nod.

Le STJV s’inquiète que l’entreprise ne soit pas capable de gérer ces multiples productions parallèles :

  • les délais changent très fréquemment
  • les informations et les instructions données aux équipes sont contradictoires
  • les salarié·es sont déplacé·es d’une équipe à une autre sans avoir de vision à long terme sur les projets
  • une réorganisation éprouvante, qui a mis plus d’un an à se mettre en place, laisse des équipes entières sur le carreau.

Dans un studio où les productions s’enchaînent dans un chaos ambiant, le temps et la vision à long terme nécessaires à la qualité de vie viennent à disparaître, entraînant davantage de stress parmi les employé·es et provoquant des situations de boreout/burnout, nous plaçant tous·tes dans l’attente de décisions prises par la direction.
Le STJV s’inquiète des risques psycho-sociaux qui guettent les travailleur·euses du studio, à la vue du nombre conséquent de situations de mal-être et d’arrêts de travail qui nous sont remontés.

Des sorties tumultueuses

Le 31 octobre dernier est sorti le jeu Jusant.
Succès critique, il n’a visiblement pas satisfait les attentes commerciales de la direction de l’entreprise puisqu’elle a purement et simplement supprimé sa ligne de production et dispersé son équipe dans divers autres projets. Cette décision soudaine n’a fait l’objet d’aucune justification malgré l’insistance du CSE.
Les développeur·euses de Jusant ont été laissé·es dans un flou absolu quant à leur avenir, pour beaucoup sans aucun travail à réaliser, pendant plus de 2 mois.

Banishers, initialement prévu pour le 7 novembre, a tardivement été reporté au 13 février, ce qui a suscité de vives questions en interne, puisque les travailleur·euses ne l’ont appris que 30 minutes avant l’annonce publique.

Ce report s’inscrit dans une période où le marché international de l’emploi dans le secteur du jeu vidéo est en crise, avec des annonces de licenciements massifs, en particulier au sein des studios ayant été en recherche d’investissements pendant les dernières années, comme Don’t Nod.

Toutes les équipes sont sous-staffées, pourtant on ne garde pas les personnes en CDD, stage ou alternance. Iels sont parfois rappelé·es pour faire face aux urgences de production, mais toujours en contrats précaires.
Cette situation attaque dangereusement la santé des travailleur·euses et impose une pression énorme aux équipes qui peinent de plus en plus à respecter les deadlines.

La section syndicale muselée

La direction refuse tout moyen de communication directe entre notre section STJV et les salarié·es. Elle est même revenue sur les maigres droits accordés par le passé lorsque la section n’était pas encore représentative. Nous avons pourtant remporté l’élection du CSE 2023 haut la main, rendant le STJV largement représentatif ; cela aurait donc dû amener à plus de communication.
Concrètement, la direction considère qu’un panneau d’affichage dans les locaux (obligation légale) est suffisant pour informer 300 salarié·es… dont plus de 75% sont en télétravail complet.

Depuis l’automne dernier, nous tentons d’obtenir l’organisation des Négociations Annuelles Obligatoires qui nous sont dues. Le dialogue est impossible, et toutes les excuses sont bonnes (y compris prétendre ne pas comprendre des emails) pour faire capoter les NAO ou nous forcer la main.

La réunion de cadrage qui a eu lieu le 16 janvier 2024 n’a pas respecté la procédure décrite dans le Code du Travail, et nous n’avons pas eu l’occasion de discuter ne serait-ce que les thèmes à aborder lors des NAO ni le calendrier. Par-dessus le marché, on nous refuse tout moyen en temps, en documents, en canaux d’information pour préparer correctement les négociations.
En l’espèce, il ne s’agit absolument pas de négociations « loyales et sérieuses ».

Le CSE empêché

Ces problèmes et situations préoccupantes ont été observées et signalées en interne auprès du nouveau CSE, élu en Juin 2023 sous étiquette STJV.

Cependant, le CSE lui-même est en grande difficulté, à cause de la direction de Don’t Nod, et constate :

  • la disparition progressive de différents espaces d’échange entre les travailleurs·euses et avec la direction
  • de nombreuses entraves et obstructions à l’exercice de leur mandat CSE
  • des travailleur·euses en souffrance menant à des arrêts maladie et des départs
  • l’absence de moyen légaux pour informer les salarié·es sur leurs droits, mais aussi de la situation de leurs collègues dans d’autres pôles ou projets.

La direction répond à ceci en faisant l’autruche et en maltraitant les élu·es CSE ; elle n’accepte pas de devoir ne serait-ce qu’informer le CSE des sujets qui le concernent, et refuse devoir rendre des comptes. En l’état, le « dialogue social » est inexistant.

À ces difficultés d’exercice pour le CSE, s’ajoutent plusieurs mois de témoignages inquiétants de la part de nombreux·ses salarié·es, faisant échos à l’enquête sur la qualité de vie au travail réalisée en 2023.

Dissonances et entêtements

En Septembre 2023, la direction a présenté les résultats de son enquête Qualité de Vie au Travail à laquelle les deux tiers des salarié·es ont répondu. Il est à noter que celle-ci ne comportait en réalité presque aucun point portant explicitement sur la qualité de vie et les conditions de travail.

Elle présente toutefois un panorama de divers sujets et les employé·es peuvent ainsi apprendre que :

  • 28% déclarent ne pas avoir de reconnaissance pour leur travail
  • 30% décourageraient leurs connaissances de postuler à Don’t Nod
  • 39% estiment qu’il y a une trop grande charge de travail (ou des équipes trop petites)
  • 50% désapprouvent la stratégie d’entreprise suivie par la direction

Lors de la restitution, quelques 6 mois plus tard, la direction n’a pas tari d’éloges envers le studio (et donc elle-même) lorsque les chiffres étaient bons.
Cependant : les notes ont été moyennées, ce qui ne permet pas d’observer les résultats par pôles ou équipes, cachant ainsi de potentielles disparités de perception, voire des alertes. Confrontée aux chiffres, la direction a préféré orienter les résultats pour ne parler que de qui pouvait être interprété comme positif.

Au regard des résultats, le CSE a questionné la direction sur les mesures envisagées afin de résoudre les problèmes apparents : plutôt que de proposer de réelles solutions, l’entreprise préfère expliquer à ses salarié·es qu’iels n’ont simplement pas bien compris ses ambitions et qu’elle doit mieux s’expliquer dans ses communications internes. À quand un numéro vert pour nous expliquer la pensée complexe de Don’t Nod ?

Nous notons par ailleurs que 90% des personnes ayant répondu à l’enquête rapportent apprécier leurs collègues et travailler avec elleux. La source des problèmes est donc systémique, d’ordre structurel.

Don’t Nod, but Do Better

Le STJV est soucieux de l’avenir du studio, de ses productions, des conditions de travail, et constate l’absence de dialogue social.

Parce que Don’t Nod est l’une des rares entreprises à proposer du télétravail à temps plein, qu’elle a pu proposer des contrats à durée indéterminée et qu’elle défend une ligne éditoriale plus progressiste que ses concurrents, nous exhortons la direction de l’entreprise à prendre des mesures concrètes pour résoudre l’ensemble des problèmes relevés dans ce communiqué, à écouter les préoccupations légitimes de ses salarié·es et de sa section syndicale, pour que les valeurs de l’entreprise atteignent la hauteur de ses ambitions.

La section syndicale STJV Don’t Nod

Le 14 février, Ubisoft en grève pour des salaires dignes

Ces dernières semaines avaient lieu les Négociations Annuelles Obligatoires portant sur les salaires dans plusieurs entités d’Ubisoft en France, et le STJV était bien évidemment présent. Malgré les efforts concertés des organisations syndicales pour trouver un compromis acceptable, les négociations se sont heurtées à un mur. Prétextant une politique de réduction des coûts purement arbitraire, la direction nous a proposé un budget d’augmentations inférieur à l’inflation, pour la seconde année de suite.

Un système de récompenses bien mal équilibré

Comment corréler ce mépris avec les exhortations de notre PDG à « gagner en agilité et en efficacité » ? Comment pourrions-nous accepter un niveau d’augmentations si bas quand l’entreprise se vante d’un second trimestre « bien au-delà de [nos] attentes », tout en voulant « rendre hommage à l’engagement exceptionnel des équipes » ? Ce système de récompenses nous semble bien mal équilibré.

Réduction de notre niveau de vie : pas un bug, mais une feature

La conclusion s’impose : la réduction de notre niveau de vie, pour les dirigeants d’Ubisoft, ce n’est pas un bug, c’est une feature. Qu’une entreprise qui continue à faire des bénéfices, malgré une direction multi-déficiente, décide de faire payer les employé-es pour augmenter ses profits est tout simplement inacceptable. C’est pourquoi nous invitons en commun avec les autres organisations syndicales de lutte présentes chez Ubisoft à une grève, toute la journée du mercredi 14 février, pour toutes les entités françaises appartenant au groupe Ubisoft.

Si vous vous posez des questions sur les modalités selon lesquelles participer à une grève, vous pouvez vous référer à notre fiche pratique sur le sujet, ou contacter l’une de nos sections dans les différentes entités d’Ubisoft.

Comptes
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