13 octobre pour l’égalité, les salaires, les retraites et l’écologie : Appel à la grève dans le jeu vidéo

Malgré 6 mois de lutte contre la réforme des retraites, le gouvernement l’a imposée par la force, en mettant un dernier clou dans le cercueil de la démocratie. La situation économique et écologique au moment de cette lutte, déjà catastrophique, n’a fait qu’empirer depuis.

L’appauvrissement de la population continue : par les réformes des retraites et du chômage, mais aussi par une inflation non compensée par la hausse des salaires. Cet été qui a été le plus chaud jamais enregistré, et qui ne semble pas finir, a été marqué par de nombreuses catastrophes naturelles à travers le monde. La production agricole mondiale est menacée.

Dans ce contexte, les propriétaires et actionnaires sont toujours plus riches, pendant que de plus en plus de prolétaires se privent de soins médicaux, de nourriture

Le gouvernement ne propose, à son habitude et par volonté politique, aucune mesure concrète et à long terme pour palier ces problèmes. Les organisations de travailleur·ses proposent pourtant depuis longtemps des solutions, principalement :

  • Les salaires doivent être automatiquement indexés sur l’inflation ;
  • l’égalité des genres en entreprise, face aux salaires et aux conditions de travail, doit être imposée et les entreprises fautives sanctionnées ;
  • la lutte contre le changement climatique et les changements de production nécessaires doivent être confiés aux travailleur·ses directement ;
  • les aides publiques aux entreprises doivent diminuer et être soumises à des objectifs sociaux et environnementaux stricts ;
  • le pouvoir des instances représentatives du personnel doit être renforcé, pour pouvoir forcer les négociations et effectuer un contrôle sur tous ces points dans les entreprises.

Nous sommes bien conscient·es que ces changements ne nous seront jamais cédés sans lutte.

En conséquence, le Syndicat des Travailleurs et Travailleuses du Jeu Vidéo appelle à la grève dans le jeu vidéo le vendredi 13 octobre 2023, se joignant à la mobilisation syndicale européenne. Nous appelons travailleur‧ses, chômeur‧ses, retraité‧es et étudiant·es du jeu vidéo à se mobiliser dans les entreprises, assemblées générales et manifestations qui auront lieu partout en France ce jour-là.

Nous rappelons que cet appel couvre le champ d’action du STJV dans le secteur privé, et concerne donc toute personne employée par une société d’édition, distribution, services et/ou création pour le jeu vidéo quel que soit son poste ou son statut et quel que soit le domaine d’activité de sa société (jeux, consoles, mobile, serious games, VR/AR, moteurs de jeu, services marketing, streaming, produits dérivés, esport, création de contenu en ligne, etc.), ainsi que tout·es les enseignant·es travaillant dans des écoles privées dans des cursus en lien avec le jeu vidéo. Puisqu’il s’agit d’un appel national à la grève, aucune démarche n’est nécessaire pour se mettre en grève : il suffit de ne pas venir travailler.


Pourquoi faire grève dans le jeu vidéo le 13 octobre ?

Pour notre pouvoir d’achat

L’industrie du jeu vidéo est notoirement connue pour ses salaires bas comparés au niveau d’études et aux métiers exercés. Certains postes sont très mal payés, alors qu’ils sont majoritairement exercés dans des grandes agglomérations où la vie est chère (voir notre dernier baromètre). Nous sommes très concerné‧es par les problèmes d’inflation, comme les luttes pour les salaires de l’année dernière ont pu montrer…

Pour une vie stable, sans peur du lendemain

Embauches en CDD, périodes de chômages, mauvaises couvertures santé, pas de gestion des carrières… L’industrie du jeu vidéo est marquée par la précarité, des débuts de carrière pour tous les métiers, des carrières entières pour certains (voir notre dernier baromètre). Nous somme énormément concerné‧es par les réformes des retraites et du chômage, qui aurons une influence brutale sur nos vies.

Pour la prise en compte des enjeux écologiques

Notre industrie est motrice d’une course effrénée à la performance des équipements informatiques et donc à leur renouvellement rapide. Les défis environnementaux auxquels nous sommes déjà confrontés, et qui cause déjà de nombreux dégâts et morts partout dans le monde, nous imposent de la changer. Les entreprises du jeu vidéo ne sortiront pas de cette course sans pression des travailleur‧ses.

Pour la fin des discriminations

Notre industrie est notoirement marquée par les discriminations, basés sur le handicap, l’origine réelle ou supposée, la classe, l’orientation sexuelle, le genre… et les entreprises ne réagissent pas ou peu, préférant souvent nier les problèmes. Nous devons nous mobiliser constamment pour mettre fin aux discriminations et permettre à tou‧tes de travailler et vivre dignement dans l’industrie du jeu vidéo.

Pour de meilleurs services publics

Les services publics subissent des attaques depuis des dizaines d’années, et beaucoup sont proches de la rupture. Les accès à des services essentiels comme la santé, les aides sociales, la recherche d’emploi, les transports, le logement… ne font que se détériorer. Si nous ne nous mobilisons pas, nous serons bientôt privé‧es de services essentiels à notre survie.

Baromètre 2022 – Les travailleur‧ses du jeu vidéo en chiffres

L’industrie du jeu vidéo souffre d’un cruel manque d’informations et de données sur elle-même. Les rares publications à son sujet émanent quasi-exclusivement d’organisations patronales. Leurs sources, les entreprises, sont peu fiables, et les données présentées restent partielles : elles n’étudient jamais les aspects négatifs de l’industrie.

Le Syndicat des Travailleurs et Travailleuses du Jeu Vidéo (STJV) est donc fier de vous présenter son baromètre 2022 sur l’industrie du jeu vidéo ! Vous pouvez le télécharger ou le consulter ci-dessous.

Ce premier baromètre public du STJV est le résultat d’une enquête conduite entre mars et mai 2022, par un formulaire auto-administré en ligne, directement auprès des travailleur·ses de l’industrie. Presque 1000 travailleur·ses ont répondu à notre questionnaire, nous permettant d’avoir un échantillon de tous les métiers et toutes les spécificités des travailleur·ses de l’industrie (données socio-démographiques, niveau et coût des études, salaires, bien-être au travail…)

Les données ont ensuite été analysées puis mises en forme en interne par notre commission Baromètres et Statistiques, composée de travailleur‧ses bénévoles. Cette enquête a donc a été entièrement réalisée par et pour les travailleur·ses de l’industrie.

Elle répond aux questions suivantes :

  • Qui sont les travailleur‧ses du jeu vidéo en France ?
  • Quelles sont leur qualifications et quelles études ont-iels faites ?
  • Comment sont-iels entré‧es sur le marché du travail ?
  • Quels métiers exercent-iels ? Depuis quand et sous quels statuts ?
  • Quelles sont leurs conditions de travail ?
  • Combien sont-iels payé‧es ?
  • Quel impact leur travail a sur leur conditions de vie ?
  • Quelles sont les particularités rencontrées par les travailleur‧ses indépendant‧es ?

Il est important de noter que de nombreuses données de cette enquête sont inédites en France et ne se retrouvent pas dans les autres enquêtes et baromètres existants.

Bonne lecture !

Note : Les images et données contenues dans le document sont sous licence Creative Commons BY (CC BY). Elles peuvent être librement utilisées, à la condition de l’attribuer au STJV en citant son nom.

Revendication des travailleur‧ses de Spiders et soutien au mouvement social à Kylotonn

Nous relayons ce communiqué des travailleur·ses du studio Spiders

Le studio Spiders est dans une situation similaire à celle de Kylotonn (Kt-Racing) : réduit à un rôle de filiale qui ne dit pas son nom. En pratique, il ne peut pas choisir l’orientation de ses productions sans l’aval du groupe, qui détient l’intégralité de la propriété intellectuelle de ses dernières, et est assujetti par la direction de Nacon qui définit des termes de financement lui donnant tout pouvoir, le plus souvent sous forme de virement mensuels.

À Spiders aussi, la direction utilise régulièrement cette situation pour couper court aux demandes de transparence et de négociation en se cachant derrière des « négociations entre le studio et Nacon » d’où les travailleur‧ses et leurs représentant‧es sont opportunément exclu‧es.

Depuis plus d’un an, des demandes basiques de respect de la loi, de respect du dialogue social, de transparence et de négociations d’accords d’entreprises restent ignorées ou bloquées par la direction.

Ces demandes légitimes cherchent pourtant à répondre à des sujets vitaux comme l’organisation du télétravail, la formalisation de l’organisation des productions et de processus internes d’alerte, la transparence sur les processus d’évaluation, les problèmes de recrutement…

Les travailleur‧ses de Spiders expriment leur solidarité avec celleux de Kylotonn, en grève le 11 juillet dernier et de nouveau en grève aujourd’hui, et soutiennent leur mouvement social. Puisque nous sommes dans le même bateau, nos sorts sont étroitement liés. Nous suivrons attentivement les évolutions dans nos deux studios pour agir si besoin.

Prenant exemple sur elleux, nous rendons public nos revendications également. De manière peu surprenante, celles-ci sont proches des revendications des travailleur‧ses de Kylotonn. Nos revendications auprès des directions de Spiders et Nacon sont les suivantes :

  1. Engager avant 2024 les négociations demandées depuis des mois par les représentant‧es du personnel :
    1. Accord sur le télétravail ;
    2. Grille de salaires ;
    3. Création d’un dispositif interne d’alerte et remontée des problèmes ;
    4. Création d’un dispositif d’évaluation anonymisée des managers par leurs équipes ;
    5. Négociations annuelles obligatoires, jamais tenues au mépris de la loi ;
    6. Processus uniformisé d’aménagement des conditions de travail ;
  2. Information et consultation systématique du CSE pour ce qui relève de ses prérogatives, comme l’impose la loi ;
  3. Transparence sur les stratégies et décisions de recrutement et rétention des salarié‧es au sein du studio, pour mettre fin aux différences de traitement et aux problèmes de recrutement qui plombent les productions ;
  4. Consultation de tou·tes les travailleur‧ses au moment des pitchs initiaux des jeux, durant la préproduction et à mi-parcours de la production sur les aspects créatifs des jeux produits ;
  5. Transparence pleine et entière sur les négociations entre Nacon et ses filiales, sur les augmentations et les décisions de structuration du groupe et des studios, par l’inclusion d’une délégation des représentant·es du personnel des studios du groupe ;
  6. Alignement des salaires planchers dans toutes les entités de Nacon à hauteur de ceux les plus élevés dans le groupe.

Grève à Kylotonn : revendications des travailleur·ses

Nous relayons le communiqué des travailleur·ses du studio Kylotonn, en grève ce mardi 11 juillet 2023.

Dans la majorité des studios rachetés par Nacon, le groupe :

  • est actionnaire unique du studio ;
  • possède l’intégralité de la propriété intellectuelle des jeux produits ;
  • finance les studios par projet, mois par mois, exerçant un droit de vie ou de mort sur ses studios.

En pratique, cela veut dire que les studios agissent comme des sous-traitants qui produisent des jeux pour le compte du groupe : ce sont des filiales de Nacon.

Cette structure permet aux directions des studios et de Nacon de se renvoyer la balle dès que les travailleur·ses demandent des comptes, des augmentations de salaires et des mesures sociales. Et empêche ainsi les travailleur·ses de trouver des intermédiaires de discussion, empêchant toute tentative de négociation.

Le numéro 2 du groupe Nacon, Laurent Honoret, présentait aujourd’hui, mardi 11 juillet 2023, le bilan 2022-2023 de Nacon aux travailleur·ses de Kylotonn. Cette présentation est le seul point de contact direct entre les travailleur·ses du studio et le groupe Nacon.

Les travailleur.ses du studio ont profité de ce moment pour demander à Nacon de s’engager à octroyer plus de ressources pour Kylotonn et les studios du groupe en général. Cela dans le but d’offrir plus de marge de manœuvre pour les négociations avec la direction du studio, et que celle-ci arrête de se cacher derrière Nacon pour y couper court.

Ce à quoi Laurent Honoret a répondu : « Non ». En précisant que c’était la prérogative de la direction du studio de négocier plus de budget auprès de Nacon. Cette affirmation fait voler en éclat les excuses de la direction de Kylotonn, qui rendait Nacon responsable de l’absence de négociation.

En réaction à cette réponse insatisfaisante, qui vient couronner un ensemble de problèmes et souffrances dénoncées de longue date par les représentant·es du personnel, des travailleur·ses se sont alors mi·ses en grève et ont quitté la salle après avoir présenté les revendications suivantes :

  • Négociation d’une politique de télétravail avec les organisations syndicales ;
  • Négociation des salaires planchers et de la rémunération avec les organisations syndicales, en lieu et place des décisions unilatérales de la direction qui lèsent une part importante des travailleur·ses ;
  • Mise en place immédiate par la direction de mesures concrètes pour mettre fin à un management pathogène et autoritaire qui pèse sur la santé mentale et la cohésion des travailleur·ses ;
  • Négociation des processus d’aménagement des conditions de travail, qui doivent actuellement être négociées au cas par cas avec de grande difficultés ;
  • Ouverture des négociations annuelles obligatoires, et négociation systématique avec les organisations syndicales pour tout ce qui relève de leurs prérogatives ;
  • Mise en place d’un processus d’information et de consultation systématique du CSE pour ce qui relève de ses prérogatives ;
  • Transparence pleine et entière sur les négociations entre Nacon et Kylotonn pour savoir où se situent les blocages, par l’inclusion des représentant·es du personnel dans ces négociations ;
  • Le même effort de transparence pour les autres studios du groupe ;
  • Hausse immédiate des salaires planchers dans tout le groupe Nacon au moins à hauteur de ceux de Kylotonn après renégociation.

Solidarité contre les violences policières et le racisme d’État

Dans l’industrie du jeu vidéo, la violence physique n’est souvent qu’un élément de fiction, une mécanique de gameplay et un argument de vente. Mais dans d’autres milieux, la violence est tout sauf fictionnelle : dans les quartiers populaires de métropole ou dans les colonies françaises, les meurtres de sang froid, tout comme les agressions racistes, les insultes et les humiliations, sont une réalité quotidienne, infligée par des représentants de l’État depuis des générations et en toute impunité.

Le récent meurtre de Nahel par un policier à Nanterre choque car sa violence a pu être capturée en vidéo, et que l’intention de tuer ne peut être remise en doute. Mais cet assassinat n’est pas exceptionnel et les manifestations qui ont éclaté par la suite sont une réponse à la mesure des politiques de répression policière, de ségrégation et d’abandon des banlieues mises en place par les différents gouvernements qui se sont succédés.

Ne nous laissons pas tromper : ces discriminations font partie d’une stratégie de répression du prolétariat dans son ensemble et plus particulièrement du prolétariat non-blanc. Même si actuellement, parmi les travailleur·ses du jeu vidéo, peu d’entre nous viennent des quartiers populaires, d’outre-mer ou des régions isolées, nous sommes tou·tes concerné·es. En tant que travailleur‧ses, nous avons bien plus en commun avec les « jeunes de banlieue » qu’avec la classe dirigeante dont nos patron‧nes font partie.

Ne nous laissons pas distraire par un gouvernement qui essaie de faire oublier le meurtre et le racisme en inventant d’autres causes aux problèmes, y compris quand il parle du jeu vidéo. Si nous choisissons de détourner le regard, de nous concentrer sur des images de colère plutôt que sur ses causes et sa signification, nous participons à fracturer notre classe sociale et laissons opprimer les plus marginalisé·es d’entre nous. Sans solidarité, l’État continuera à renforcer les discriminations, éroder nos droits et appauvrir des populations entières.

Cette impunité doit cesser. La justice doit être rendue, pour Nahel mais aussi pour celles et ceux dont nous n’avons jamais entendu parler. Les personnes arrêtées ces derniers jours dans les manifestations et condamnées par la justice doivent être amnistiées.

Le STJV appelle tou·tes les travailleur·ses à soutenir, systématiquement, les familles des victimes assassinées par la police, à connaître et relayer les revendications des communautés marginalisées et à aider les organisations locales à la mesure de leur capacités. En tant que syndicat, nous continuerons à militer pour que les politiques de maintien de l’ordre soient remplacées par des politiques sociales et que l’argent public soit dirigé vers ceux et celles qui en ont besoin, plutôt que vers les forces de l’ordre et les entreprises comme c’est le cas actuellement.

Abrogation de la réforme des retraites – Appel à la grève dans le jeu vidéo à partir du 6 juin 2023

La mobilisation contre la réforme des retraites continue, sous diverses formes, de manière ininterrompue depuis janvier dernier, signe de la vivacité de l’opposition à cette réforme.

Dès le début, nous expliquions à quel point cette réforme est nocive pour les travailleur‧ses et en particulier pour les plus pauvres et les plus âgés. Elle allongera la durée de travail, mais aura aussi d’autres effets désastreux : précarisation, appauvrissement, diminution de l’espérance de vie, augmentation du chômage…

Le maintien de cette réforme est maintenant également une menace pour la démocratie. Ses mensonges pour l’imposer n’ayant pas pris et l’extrême majorité de la population s’y opposant, le gouvernement a eu recours à de nombreuses mesures autoritaires pour imposer cette réforme avec une violence inouïe. Elle a été promulguée sans jamais avoir votée, par décision unilatérale du gouvernement.

Pour refuser l’imposition par la force de cette loi, et annuler ses effets, un projet de loi d’abrogation de la réforme des retraites sera présenté le 8 juin à l’assemblée nationale. Confirmant son choix d’une stratégie fasciste sur l’imposition de cette réforme, le gouvernement a déjà menacé de recourir à un autre article de la constitution pour interdire purement et simplement l’examen de ce projet de loi.

Deux jours avant, le 6 juin, l’intersyndicale nationale regroupant toutes les grandes confédérations appelle à une journée de grève et mobilisation nationale pour lutter pour l’abrogation de la réforme. En plus de cette abrogation, nous revendiquons de travailler moins : chaque semaine, en instaurant la semaine de 4 jours / 28 heures de travail, et tout au long de notre vie par le retour à la retraite pour toutes et tous à 60 ans.

Se joignant à l’intersyndicale, le Syndicat des Travailleurs et Travailleuses du Jeu Vidéo appelle à la grève dans le jeu vidéo du 6 au 11 juin 2023 inclus. Nous appelons travailleur‧ses, chômeur‧ses, retraité‧es et étudiant·es du jeu vidéo à se mobiliser dans les entreprises, assemblées générales et actions qui auront lieu partout en France durant cette période.

Nous rappelons que cet appel couvre le champ d’action du STJV dans le secteur privé, et concerne donc toute personne employée par une société d’édition, distribution, services et/ou création pour le jeu vidéo quel que soit son poste ou son statut et quel que soit le domaine d’activité de sa société (jeux, consoles, mobile, serious games, VR/AR, moteurs de jeu, services marketing, streaming, produits dérivés, esport, création de contenu en ligne, etc.), ainsi que tout·es les enseignant·es travaillant dans des écoles privées dans des cursus en lien avec le jeu vidéo. Puisqu’il s’agit d’un appel national à la grève, aucune démarche n’est nécessaire pour se mettre en grève : il suffit de ne pas venir travailler.

La lutte pour défendre les retraites dans le jeu vidéo – bilan intermédiaire

Dans le contexte actuel, nous ne reconduisons pas l’appel à la grève dans le jeu vidéo qui était en place depuis le 20 mars, mais nous suivons toujours le mouvement et restons près à nous mobiliser, en particulier pour les prochaines dates importantes.

Le STJV et les travailleur·ses du jeu vidéo sont pleinement engagé·es dans la lutte contre la réforme des retraites depuis janvier. Cette lutte qui dure a vu le mouvement s’élargir à de nombreux autres sujets : destruction de l’assurance chômage, politiques migratoires racistes, écologie, répression policière, antifascisme, et tant d’autres encore. Elle est également une période de changements et d’expérimentation, du moins dans l’industrie du jeu vidéo.

Nous profitons de la période pour prendre un peu de recul sur l’expérience acquise et les leçons que nous avons pu tirer du mouvement jusqu’ici, et établir des perspectives pour la suite. En espérant que cela aidera aussi nos camarades en dehors du jeu vidéo.

Un mouvement très suivi

Le premier constat à faire est que, très rapidement, ce mouvement a fait l’objet d’une mobilisation phénoménale au niveau national. Depuis le début, le secteur du jeu vidéo répond présent avec une mobilisation qui n’a jamais été aussi forte, en particulier lors des journées de mobilisation nationale.

Nous avons observé des records de taux de grévistes dans la plupart des entreprises, ce qui démontre le potentiel de mobilisation des travailleur·ses dans notre industrie. La participation aux cortèges de manifestation du STJV a également battu, à plusieurs reprises et de manière écrasante, les records d’affluence de 2019.

Cette mobilisation s’étend également bien au-delà des centres principaux de l’industrie. Si les mobilisations ont été constantes dans les villes avec beaucoup d’entreprises du jeu vidéo, elles ont aussi été régulières dans les villes dites moyennes et petites où les travailleur·ses du jeu vidéo sont présent.

En dehors des journées nationales, nous mesurons une participation de moindre ampleur, mais qui a tenu de nombreux mois, aux actions locales de blocage et soutien aux autres luttes et industries. La pratique de la grève dans notre industrie a pu ainsi s’étendre en dehors des mobilisations nationales.

Qui confirme la syndicalisation de l’industrie et son importance

Depuis le début du mouvement, de nombreux syndicats rapportent une augmentation significative des nouvelles adhésions, et le STJV est concerné aussi : nos adhésions ont drastiquement augmenté et cette tendance se maintient plus longtemps qu’attendu. C’est le signe pour nous que la lutte via la syndicalisation de l’industrie est une méthode sérieusement envisagée par de plus en plus de travailleur·ses.

En plus des adhésions, on voit de nombreux·ses travailleur·ses passer à l’action. Pour beaucoup d’entre elleux, ce mouvement est l’occasion d’apprendre, de se politiser, d’obtenir des réponses à leurs questions et, pour beaucoup, de participer aux manifestations et de faire grève pour la première fois de leur vie. De nouvelles sections syndicales STJV, telles que celles à Sloclap, Kylotonn et Virtuos, ont vu le jour pendant ce mouvement, et de nombreuses autres sont en cours de création.

La participation aux actions locales nous a également donné l’occasion de rencontrer des travailleur·ses d’autres industries et organisations syndicales et donc de développer nos liens interprofessionnels. Nos camarades ont pu tisser des liens forts avec d’autres travailleur·ses, échanger des récits, méthodes et expériences, faisant vivre la solidarité de classe.

Qui ouvre la lutte à de nouvelles pratiques

Le soutien apporté aux camarades d’autres industries a donc montré son utilité tout du long et a été salué, en interne et à l’extérieur. L’expérimentation de nouvelles formes de soutien, comme le « tour de grève » réalisé par des travailleur·ses du jeu vidéo en soutien aux piquets de grève des éboueur·ses et incinérateurs autour de Paris, a été fortement positive.

Appuyer et soutenir localement les grèves d’autres industries pour construire ensemble une grève durable et globale semble être une solide stratégie de lutte. Le STJV va considérer à l’avenir comment solidifier et intensifier ce soutien aux secteurs en lutte en dehors du jeu vidéo.

Pour se donner les moyens d’une lutte à long terme, nous avons mis en place pour la première fois une caisse de grève interne de grande ampleur. Elle a déjà permis d’indemniser des centaines de jours de grève, pour de très nombreux·ses travailleur·ses, facilitant ainsi la mobilisation des métiers les plus précaires de notre industrie. Maintenant que le processus est en place et a été largement expérimenté, son fonctionnement sera pérennisé en interne pour qu’elle continue de remplir ce rôle à travers toutes les mobilisations.

Et qui dessine l’avenir de notre lutte syndicale

Malgré tout cela il faut faire le constat que le gouvernement n’a pour l’heure pas cédé sur la réforme des retraites. Nous condamnons leur position et leur manque de considération d’autres options politiques que le rallongement de la durée du travail et le contournement systématique de tous les processus démocratiques.

S’il est pour le moment difficile de parler de victoire sur ces points, c’est au contraire très pertinent pour de nombreux autres : syndicalisation accrue, valorisation de la lutte syndicale, gain d’expérience fort au sein du syndicat et de l’industrie, nouveaux liens durables avec de nombreuses autres organisations syndicales et travailleur·ses…

En tant que syndicat de lutte, le STJV sait que la lutte des classes n’est pas l’affaire de quelques mois et que rien n’est figé. Même si nous sommes dans une phase où les offensives de la classe au pouvoir contre les acquis sociaux du prolétariat sont sans relâche, chaque nouvelle brique d’organisation permet de construire les victoires futures.

Les perspectives d’avenir et le travail à accomplir sont clairs :

  • Dans notre industrie, construire un syndicat de masse en augmentant le taux de syndicalisation et le niveau de compétence de nos adhérent·es, construire un rapport de force en notre faveur via notamment les sections syndicales et appliquer nos nouvelles expériences de luttes pour obtenir des gains aux niveaux locaux.
  • Au niveau national, multiplier les liens avec d’autres organisations syndicales et travailleur·ses d’autres secteurs pour améliorer la coordination interprofessionnelle et s’ouvrir à de nouvelles possibilités d’action pour intensifier et pérenniser les mobilisations futures.

La lutte est loin d’être finie, nous restons à l’écoute du mouvement social et sommes près à relancer la grève au niveau national pour venir au besoin soutenir les mobilisations. En attendant, nous continuons le travail syndical quotidien et local avec l’espoir de mieux construire la suite, vers la victoire pour toujours.

Actions locales et appel à la grève du 20 mars au 8 mai 2023

Reconduction de l’appel jusqu’au 8 mai 2023

Après un premier mai exceptionnel, le plus gros depuis 2002, où le jeu vidéo a été massivement présent en manifestation et où le STJV a encore battu des records de taille de cortège, le mouvement contre la réforme des retraites reste actif.

Les mobilisations locales pour empêcher le gouvernement de continuer à vivre comme si rien ne s’était passé continuent partout et tout le temps, et les travailleur‧ses se regroupent et planifient la suite du mouvement sans attendre la prochaine date nationale appelée par l’intersyndicale le 6 juin.

Pour permettre aux travailleur·ses du jeu vidéo de faire ce travail de planification, de continuer à se mobiliser et de faire à tout moment une demi-journée, une heure de grève pour soutenir les différentes actions et piquets de grève, le STJV a décidé de reconduire cet appel à la grève jusqu’au lundi 8 mai 2023 inclus.

Reconduction de l’appel jusqu’au 3 mai 2023

Depuis le début de la semaine le gouvernement essaie de forcer l’image d’un retour à la normale en multipliant les visites ministérielles, et compte à nouveau sur le racisme pour faire oublier la réforme des retraites. Peine perdue, puisque tous les déplacements des ministres et du président ont été perturbés, et nombre d’entre eux empêchés.

Côté jeu vidéo, on peut noter que des travailleur‧ses ont participé à des actions un peu partout, en particulier pour la journée d’actions locales du 20 avril.

La mobilisation va continuer tous les jours, avec en particulier des actions prévues le 28 avril, Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail, sur tout le territoire. Le STJV y prendra part et communiquera sur les actions du jour dans plusieurs grandes villes, pour inviter les travailleur‧ses du jeu vidéo à nous rejoindre.

Viendront ensuite les manifestations du 1er mai, fête des travailleur‧ses. Les syndicats et autres organisations politiques seront fortement mobilisés ce jour. Le STJV invite toutes et tous les travailleur‧ses du jeu vidéo à se joindre à ces manifestations, qui auront lieu un jour férié, pour montrer leur attachement à la démocratie et à l’aide sociale collective que le gouvernement cherche tant à détruire.

Pour permettre aux travailleur·ses du jeu vidéo de continuer de se mobiliser en manifestation et de faire à tout moment une demi-journée, une heure de grève pour soutenir les différentes actions et piquets de grève, le STJV a décidé de reconduire cet appel à la grève jusqu’au mercredi 3 mai 2023 inclus.


Reconduction de l’appel jusqu’au 23 avril 2023

Cette semaine marquera le début du 4ème mois de mobilisation contre la réforme des retraites. Toujours forte et ancrée dans la longueur, elle reste soutenue par 2/3 des français·es.

Le Conseil Constitutionnel a sans surprise validé la loi. De son côté, Emmanuel Macron en a profité pour promulguer la loi immédiatement après cette validation partielle, piétinant une fois de plus l’ensemble du mouvement social.

Cela ne change rien. En 2006 la loi CPE a été implicitement retirée après sa promulgation grâce au mouvement social de contestation qui lui a tenu tête. Nous irons, nous aussi, jusqu’au retrait.

En attendant les manifestations du 1er mai, jour de la fête du travail, où une très forte mobilisation est attendue pour montrer que la promulgation de cette réforme ne changera rien à notre détermination, il est très important de continuer à se mobiliser localement dans les manifestations ou rassemblements, en soutien aux travailleur·ses sur les piquets de grève, et de multiplier les actions partout dans le pays.

Des journées d’action et de mobilisation sont d’ores et déjà prévues les 20 et 28 avril. Le STJV y prendra part et communiquera sur les actions du jour dans plusieurs grandes villes afin d’inviter tous les travailleurs et toutes les travailleuses du jeu vidéo à nous rejoindre.

Pour permettre aux travailleur·ses du jeu vidéo de continuer de se mobiliser en manifestation et de faire à tout moment une demi-journée, une heure de grève pour soutenir les différentes actions et piquets de grève, le STJV a décidé de reconduire cet appel à la grève jusqu’au dimanche 23 avril 2023 inclus.


Reconduction de l’appel jusqu’au 16 avril 2023

Cette semaine encore, la mobilisation contre la réforme des retraites continue à travers le succès de la journée de mobilisation intersyndicale de jeudi dernier, ainsi qu’à travers les grèves, blocages et actions spontanées ayant eu lieu toute la semaine dans le pays.

La rencontre entre l’intersyndicale et Elisabeth Borne, ce mercredi 5 avril, s’est terminée précipitamment suite au refus de la première ministre d’aborder le sujet de la réforme des retraites. Le gouvernement nous prouve encore une fois que le seul argument qu’il comprend est la force.

La prochaine étape institutionnelle est la décision du conseil constitutionnel qui sera rendue le vendredi 14 avril, et peut décider de censurer la réforme entièrement ou en partie. Ledit conseil étant peu enclin à contredire les gouvernements, il est important de marquer une fois encore notre détermination à lutter contre cette réforme.

Rappelons que, même en cas de validation de leur part, des lois comme celle sur le Contrat Première Embauche ont été retirées après avoir suivi le « circuit » institutionnel. Il est donc plus que jamais important de maintenir la pression et de montrer notre rejet des méthodes et du futur que nous vend le gouvernement.

Le mouvement social, ancré dans la durée, commence à faire vaciller le gouvernement sur les réformes qu’il souhaite imposer au pays : ce week-end, le décret sur la présomption de démission en cas d’abandon de poste a été reporté, et la forte mobilisation des jeunes a poussé le gouvernement à remettre en cause la généralisation du SNU obligatoire.

La tentative de dissolution de l’association des Soulèvements de la Terre, les menaces envers la Ligue des Droits de l’Homme et la planification d’une gigantesque rafle à Mayotte nous rappelle que nous luttons aussi actuellement pour nos libertés fondamentales.

Pour permettre aux travailleur·ses du jeu vidéo de continuer de se mobiliser en manifestation et de faire à tout moment une demi-journée, une heure de grève pour soutenir les différentes actions et piquets de grève, le STJV a décidé de reconduire cet appel à la grève jusqu’au dimanche 16 avril 2023 inclus.

Cette semaine encore, partout en France, dans les actions locales, sur les piquets de grève, et tout particulièrement pour la journée de manifestation du jeudi 13 avril, faisons grève et ne lâchons rien !


Reconduction de l’appel jusqu’au 9 avril 2023

Porté directement par les travailleur·ses, étudiant·es, retraité·es, lycéen·nes… le mouvement résiste à l’indifférence du gouvernement et au désengagement graduel de certains syndicats.

Manifestations trop grandes pour être interdites, déplacements gouvernementaux empêchés, blocages réguliers sont en train de nous faire gagner la guerre d’usure. Pour preuve, et même s’il n’y a rien à en attendre, le gouvernement a même daigné inviter les syndicats le 5 avril pour négocier, ce qui n’était encore jamais arrivé depuis le début du mouvement.

Pour permettre aux travailleur·ses du jeu vidéo de continuer de se mobiliser en manifestation et de faire à tout moment une demi-journée, une heure de grève pour soutenir les différentes actions et piquets de grève, le STJV a décidé de reconduire cet appel à la grève jusqu’au dimanche 9 avril 2023 inclus.

Le STJV appelle particulièrement à faire grève et manifester jeudi 6 avril dans toute la France et à renforcer les piquets de grève des industries réquisitionnées.


Reconduction de l’appel jusqu’au 2 avril 2023

Depuis la semaine dernière, le mouvement contre la réforme des retraites a évolué. Les actions se multiplient, de nouvelles industries rejoignent le mouvement de grève… tandis que le pouvoir s’enfonce dans son mutisme.

Le mépris du gouvernement, qui ose prétendre que le projet de réforme des retraites est déjà derrière nous, n’a d’égal que la vague de répression qu’il a enclenché. En recourant à des actions illégales et en laissant la police déchaîner un torrent de violence, il a élargi la portée du mouvement en cours.

En plus d’obtenir le retrait de la réforme des retraites, il s’agit maintenant de refuser en général le recours permanent à la violence du système politique en place et demander notamment : l’annulation des mesures d’appauvrissement de l’assurance chômage le retrait du projet de loi raciste sur l’immigration, le retrait des mesures de surveillance dystopiques prévues pour les Jeux Olympiques 2024, l’interdiction des projets de méga-bassines et la dissolution de la BRAV-M.

Pour maintenir la pression et permettre aux travailleur·ses du jeu vidéo de continuer de se mobiliser en manifestation et localement sur les différentes actions et piquets de grève, le 25 mars le STJV a décidé de reconduire cet appel à la grève jusqu’au dimanche 2 avril 2023 inclus.

Le STJV appelle particulièrement à faire grève et manifester mardi 28 mars dans toute la France, à soutenir les luttes citées plus haut et à renforcer les piquets de grève des industries réquisitionnées. Le STJV sera officiellement présent à plusieurs manifestations.


Isolé et toujours plus enfoncé dans l’autoritarisme, le gouvernement a finalement activé, une fois de plus, l’article 49.3 de la constitution pour faire passer en force la réforme des retraites.

Sourd aux manifestations, aux sondages, aux syndicats, aux député·es, aux pétitions, à la population en général… il ne nous laisse d’autre choix que de passer à la vitesse supérieure et mobiliser massivement en même temps par la grève, les manifestations et les blocages.

En conséquence, et pour continuer le mouvement lancé depuis le 7 mars dernier, le Syndicat des Travailleurs et Travailleuses du Jeu Vidéo appelle à la grève dans le jeu vidéo du 20 au 26 mars inclus pour demander le retrait de la réforme, et la réduction du temps de travail.

Au niveau national, le STJV sera présent notamment aux manifestations du jeudi 23 mars. Mais nous invitons les travailleur‧ses, chômeur‧ses, retraité‧es et étudiant·es du jeu vidéo à profiter de cet appel pour se mobiliser sans attendre dans les entreprises et assemblées générales, participer aux actions locales qui auront lieu partout en France durant cette période et soutenir les autres industries sur leurs piquets de grève et blocages.

Nous rappelons que cet appel couvre le champ d’action du STJV dans le secteur privé, et concerne donc toute personne employée par une société d’édition, distribution, services et/ou création pour le jeu vidéo quel que soit son poste ou son statut et quel que soit le domaine d’activité de sa société (jeux, consoles, mobile, serious games, VR/AR, moteurs de jeu, services marketing, streaming, produits dérivés, esport, création de contenu en ligne, etc.), ainsi que tout·es les enseignant·es travaillant dans des écoles privées dans des cursus en lien avec le jeu vidéo. Puisqu’il s’agit d’un appel national à la grève, aucune démarche n’est nécessaire pour se mettre en grève : il suffit de ne pas venir travailler.

Pour celleux qui ne peuvent se mettre en grève, il est aussi possible de se mobiliser via la caisse de grève du STJV

Dans le jeu vidéo, la lutte contre les oppressions de genre passera par le syndicalisme

Le 8 mars est la journée internationale de lutte pour les droits des femmes et minorités de genre. Elle célèbre les combats, historiques et actuels, des luttes féministes. Le jeu vidéo, loin d’être enfermé dans une bulle de passion apolitique, est un milieu où prospèrent les violences sexistes et sexuelles et où ces combats sont très présents.

Aujourd’hui, les hommes cisgenres représentent plus de 75 % des travailleur·euses du jeu vidéo et occupent une majorité de postes de pouvoir. Leur surreprésentation conduit à une homogénéisation des jeux vidéo et des environnements de travail difficiles, violents et dangereux pour les femmes et les personnes de genre marginalisé.

Pourtant ça n’a pas toujours été la norme, car les femmes ont été les premières à travailler dans l’informatique. L’histoire des « calculatrices » – invisibilisée pendant longtemps – est de plus en plus connue grâce au travail des militantes féministes. De la même manière, elles ont investi le domaine du jeu vidéo dès ses débuts, contrairement à l’imaginaire fantasmé du développeur solitaire dans le garage de ses parents. Comme dans le reste de la société, les femmes investissent les corps de métiers essentiels à la production et participent à la création des œuvres culturelles. Mais leur travail est invisibilisé et dévalorisé, et leur présence réduite à une « liste de femmes notables ».

Etat des lieux

Associations et collectifs féministes dans l’industrie

Cette faible présence des femmes dans l’industrie est un problème social et politique. Depuis plusieurs années le SNJV, un lobby patronal du secteur, présente ses propres données chiffrées pour rendre compte d’un état subjectif de l’industrie française du jeu vidéo. L’augmentation du nombre de femmes dans l’industrie dont les patron‧nes s’auto-congratulent chaque année reste déplorable : la part des femmes travailleuses dans les studios de développement gravite aux alentours des 20%.

Des associations et des collectifs de femmes, parfois réticentes à se définir comme féministes, tentent de favoriser la présence des femmes dans l’industrie. Les plus influentes d’entre elles accueillent en leur sein des organisations patronales et des éditeurs et studios de jeu épinglés pour leur culture d’entreprise sexiste et misogyne. Ce qu’elles pensent être une quasi-obligation pour pouvoir exister politiquement et avoir les ressources financières pour aider les femmes de l’industrie.

On peut reconnaître une réelle utilité à ces organisations : pouvoir servir de tremplin à des femmes peu politisées et qui découvrent tout juste les problématiques féministes. Nous avons toutes commencé à un degré zéro de conscience politique et féministe. La colère et la radicalité se développent au fil des parcours de vie, et il suffit de peu de choses pour construire des personnes engagées.

Malgré cela, l’existence d’alliances entre ces collectifs, des lobbys patronaux et des éditeurs pose problème, tant du point de vue de la prévention des violences que de celui d’une stratégie féministe radicale :

  • leurs initiatives participent alors à blanchir les studios, éditeurs ou écoles avec lesquelles elles travaillent des actions qu’ils prennent contre les femmes ;
  • les femmes ne s’y retrouvent mises en avant que dans une performance symbolique, érigées en trophées de diversité pour satisfaire les discours hypocrites des organisations patronales ;
  • leur fonctionnement crée les conditions d’émergence et de maintien d’un féminisme blanc, valide et bourgeois, qui ne comprendra jamais les réalités des autres femmes et qui, à terme, exclura d’avantage de personnes précaires, LGBT+, racisées et/ou handicapées de l’industrie ;
  • ces alliances impliquent une absence d’indépendance vis-à-vis des éditeurs et des lobbys patronaux, qui couperont court à toute critique féministe jugée trop virulente et ont déjà empêché ces organisations de s’exprimer lors des récentes révélations.

La lutte contre les oppressions dans le jeu vidéo ne marchera pas tant qu’elle servira de faire-valoir au patronat. Iels ont déjà prouvé toute leur hypocrisie en faisant du lobbying auprès des parlementaires pour imposer le retrait d’un amendement imposant un critère de genre à l’attribution du Crédit d’impôt jeu vidéo. Iels ne servent que leurs intérêts personnels, et jamais ceux des femmes et des minorités de genre. Il n’est plus besoin non plus de prouver que le patronat du jeu vidéo a longtemps favorisé le développement d’environnements de travail toxiques envers les femmes et minorités de genre, qui y subissent encore aujourd’hui des violences sexistes et sexuelles.

Les réflexes de protection des personnes ayant du pouvoir

Ces dernières années, la presse généraliste et spécialisée a rendu compte du système de violence qui s’épanouissait dans l’industrie du jeu vidéo. Cette production journalistique est directement issue de ce que certain‧es ont appelé la libération de la parole des femmes, même si, dans les faits, les femmes n’ont pas attendu l’arrivée des réseaux sociaux pour parler, surtout entre elles, de ce qu’elles vivaient.

En réaction à cette mauvaise presse, les patron·nes, studios et directions d’écoles ont mis en place de nombreuses initiatives pour favoriser des politiques de diversité qui ne sont, comme nous avons déjà pu le démontrer, que des campagnes de communication. Il est attendu des femmes qui portent ces politiques de diversité qu’elles soient dociles et ne remettent pas en question l’ordre établi, mais permettent aux directions d’ignorer les conditions de travail discriminatoires auxquelles les personnes de genres marginalisés sont confrontées.

On trouve en première ligne de ces campagnes de communication des éditeurs de renom : Riot Games, Activision-BlizzardUbisoft, et tant d’autres où prospèrent et continuent de prospérer des entre-soi masculins et environnements misogynes, sexistes et dangereux pour les femmes et les personnes de genres marginalisés. Mais les studios de plus petite taille ne sont pas exempts de ces environnements et, au contraire, la précarité qui y règne favorise les comportements de harcèlements et violences.

Dans la quasi-totalité des cas, les patron·nes et les personnes aux postes de pouvoir (managers, RH) se protègent mutuellement et utilisent les structures anti-démocratiques des entreprises pour se mettre à l’abri. Peu importe la taille de l’entreprise, les femmes et les personnes de genres marginalisés se retrouvent face au même choix : se taire et subir, ou partir.

Lutter contre la précarisation

Les femmes et minorités de genre sont sur-représentées dans les métiers les plus précaires, quelle que soit l’industrie. À cause des discriminations qu’on leur impose, elles rencontrent de plus grandes difficultés pour trouver un emploi, accumuler de l’expérience, faire reconnaître leur expertise… ce qui leur laisse moins de liberté pour refuser des postes et conditions de travail précaires. De plus elles sont très souvent responsables du travail reproductif sur leur temps « libre », qu’il s’agisse du travail domestique, des enfants ou d’autres responsabilités familiales.

Il existe des solutions pour briser cette précarité : améliorer la stabilité de l’emploi, favoriser la réduction du temps de travail sans perte de salaire, mettre en place des jours de congés illimités, mettre fin à la cooptation qui entretient l’entre-soi masculin, et bien d’autres. Les revendications formulées par le STJV en mars et en juin l’année dernière répondent à ces besoins.

Les discriminations, les violences sexistes et sexuelles ne disparaitront pas par magie. Cela passera autant par la formation que par l’évolution directe des conditions de travail, par redonner du pouvoir d’agir aux femmes et aux personnes de genre marginalisé.

C’est l’organisation collective des personnes concernées, nous, travailleuses et travailleurs du jeu vidéo, qui permet de créer de véritables lieux d’échanges, de soutiens et de luttes en dehors de toute dépendance aux logiques d’exploitation capitalistes. Par l’action syndicale, nous pouvons contraindre le patronat à accepter nos revendications pour une industrie du jeu vidéo plus juste.

Le syndicalisme comme outil de lutte

Les femmes et les personnes de genres marginalisés ont toujours été présentes dans les luttes ouvrières. Le 8 mars, journée de lutte internationale pour les droits des femmes, a pour origine la grève des ouvrières de Saint-Pétersbourg, le 8 mars 1917, qui a déclenché les révolutions russes. Ce n’était ni la première ni la dernière fois que les femmes se mobilisent.

Bien que leurs luttes, tout comme leur place dans le monde du travail, soient invisibilisées dans l’histoire ouvrière, les mobilisations des femmes sont des moteurs et ne se limitent pas à un domaine. Le patriarcat et le capitalisme se nourrissant l’un l’autre, lorsque les femmes luttent pour des droits spécifiques, elles font bien souvent avancer les droits et les conditions de travail pour la société dans son ensemble. La révolution sera féministe ou ne sera pas.

Dans le jeu vidéo, on peut mentionner l’article de Kotaku en 2018 et la grève des travailleur·se·s de Riot Games en 2019, l’organisation collective des personnes concernées a secoué l’ordre établi. Leurs mobilisations ont mené à des actions en justice et, on l’espère prochainement, à des changements majeurs des conditions de travail pour l’industrie du jeu vidéo aux USA.

En créant le STJV en 2017, nous avions pour objectif de détruire les derniers bastions idéologiques qui disaient que le secteur du jeu vidéo était une grande famille, un lieu de passion où la politique n’avait pas sa place. Depuis plus de cinq ans, nous bataillons pour rendre le milieu professionnel du jeu vidéo français plus juste pour tous·tes les travailleur·ses, et en particulier pour les femmes et les personnes de genres marginalisés qui continuent de subir des conditions de travail et d’existence délétères.

Les syndicats sont des espaces de lutte pour les droits des femmes et les personnes de genre marginalisé, qu’il s’agisse de créer des espaces de parole en non-mixité, d’accompagner juridiquement des femmes victimes de violences sexistes et sexuelles dans les entreprises, de contraindre les patron‧es à redonner du pouvoir aux salariées ou encore à saper l’autorité et le pouvoir des agresseurs et de ceux qui les protègent.

Ce qui nous donne le pouvoir de prendre la parole et d’agir c’est de pouvoir nous regrouper, reconnaître nos problématiques communes, connaître nos droits, nous former sur les violences que l’on subit, les qualifier, et nous soutenir mutuellement pour obtenir justice et briser le système à l’origine de ces violences.

Rejoindre un syndicat, c’est réaffirmer un pacte d’amitié, de solidarité et de défense mutuelle entre toutes les travailleur‧ses du jeu vidéo. C’est se former sur le recueil de la parole de nos camarades, sur la culture du viol, et c’est lutter contre les mécanismes patriarcaux à l’œuvre dans nos milieux. C’est briser notre isolement et nous entraider pour créer le rapport de force qui permettra d’améliorer nos conditions de vie à tous·tes.

Nous, femmes et personnes marginalisées du STJV appelons nos adelphes à se syndiquer pour former un bloc féministe radical et créer ensemble les conditions nécessaires pour anéantir tout le système de violences patriarcales du secteur du jeu vidéo. Que, plus jamais, aucune femme et aucune personne marginalisée qui arrive dans l’industrie n’ait à subir ce que nous avons subi, et qu’il y ait des conséquences pour les oppresseurs.

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9 idées-reçues et questions sur la grève et le mouvement contre la réforme des retraites

9 idées reçues FR

De nombreuses idées-reçues, informations inexactes, etc. sur la grève circulent dans nos milieux professionnels. En prévision du mouvement de grève commençant les 7 et 8 mars prochain, nous avons essayé de répondre aux questions les plus fréquentes que nous avons pu rencontrer.

Vous pouvez retrouver notre appel à la grève courant du 7 au 12 mars ici : Appel à la grève générale reconductible les 7 et 8 mars et au-delà

Pour plus d’informations sur le fonctionnement du droit de grève dans le privé, nous avons une fiche pratique là : La grève dans le droit privé

Ça sert à quoi la grève ?

Une grève, ce n’est pas uniquement un moyen d’aller manifester : c’est un moyen de pression économique. Quand on travaille, on produit de la valeur économique : en arrêtant de travailler, cette valeur n’est pas produite. L’arrêt du travail est l’outil le plus efficace que les travailleur‧ses peuvent utiliser pour agir politiquement.

Dans le cas d’une grève locale, ça permet de forcer nos patron‧nes à céder à des revendications sous peine de leur faire perdre énormément d’argent. Et dans le cas d’une grève générale (comme celle qui commence le 7 mars), ça met aussi la pression au gouvernement : l’arrêt de l’économie a des conséquences sur tous les aspects sociaux et politiques.

Ça sert à quoi de faire grève dans le jeu vidéo ?

Dans le jeu vidéo spécifiquement, se joindre à la grève générale peut causer des retards dans les livraisons aux éditeurs, des retards de sortie, de communication… mais aussi des dysfonctionnement organisationnels. Mettre la pression à nos patron‧nes les oblige à se mobiliser pour demander le retrait de la réforme des retraites via leurs lobbys comme le SNJV et le SELL, qui sont des organisations patronales en contact direct et régulier avec le gouvernement.

Mais l’industrie du jeu vidéo est aussi une industrie comme toutes les autres. Elle fait partie de l’économie et produit d’énormes bénéfices… En provoquant des retards pour ralentir la production, on participe en réalité à un effort collectif pour ralentir (ou mieux : mettre à l’arrêt) l’économie à l’échelle de tout le pays. La grève est donc un moyen très efficace de rappeler que les jeux existent bien grâce à nous, les travailleur·ses et que ce ne sont pas nos directeur‧ices qui portent le projet.

Ça sert à rien de faire grève dans une industrie pas essentielle…

Il est vrai que toutes les industries n’ont pas le même poids à très court terme, mais la mobilisation de tous les secteurs est indispensable pour durer dans le temps. Dans une économie comme la nôtre où chaque secteur est lié à la santé d’un autre, toutes les industries sont essentielles puisqu’elles produisent toutes de la valeur économique !

Ça permet aussi d’éviter ce qu’on appelle la « grève par procuration », c’est-à-dire que quelques industries impliquées fassent grève « pour les autres », ce qui est très souvent inefficace : isolées, elle ne peuvent pas tenir dans la durée et leur légitimité est remise en question par les pouvoirs publics. En étant toutes et tous solidaires, quelles que soient nos industries, le gouvernement ne peut pas se permettre d’ignorer nos revendications sans se compromettre.

De toute façon le projet de loi va passer…

À ce stade, ce n’est pas certain. Le mouvement est très fort, l’examen de la loi se passe très mal à l’assemblée et la réforme est extrêmement impopulaire : les deux-tiers des Français disent être opposés à la réforme des retraites et soutiennent massivement la grève commençant le 7 mars.

Alors oui, tous les mouvements sociaux n’ont pas gain de cause. Mais il y a historiquement de très nombreux exemples de réformes auxquelles les gouvernements précédents ont été obligés de renoncer. Et à chaque fois, la victoire a toujours été obtenue avec le soutien de l’opinion publique et par des grèves massives impliquant une large majorité de travailleurs·ses. Il est donc essentiel que le plus de gens possibles se mobilisent à partir du 7 mars pour faire plier le gouvernement.

Pourquoi mêler retraite et droits des femmes ?

Ce ne sont pas les syndicats qui « mêlent » ces deux sujets : les femmes et minorités de genre sont déjà désavantagées dans le système de retraite actuel ! Discriminations salariales, difficultés d’accès aux postes les mieux payés, carrières fragmentées par la maternité ou par les contraintes familiales qui reposent plus souvent sur elles que sur les hommes… Tous ces problèmes existent d’ailleurs notoirement dans le jeu vidéo. Les femmes partent généralement en retraite plusieurs années après les hommes et avec une pension en moyenne bien plus faible.

La réforme des retraites proposée par le gouvernement ne ferait qu’empirer la situation, avec un impact négatif presque doublé pour les femmes et les minorités de genre, ce que reconnaît une étude commandée par le gouvernement lui-même !

En plus, avoir une véritable égalité salariale serait un moyen concret de financer le système de retraites : augmenter les salaires des femmes augmenterait fortement les cotisations qui financent le budget du système de retraites.

Je ne peux pas faire grève, personne de mon équipe ne la fait.

La grève est un effort collectif, pas individuel, donc même si vous êtes le seul de votre entreprise à la faire vous participez à l’effort général.

Ceci dit, c’est toujours difficile d’être le premier à faire grève dans son équipe. Et il n’est pas question de se forcer à la faire si on est dans un contexte professionnel défavorable.

Mais prendre son courage à deux mains rend l’action de faire grève doublement utile : non seulement parce qu’on participe à un effort collectif de lutte, mais aussi parce qu’être le premier à faire grève permet de le normaliser au sein de son entreprise et d’imposer le sujet parmi ses collègues. C’est d’autant plus facile si vous êtes plusieurs de l’entreprise à faire grève, même dans des équipes différentes.

Beaucoup d’entre nous sont passé par cette étape d’être le ou la première à faire grève et on est souvent surpris‧e d’être très vite rejoint par d’autres collègues qui, en réalité, hésitaient elleux-aussi à faire le premier pas !

Ça met mes collègues et/ou la production dans l’embarras…

Alors mettre la production dans l’embarras, c’est le but ! Ça permet de rappeler à tout le monde que c’est bien grâce à vous que les jeux existent et donc que vous êtes important·e dans l’entreprise. Et surtout, ça vous permet de dégager du temps pour prendre du recul, interroger votre place dans la production et en tirer des conclusions.

En revanche, mettre vos collègues dans l’embarras, c’est un peu plus gênant. Il ne faut pas que votre absence augmente leur charge de travail. D’abord pour des raisons de solidarité entre travailleur·ses d’une même entreprise, mais aussi sous peine de risquer de les rendre hostiles à la grève (et/ou à vous). Dans ce genre de cas, il est d’autant plus important d’arriver à mobiliser d’autres personnes en préparant le terrain pour empêcher le report du travail sur vos collègues en abordant le sujet le plus tôt possible et obtenir leur soutien ou encore mieux, leur ralliement.

Mon patron ou mon lead va mal le prendre si je fais grève !

D’abord, il est bon de rappeler qu’on ne peut pas vous reprocher de faire grève : c’est illégal. Si on vous le reproche, essayez d’en conserver des preuves et n’hésitez pas à contacter le STJV.

Que vos supérieurs le prennent mal, c’est normal : là encore, ça fait partie du principe de faire grève et c’est d’autant plus le cas avec votre patron‧ne. S’il faut bien sûr faire attention à ne pas trop s’exposer, il faut réaliser que dans l’extrême majorité des cas (et heureusement), participer à une grève nationale n’a pas de conséquence pour vous. C’est d’autant plus vrai pour le mouvement contre la réforme des retraites, qui est très suivi par les médias et largement soutenu par l’opinion publique.

Est-ce que je dois prévenir que je fais grève ?

Non, pas du tout. Vous pouvez faire grève et l’expliquer par la suite, si on vous demande pourquoi vous étiez absent‧e. C’est même le fonctionnement normal. Votre entreprise n’a pas le droit de vous imposer un processus RH pour vous déclarer à l’avance, vos leads ou patron‧nes n’ont techniquement pas non plus le droit de vous demander à l’avance si vous ferez grève : vous pouvez leur répondre comme vous voulez, et vous avez même le droit de mentir dans ce cas précis.

Cependant, se déclarer à l’avance peut permettre de faire passer la pilule plus facilement à votre entreprise. Ça peut aussi encourager d’autres collègues à vous imiter et faire grève également. Vous pouvez par exemple l’annoncer à l’avance ou le jour-même à votre lead directement, par des canaux publiques / d’équipe / de projet. En revanche, on déconseille de se contenter de prévenir uniquement les RH.

Comptes
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