Appel à la grève dans le jeu vidéo le 16 février 2023 – Mobilisation pour les retraites

Après 3 très grosses journées de mobilisation, le mouvement contre la réforme des retraites continue, avec notamment une journée de mobilisation à venir le samedi 11 février. Le gouvernement campe sur ses positions et prétend se moquer des millions de grévistes qui affichent clairement leur opposition à ce projet.

Face à leurs mensonges, allant jusqu’à prétendre que cette réforme pourrait être bénéfique pour les pauvres et les femmes, nos revendications ne changeront pas. Plutôt que de travailler plus, nous revendiquons de travailler moins : chaque semaine, en instaurant la semaine de 4 jours / 28 heures de travail, et tout au long de notre vie par le retour à la retraite à 60 ans.

Pour vaincre le projet de réforme des retraites et gagner de meilleur droits, il faut continuer à nous mobiliser massivement, toutes et tous ensembles, en continuant à faire grève. Pour pouvoir manifester, mais aussi et surtout pour réaffirmer la place des travailleur·ses dans l’économie : ce sont elles et eux qui produisent toute la valeur économique.

Chaque jour de grève qui est suivi massivement inflige d’importantes pertes économiques au patronat et aux classes supérieures, et érode leur soutien pour le projet de réforme soutenu par le gouvernement. Ces pertes sont l’outil qui nous permettra de faire plier celles et ceux qui veulent nous appauvrir et nous exploiter toujours plus tard dans nos vies.

Le Syndicat des Travailleurs et Travailleuses du Jeu Vidéo appelle donc à la grève le jeudi 16 février. Nous appelons travailleur‧ses, chômeur‧ses, retraité‧es et étudiant·es du jeu vidéo à se mobiliser en entreprise, assemblée générale et manifestation partout en France. Le STJV sera officiellement présent à plusieurs manifestations.

Nous rappelons que cet appel couvre le champ d’action du STJV dans le secteur privé, et concerne donc toute personne employée par une société d’édition, distribution, services et/ou création pour le jeu vidéo quel que soit son poste ou son statut et quel que soit le domaine d’activité de sa société (jeux, consoles, mobile, serious games, VR/AR, moteurs de jeu, services marketing, streaming, produits dérivés, esport, création de contenu en ligne, etc.), ainsi que tout·es les enseignant·es travaillant dans des écoles privées dans des cursus en lien avec le jeu vidéo. Puisqu’il s’agit d’un appel national à la grève, aucune démarche n’est nécessaire pour se mettre en grève : il suffit de ne pas venir travailler.

N’hésitez pas à nous contacter si vous avez des questions.

Mobilisation pour les retraites – Appel à la grève dans le jeu vidéo du 31 janvier au 11 février 2023

Reconduction de l’appel jusqu’au 11 février 2023

Après l’immense succès de la journée de mobilisation du 31 janvier, encore plus grosse que celle du 19 qui était déjà un record dans notre industrie, le gouvernement a déjà répété qu’il ne voulait pas revenir sur son projet de réforme. Pire encore, le 1er février est entré en vigueur une réduction de la durée des droits au chômage, qui va appauvrir beaucoup de gens et rendre plus difficile l’obtention du droit à une retraite complète, ajoutant à l’horreur du projet de réforme.

Pour maintenir la pression et continuer la mobilisation des travailleur·ses du jeu vidéo, le 1er Février le STJV a décidé de reconduire cet appel à la grève jusqu’au samedi 11 février 2023 inclus.

Le STJV appelle particulièrement à faire grève et manifester mardi 7 février et samedi 11 février dans toute la France, et à mobiliser les travailleur·ses dans les entreprises pour ces dates. Le STJV sera officiellement présent à plusieurs manifestations pour ces 2 dates.


Le début de la mobilisation contre la réforme des retraites, le 19 janvier, a été exceptionnel partout en France, y compris dans le jeu vidéo. Rien que côté STJV on compte déjà, à la publication de cet appel, près de 250 personnes dans les cortèges STJV et en grève, dans plus de 30 entreprises du jeu vidéo différentes (chiffres incomplets, comptage toujours en cours).

Le gouvernement a répondu à la mobilisation par son mépris habituel, exprimant sa volonté de continuer en ignorant l’impopularité massive de sa réforme. Et ce alors que le président du Conseil d’Orientation des Retraites a confirmé ce que les syndicats expliquent depuis des semaines : cette réforme est un choix politique, en aucun cas une nécessité 1.

Car le gouvernement ne compte pas changer sa politique de diminution des taxes aux entreprises et d’augmentation des financements publics à celles-ci sans contrepartie. Et il préfère pour cela faire payer les travailleur‧ses, en particulier celleux qui ont commencé à travailler tôt, les plus précaires et celleux dont la pénibilité des métiers n’est pas reconnue.

Nos revendications ne changent pas non plus : plutôt que de travailler plus, nous revendiquons de travailler moins : chaque semaine, en instaurant la semaine de 4 jours / 28 heures de travail, et tout au long de notre vie par le retour à la retraite à 60 ans.

Pour vaincre ce projet et gagner de meilleur droits, il faut construire un mouvement massif et à long terme, toutes et tous ensembles : en continuant à faire grève, à nous mobiliser en manifestation, à discuter avec nos collègues, à nous syndiquer…

Le Syndicat des Travailleurs et Travailleuses du Jeu Vidéo appelle donc à la grève du 31 janvier au 3 février inclus. Nous appelons travailleur‧ses, chômeur‧ses, retraité‧es et étudiant·es du jeu vidéo à se mobiliser en entreprise, assemblée générale et manifestation partout en France. Le STJV sera officiellement présent à plusieurs manifestations.

Nous rappelons que cet appel couvre le champ d’action du STJV dans le secteur privé, et concerne donc toute personne employée par une société d’édition, distribution, services et/ou création pour le jeu vidéo quel que soit son poste ou son statut et quel que soit le domaine d’activité de sa société (jeux, consoles, mobile, serious games, VR/AR, moteurs de jeu, services marketing, streaming, produits dérivés, esport, création de contenu en ligne, etc.), ainsi que tout·es les enseignant·es travaillant dans des écoles privées dans des cursus en lien avec le jeu vidéo. Puisqu’il s’agit d’un appel national à la grève, aucune démarche n’est nécessaire pour se mettre en grève : il suffit de ne pas venir travailler.

N’hésitez pas à nous contacter si vous avez des questions.

Appel à la grève dans toutes les entités du groupe Ubisoft en France le 27 janvier après-midi

Cet appel a été écrit par des adhérent‧es STJV salarié‧es du groupe Ubisoft en France, et est publié en commun avec nos camarades de Solidaires Informatique.

Les travailleurs et les travailleuses du jeu vidéo ne sont pas une ressource consommable qu’on évacue par une soi-disant « attrition naturelle » comme un corps étranger.

Alors que nous sommes en mesure de constater l’absurdité des conditions de production des jeux et la façon dont nos collègues et nos camarades sont traité-es comme des poids et des charges dont il faudrait se débarrasser, la direction de notre entreprise continue de remettre en question le travail effectué sans jamais considérer la possibilité de ses propres échecs et aveuglements.

Nous n’abandonnerons pas nos collègues ni nos camarades. Et nous ne laisserons pas plus longtemps notre employeur parler de notre travail de la sorte en se dédouanant de toute responsabilité tandis qu’il en appelle à « donner le meilleur de nous-même » pour réparer ses propres erreurs.

Le STJV appelle les travailleurs et les travailleuses de toutes les entités françaises d’Ubisoft à la grève vendredi 27 janvier de 14 à 18 heures.

Nous exigeons dans les plus brefs délais :

Si vous vous posez des questions sur les modalités selon lesquelles participer à une grève, vous pouvez vous référer à notre fiche pratique sur le sujet, ou contacter l’une de nos sections à Ubisoft Paris, Montpellier ou Annecy.

Mobilisation pour les retraites – Caisse de grève du STJV

Lors du mouvement contre la réforme des retraites en 2019/2020, le STJV s’était engagé dans la grève et avait finit, après plusieurs semaines, par recourir à la caisse de grève intersyndicale tenue par la CGT Info’com (qu’on remercie encore chaleureusement) pour compenser les salaires de ses adhérent‧es qui en avaient besoin. Pour le mouvement de 2023, nous comptons nous organiser plus tôt et créons notre propre caisse de grève interne.

À quoi ça sert ?

Les heures et jours de grève ne sont pas rémunérés. Cela limite le nombre de personnes qui peuvent se mobiliser sur les mouvements de grève et, pour celleux qui le peuvent, cela peut vite représenter un coût financier important.

Pour limiter ces problèmes et permettre aux travailleur‧ses de se mobiliser largement, on fait appel à la solidarité et au collectif en créant des caisses de grèves, des fonds qui sont reversés aux grévistes qui en ont le plus besoin.

Comment donner ?

La caisse de grève du STJV est constituée en partie d’argent issue d’un fond de grève interne, alimenté par une petite partie des cotisations des adhérent‧es, mais reste majoritairement tributaire de dons.

Pour participer à la caisse de grève du STJV, il vous suffit de faire un virement sur le compte du STJV dédié aux caisses de grève, dont voici les coordonnés :
IBAN : FR76 1027 8060 3100 0207 2930 259
BIC : CMCIFR2A

Pour simplifier les comptes et l’identification des dons à la caisse de grève, pensez s’il vous plait à mentionner « caisse de grève » dans le libellé de votre virement.

Vous pouvez également donner via la Caisse de solidarité ici : https://caisse-solidarite.fr/c/stjv/

Nous ferons un suivi public régulier du montant de la caisse de grève, et de sa répartition.

Comment ça marche ?

Régulièrement tout au long du mouvement de grève, le STJV recensera les grévistes en interne et dans les entreprises où le syndicat a des sections syndicales, afin d’évaluer les besoin d’indemnisation, et récupérer les informations nécessaires pour faire ces indemnisations.

Après chaque recensement, les grévistes déclaré‧es sont invité à décider collectivement et démocratiquement de la répartition des fonds disponibles, en prenant en compte les informations à leur disposition, les besoin de chacun‧e et les suites du mouvement.

Qu’est-ce qu’on fait de l’excédent, s’il y en a à la fin ?

De la même manière, en cas d’excédent dans la caisse de grève, les adhérent‧es du STJV décident collectivement de qu’en faire : en reverser tout ou à partie à d’autres caisses de grèves, au fond de grève interne du STJV pour de futurs mouvements, à des associations, etc.

Dans un effort de transparence, ces décisions seront rendues publiques.


Redistribution pour la période du 19 au 26 janvier

Au 8 Février, le montant de la caisse de grève du STJV était de 6626 €. Pour la grève du 19 au 26 janvier, les grévistes réuni‧es ont redistribué 1280 € aux personnes qui en avaient fait la demande. Les 5346 € restants ont été reportés pour la suite du mouvement.

Les grévistes se réuniront de nouveau début mars pour redistribuer la caisse de grève pour la période allant du 31 janvier au 28 février.

Redistribution pour la période du 31 janvier au 16 février

Au 28 Février, le montant de la caisse de grève du STJV était de 5946 €. Pour la grève du 31 janvier au 16 février, les grévistes réuni·es ont redistribué 5800 € aux personnes qui en avaient fait la demande. Les 146 € restants ont été reportés pour la suite du mouvement.

Les grévistes se réuniront de nouveau fin mars pour redistribuer la caisse de grève pour la période allant du 1er au 31 mars.

Redistribution pour la période du 7 au 31 mars

Le 7 avril, le montant de la caisse de grève du STJV était de 13 501 €. Pour la grève du 7 au 31 mars, les grévistes réuni·es ont redistribué 14 250 € aux personnes qui en avaient fait la demande. Les 749 € manquants seront avancés par le syndicat.

Les grévistes se réuniront de nouveau début mai pour redistribuer la caisse de grève pour la période allant du 1er au 30 avril.

Mobilisation pour les retraites – Appel à la grève dans le jeu vidéo du 19 au 26 janvier 2023

Le gouvernement a annoncé le 10 janvier 2023 son projet de reporter l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans, avec une accélération de l’augmentation de la durée de cotisation.

Cette réforme frapperait de plein fouet l’ensemble des travailleurs et travailleuses, et plus particulièrement celleux qui ont commencé à travailler tôt, les plus précaires, dont l’espérance de vie est inférieure au reste de la population, et celleux dont la pénibilité des métiers n’est pas reconnue. Elle aggraverait la précarité des personnes n’étant déjà plus en emploi avant leur retraite, et renforcerait les inégalités de genre.

Le système de retraites actuel n’est pas en danger financièrement. Rien ne justifie une réforme aussi brutale.

Sa raison réelle est le refus obstiné du gouvernement de taxer les entreprises, et au contraire de maintenir sa politique de diminution de ces taxes et de versement d’argent public sans contrepartie : les « aides » aux entreprises représentent le premier poste de dépense de l’état, un tiers du budget de la France.

Plutôt que de travailler plus, nous revendiquons de travailler moins : chaque semaine, en instaurant la semaine de 4 jours / 28 heures de travail, et tout au long de notre vie par le retour à la retraite à 60 ans.

Le Syndicat des Travailleurs et Travailleuses du Jeu Vidéo rejoint la mobilisation syndicale en appelant à la grève du 19 au 26 janvier 2023. Nous appelons travailleur‧ses, chômeur‧ses, retraité‧es et étudiant·es du jeu vidéo à se mobiliser dans leurs entreprises, dans les assemblées générales et dans les manifestations qui auront lieu partout en France. Le STJV sera officiellement présent dans plusieurs de ces manifestations.

Nous rappelons que cet appel couvre le champ d’action du STJV dans le secteur privé, et concerne donc toute personne employée par une société d’édition, distribution, services et/ou création pour le jeu vidéo quel que soit son poste ou son statut et quel que soit le domaine d’activité de sa société (jeux, consoles, mobile, serious games, VR/AR, moteurs de jeu, services marketing, streaming, produits dérivés, esport, création de contenu en ligne, etc.), ainsi que tout·es les enseignant·es travaillant dans des écoles privées dans des cursus en lien avec le jeu vidéo.

Pour toutes ces personnes, et puisqu’il s’agit d’un appel national à la grève, aucune démarche n’est nécessaire pour se mettre en grève : il suffit de ne pas venir travailler le jour où vous souhaitez faire grève.

Pour rappel, nous avons une fiche sur le droit de grève dans le secteur privé sur notre site, ici : La grève dans le droit privé

N’hésitez pas à nous contacter si vous avez des questions.

C’est quoi un syndicat ?

En 2022, nombre de nos camarades ont pu assister, et participer, à des discussions sur ce qu’est un‧e travailleur‧se, ce que sont les syndicats et leur utilité. Ce fut le cas notamment suite à l’élection présidentielle, lorsque le STJV s’était joint aux voix qui appelaient à se syndiquer et rappelaient que nos luttes sont des affaires quotidiennes, qui se construisent à long terme. Plus récemment, une vidéo de People Make Games avait beaucoup fait parler dans nos milieux.

Le constat général qui ressort de ces discussions est que, y compris dans les milieux syndicaux et chez les personnes concernées directement, il y a beaucoup de confusion sur ce que sont les syndicats, le syndicalisme, les travailleur‧ses…

Certains avis exprimés dans ces discussions conféraient aux syndicats des champs d’action et des objectifs très limités. D’autres relayaient même, involontairement, des clichés anti-syndicaux qui imprègnent notre société, et ouvraient la porte à des initiatives anti-syndicales.

Tout cela ne correspondant ni à la réalité de ce que nous faisons au STJV, ni à nos objectifs, nous avons rédigé cet article pour lutter contre cette confusion, définir les termes importants du débat, et présenter les positions actuelles du STJV, issues de l’histoire dans laquelle nous nous inscrivons et de nos statuts, pratiques et discussions internes.

Le paysage syndical étant très diversifié, tous les syndicats, et encore plus les syndicalistes qui les composent, n’ont pas forcément le même positionnement. Cela est d’autant plus vrai entre les syndicats de différents pays, qui évoluent dans des conditions légales et culturelles différentes.

Nous rappelons qu’il n’est pas nécessaire d’être d’accord avec toutes les positions actuelles du STJV pour y adhérer. C’est à travers notre travail et nos discussions internes que nous définissons la ligne politique suivie par le syndicat.

Qui sont les travailleur‧ses ?

Pour pouvoir définir ce qu’est un‧e travailleur‧se, il faut d’abord prendre du recul et expliquer ce qu’est le travail et donc, par ricochet, ce qu’est la production.

Prise dans un sens général, la production est l’ensemble de tout ce que la société au sens large produit, qui nous permet de vivre et que nous utilisons directement ou indirectement au quotidien. Son sens est tellement large qu’il est difficile d’en définir les contours rapidement mais, à titre d’exemple, cela regroupe aussi bien la production de nourriture, de vêtements, de meubles, de logement que de loisirs, comme les jeux vidéo, de services, comme les soins, l’information, les télécommunications, les transports, ou encore de connaissances, via notamment la recherche…

Le travail, c’est toute activité qui permet directement ou indirectement la production de quelque chose, quel que soit l’effort ou l’activité qu’on trouve derrière ce mot. Si on prend l’exemple d’une console de jeu, le travail direct qui a été nécessaire pour la produire regroupe entre autres : la récolte de matières premières, leur transport, leur transformation, leur assemblage, la conception de ses composants, le transport vers les magasins, le marketing associé, leur vente…

Ce travail dit productif n’est lui-même possible que grâce au travail dit reproductif, qui permet de libérer le temps de travail humain nécessaire à la production et de maintenir l’énergie et la santé des employé·es. Cela inclut tout travail domestique, non rémunéré et non reconnu, notamment toutes les tâches ménagères et la garde d’enfant.

Nous vivons toutes et tous grâce à un travail collectif qui permet de produire les ressources dont nous avons besoin.

Les travailleur‧ses ne sont donc pas seulement les personnes salariées en entreprise, ou qui ont des contrats de travail en cours. Il ne faut pas tomber dans la confusion courante entre travail et emploi. Le travail a toujours existé et existera toujours, alors que l’emploi est une façon particulière d’organiser une partie du travail dans le système économique capitaliste.

Le terme « travailleur‧se » désigne toute personne que l’organisation économique capitaliste force à effectuer du travail, quel qu’en soit la forme et quelle que soit leur capacité réelle à travailler. Cela regroupe donc les personnes dites « au foyer » qui s’occupent des enfants, les bénévoles dans les associations, les militant‧es d’organisations politiques, les artistes et créateurices de contenu, mais aussi les chômeur‧ses qui subissent des pressions permanentes au retour à l’emploi, les personnes handicapé‧es qui doivent justifier de manière intrusive pour leur vie privée leur incapacité à travailler sans aucune garantie qu’elle soit reconnue, et tant d’autres.

Qui organise la production ?

Actuellement, les personnes qui ont la capacité de déterminer ce qui est produit sont celles qui possèdent les usines, machines, ordinateurs, matières premières, brevets, appartements en location, plateformes en ligne, propriétés intellectuelles, journaux, etc. Tout ce qui est nécessaire à produire quelque chose est regroupé dans ce qu’on appelle les moyens de production. Pour un exemple relatif au jeu vidéo, vous ne pouvez pas produire un jeu Assassin’s Creed si vous n’en possédez pas la licence, si vous n’avez pas de moteur de jeu à disposition, d’ordinateurs, de locaux pour travailler : ce sont des moyens de production.

Les personnes qui possèdent ces moyens ont le pouvoir de décider de ce qu’elles en font, ou n’en font pas. Dans notre système économique, ces décisions se basent sur la valeur marchande de ce qui est produit, et non pas sur sa valeur sociale. On peut prendre comme exemple les entreprises pharmaceutiques qui arrêtent la production de médicaments pourtant indispensables à la survie de malades car ceux-ci ne sont pas assez rentables économiquement.

Ni les personnes qui produisent ces médicaments, ni celles qui en ont besoin pour vivre ne peuvent choisir de les produire quand même. Elles n’en ont pas le pouvoir puisqu’iels ne possèdent pas les moyens de production nécessaires. C’est la relation aux outils de production qui définit ce qu’on appelle les classes sociales : on appelle bourgeoisie la classe qui les contrôle, et prolétariat celle qui ne les contrôle pas.

La bourgeoisie ayant besoin du prolétariat pour fournir le travail nécessaire à la production, ne serait-ce que de par son faible nombre, elle emploie des prolétaires pour produire des biens et services. Leur travail est moins rémunéré que la valeur de ce qu’iels produisent, pour en tirer un profit : c’est ce qu’on appelle l’exploitation. Dans le jeu vidéo par exemple, les bénéfices d’un jeu ne sont pas répartis équitablement entre les personnes qui l’ont fabriqué : la majeure partie va aux éditeurs, patron‧nes et actionnaires, c’est à dire aux personnes qui possèdent les moyens de production.

Le prolétariat se définit donc en opposition à la bourgeoisie, à la fois sur le contrôle des moyens de productions mais aussi sur la différence d’obligation sociale à travailler. En ce sens, les mots « prolétaires » et « travailleur·ses » sont synonymes dans les communications du STJV.

Que sont les syndicats ?

Pour assurer que la production bénéficie réellement aux personnes qui en ont besoin et à la société en général, il faut que le prolétariat puisse décider collectivement ce qui est produit, comment, en quelle quantité, et à qui tout cela est distribué. C’est ici que les syndicats interviennent.

Si les syndicats sont à la base des organisations de travailleur·ses, c’est parce que l’organisation de la production actuelle tourne autour du travail. Dans notre système économique, les mécanismes sociaux de redistribution du capital, d’accès aux services public, toutes les aides, allocations, indemnités et retraites, sont alimentées par la production économique. Toutes les personnes qui en bénéficient dépendent donc du travail.

Le syndicalisme est une stratégie qui profite du poids que peuvent avoir les prolétaires employé·es en agissant directement sur la production et notamment en bloquant la production capitaliste , mais il ne s’arrête pas pour autant aux portes des usines et des immeubles de bureaux.

Le processus de réorganisation de la production concerne tous les prolétaires, et doit donc impérativement les inclure toutes et tous. La lutte syndicale ne tourne pas uniquement autour du salariat, mais concerne toute personne appartenant au prolétariat. Les travailleur‧ses non salarié et les personnes qui bénéficient de la redistribution du capital et des services publics ont déjà leur place dans le mouvement syndical, comme le montrent par l’exemple les syndicats de sans-papiers, auto-entrepreneurs, chômeur·ses, retraités ou encore travailleur·ses des plateformes.

Quel est leur domaine d’action ?

Bien que cela reste une de leurs activités principales, et parfois la plus visible, les syndicats ne se limitent donc pas à la représentation en entreprise, ni au cadre légal sciemment restrictif du « dialogue social ». Les pouvoirs que leur confère la loi sont utiles et pratiques, mais n’empêchent pas de s’organiser hors de ce cadre.

Les idées néolibérales, malheureusement répandues, prétendent le contraire dans le but d’institutionnaliser les syndicats, dépolitiser leur action et ainsi la vider de sa substance en la rendant inefficace. Mais, bien au contraire, l’histoire syndicale montre que la lutte syndicale s’est toujours faite sur tous les fronts.

Création d’hôpitaux de pointe gratuits, fondation de la sécurité sociale, soutien constant aux luttes de travailleur‧ses sans papiers ne sont que quelques exemples des réalisations sociales d’ampleur qui illuminent l’histoire des syndicats en France. Le mouvement ouvrier, par des caisses de cotisation et d’aide mutuelle, est aussi à l’origine de l’assurance chômage. Ces mesures, rendues possibles par la solidarité de classe, concernent bien des personnes qui ne sont pas salarié·es. Elles ont toujours eu pour but d’organiser collectivement des moyens de s’émanciper de la domination économique capitaliste.

Le travail a un rôle tellement structurant dans notre société qu’il concerne virtuellement tout le monde, et conditionne en grande partie nos moyens d’existence. Un syndicat ne peut et ne doit pas s’occuper exclusivement de la lutte contre la domination économique, car les dominations ne sont pas isolées les unes des autres mais se chevauchent et se combinent.

Pour preuve, nombre de sujets syndicaux « classiques » – discrimination à l’embauche, congés parentalité, accessibilité des lieux de travail et de l’organisation du travail pour les personnes handicapées, accessibilité pour les utilisateur·ices, congés maladie, etc – sont de manière assez évidente à la croisée d’autres oppressions : sexisme, racisme et validisme notamment.

En améliorant les conditions de travail, les services publics et sociaux, en augmentant le temps disponible pour chacun·e (par exemple par la réduction du temps de travail salarié hebdomadaire) et en luttant contre la précarité, l’action syndicale améliore les conditions de vie de tout le monde.

Comment peuvent-ils changer durablement le système économique ?

Un point sur lequel la majorité du mouvement syndical s’accorde en théorie est que, pour pouvoir décider pragmatiquement et efficacement de la production et l’adapter aux besoins de toutes et tous, il faut mettre fin à la division de la société en classes et séparer l’organisation de la production de la recherche permanente de profit.

C’est le seul moyen pour assurer que la production bénéficie réellement aux personnes qui en ont besoin et à la société en général, y compris en prenant en compte les contraintes écologiques. Cela veut dire que les prolétaires doivent prendre le contrôle de la production et décider ce qu’iels en font par elleux-même. Dans les syndicats, mais aussi dans les partis, il existe deux grands courants généraux qui visent à changer le système économique : le courant réformiste et le courant révolutionnaire.

Le courant réformiste vise une prise du pouvoir pacifique et républicaine, et compte exclusivement sur l’utilisation de la loi et des institutions existantes pour transformer graduellement le capitalisme. Dans les syndicats, cela veut dire se reposer sur le « dialogue social » institutionnalisé.

Le courant révolutionnaire prône une confrontation directe avec le capitalisme et une prise de pouvoir rapide et soudaine qui renverserait le système existant. Il ne considère les institutions existantes que comme des outils, qui peuvent aussi être des obstacles structurels à la transformation de l’économie. Au niveau syndical, cela veut dire favoriser l’auto-organisation des prolétaires et le recours à l’action directe (actions décidées et menées collectivement, directement par les personnes concernées, et non par des représentant·es), en vue de la réappropriation des moyens de production par la grève.

Se reposer uniquement sur des institutions existantes est un danger pour les syndicats, toute structure cherchant à maintenir son existence. Il nous faut être particulièrement vigilant·es pour éviter que nos syndicats ne finissent par prendre des décisions qui servent davantage leurs intérêts que ceux de notre classe. Plus précisément, s’il n’est pas pensé et pratiqué comme un outil révolutionnaire, un syndicat est condamné à vouloir se maintenir et donc à maintenir son environnement, le capitalisme.

C’est une limite des syndicats réformistes : une bureaucratie se développe en leur sein et, avec le temps, les intérêts de la structure ainsi que de ses employé·es changent. Pour maintenir leur existence, le plus simple pour eux est encore que les prolétaires continuent à en avoir besoin. L’un des meilleurs remèdes à ce risque est l’implication d’un maximum de prolétaires au sein des organisations syndicales, et à tous les niveaux. Plus le pouvoir y est partagé, notamment par l’autogestion, plus le risque de détournement des structures est atténué.

En résumé, on peut définir un syndicat de cette manière :

Un syndicat est une organisation dont l’objectif est d’organiser les prolétaires pour qu’iels reprennent collectivement et définitivement le contrôle de toute la production. C’est une stratégie, une manière de s’auto-organiser entre prolétaires pour déterminer comment gérer la production, ce qu’on en fait et à qui elle bénéficie.

Comment s’engager au niveau syndical ?

La base de l’action syndicale, c’est la solidarité, l’entraide et la formation mutuelle. En connaissant vos droits et en aidant vos proches à connaître leurs droits, vous préparez le terrain pour la lutte et prenez conscience de votre condition. Être au courant, même très partiellement, des voies d’actions et des organisations existantes permet de conseiller son entourage et le rediriger vers les personnes qui pourront les aider, sans attendre le dernier moment.

En faisant ça, vous aidez également directement les organisations syndicales, car le travail syndical se fait d’autant plus facilement que les gens nous rejoignent ou nous parlent tôt. En attaquant tôt les problèmes, à la racine, on évite de devoir sortir l’artillerie lourde comme les procès qui peuvent mettre des années à être résolus, et on protège plus efficacement en prévenant des problèmes plus graves.

Vous pouvez aussi suivre, soutenir et participer aux mouvements sociaux. Ces mouvements, par leur ampleur, ont beaucoup d’inertie et les syndicalistes tou·tes ensembles travaillent d’arrache-pied, pour les lancer, les organiser et les entretenir. Y participer aide à les maintenir, les amplifier et les construire sur la durée, permettant leur victoire.

Pourquoi rejoindre un syndicat ?

Le meilleur moyen d’aider le mouvement syndical reste encore de s’impliquer dans les organisations de travailleur·ses, et donc de rejoindre un syndicat. La simple adhésion permet déjà d’aider un syndicat, en augmentant sa taille et donc son poids dans les discussions ou rapports de force. Le simple fait de cotiser donne des moyens financiers et donc améliore sa capacité à aider les prolétaires.

Au niveau national, local ou dans son entreprise, se joindre aux cortèges de manifestation, aller aux activités sociales, participer aux réunions et groupes de discussions, même en tant que spectateur·ice, peut permettre d’intégrer en douceur la vie syndicale, mais aussi, et surtout, de rencontrer des camarades qui connaissent vos problèmes et les subissent aussi. Participer aux activités et événements syndicaux est une étape importante pour réaliser qu’on n’est pas seul·e, qu’on peut échanger et s’organiser ensemble.

Pour celleux qui le peuvent, il est aussi possible de s’investir directement dans le travail syndical. En particulier dans les structures comme le STJV où tout le travail est bénévole, chacun·e apporte ce qu’iel peut à hauteur de ses moyens, sans qu’il n’y ait d’attentes ou d’obligations. Le but n’étant pas de reproduire ce qu’on subit en entreprise. En s’investissant un petit peu, de temps en temps, on permet déjà d’augmenter la quantité de travail effectuée par le syndicat et, surtout, on se forme et on en apprend plus sur la lutte syndicale et nos droits à toutes et tous.

Et s’il n’y a pas de syndicat qui me convienne ?

Si aucun syndicat n’est présent dans votre secteur, ou qu’aucun ne vous correspond politiquement, il est possible de faire des recherches plus approfondies, en allant par exemple voir les unions locales et départementales des confédérations, et les syndicats de branches proches de la vôtre. Vous pouvez demander à des syndicats plus proches de vous politiquement s’ils en connaissent d’autres dans vos industries. Les plus petits syndicats, en particulier ceux qui sont indépendants et/ou révolutionnaires, peuvent être actifs sans être forcément connus.

Si vous ne trouvez réellement pas, outre l’option radicale mais réelle de créer un syndicat comme le STJV a fait pour le jeu vidéo, il est toujours possible de s’engager dans un syndicat existant malgré tout, via des actions concrètes utiles en toutes circonstances comme du conseil juridique.

N’oubliez pas enfin que rejoindre un syndicat n’est pas un engagement à vie ! Il ne faut pas que l’acte de rejoindre un syndicat soit paralysant, car cela ne vous engage à rien. Il est tout à fait possible de rejoindre un syndicat pour voir l’organisation et la démocratie interne, poser des questions, etc. et de le quitter ensuite si ça ne vous convient pas et que vous constatez qu’il n’est pas possible de changer le syndicat en interne.

Pour aller plus loin

Pour les salaires, contre la répression – Appel à la grève dans le jeu vidéo le 18 Octobre 2022

Nous faisions grève le 29 septembre dernier :

  • Contre la politique gouvernementale de casse sociale et d’appauvrissement général de la population, et en particulier le conditionnement du Revenu de Solidarité Active (RSA) à l’exécution d’heures de travail, le projet de contre-réforme des retraites, et la grave mise en danger des aides sociales comme l’assurance chômage.
  • Pour forcer les entreprises à mettre en place des mesures durables contre l’appauvrissement des travailleur‧ses, comme l’augmentation systématique des salaires au-dessus de l’inflation et le passage en CDI des travailleur‧ses précaires.
  • Pour une redistribution des richesses accumulées par les classes supérieures, en particulier depuis le début de la crise du Covid-19, allant à l’opposé des politiques de baisses et crédits d’impôts accordées aux entreprises, et notamment dans le jeu vidéo, industrie qui a connu un bond des ventes.
  • Pour l’application de nos propositions pour rendre le travail plus juste et démocratique, aussi bien dans notre industrie que dans toutes les autres, comme la réduction du temps de travail à 4 jours, mesure minimale pour lutter contre le chômage et les maladies causées par le travail.

POUR LE PASSAGE A LA SEMAINE DE 4 JOURS/28 HEURES DE TRAVAIL

POUR UNE AUGMENTATION AUTOMATIQUE DES SALAIRES AU-DESSUS DE L’INFLATION

Ces revendications sont toujours valables et méritent toujours de lutter pour. Mais, maintenant qu’un mouvement s’amorce dans différentes industries pour demander effectivement un partage des richesses, l’état répond durement en allant jusqu’à remettre en cause le droit (constitutionnel !) de grève par la réquisition illégale des travailleur‧ses.

Le Syndicat des Travailleurs et Travailleuses du Jeu Vidéo rejoint la mobilisation syndicale en appelant à la grève le 18 octobre 2022, et appelle les travailleur‧ses, chômeur‧ses, retraité‧es et étudiant·es du jeu vidéo à se mobiliser dans leurs entreprises, dans les assemblées générales et dans les manifestations qui auront lieu partout en France. Le STJV sera officiellement présent dans plusieurs manifestations en France.

Nous rappelons que cet appel couvre le champ d’action du STJV dans le secteur privé, et concerne donc toute personne employée par une société d’édition, de distribution, de service et/ou de création de jeu vidéo ou matériel pour le jeu vidéo quel que soit son poste ou son statut et quel que soit le type de production de sa société (jeux consoles, PC, mobile, serious games, expériences VR/AR, moteurs de jeu, services marketing, consoles de jeu, streaming, etc.), ainsi que tout·es les enseignant·es travaillant dans des écoles privées dans des cursus en lien avec la production vidéoludique. Pour toutes ces personnes, et puisqu’il s’agit d’un appel national à la grève, aucune démarche n’est nécessaire pour se mettre en grève : il suffit de ne pas venir travailler le jour où vous souhaitez faire grève.

N’hésitez pas à nous contacter si vous avez des questions.

Inflation, salaires, chômage : Appel à la grève dans le jeu vidéo le 29 Septembre 2022

Après les élections du printemps dernier, de nouvelles réformes allant toujours plus loin dans la casse des droits sociaux ont été annoncées. Pendant ce temps, l’inflation continue d’exploser, les forêts continuent de brûler, les températures continuent d’augmenter. Alors qu’on craint des pénuries alimentaires prochaines, le seul but du gouvernement est de continuer à creuser les inégalités.

Au menu, il propose entre autre :

  • la généralisation des travaux forcés en conditionnant le Revenu de Solidarité Active (RSA) à l’exécution d’heures de travail.
  • l’appauvrissement des retraité‧es avec le retour de la réforme des retraites. Si l’âge de départ à la retraite n’y est plus à 65 ans, il ne s’agit là que de communication, car d’autres mesures viendront tirer les retraites vers le bas quoi qu’il arrive.
  • la mise en danger des aides sociales comme l’assurance chômage.

Malgré les grandes promesses successives, contre le mal-logement, puis contre le sexisme et maintenant pour l’écologie, le gouvernement français se contente de communication publique et refuse, puisque c’est sa ligne politique, d’agir concrètement.

Les années à venir s’annoncent bel et bien comme la continuité des politiques précédentes, en faveur des plus riches, contre les pauvres et contre toutes les personnes marginalisées.

Si l’économie française ne s’est pas effondrée malgré la crise que nous traversons depuis 2020, ce n’est que, comme partout dans le monde, grâce au dévouement et aux efforts de millions de travailleur‧ses. Ces personnes, réellement essentielles dans notre société, sont toujours mal traitées et mal payées, avant même qu’on ne sabre plus leurs droits. Si les grandes entreprises françaises ont pu dégager 44 milliards d’euros rien qu’en dividendes au 2ème trimestre 2022, c’est uniquement grâce à la valeur créée par les travailleur‧ses. Cette réalité vaut aussi pour le jeu vidéo.

En plus d’augmenter les salaires au-delà de l’inflation et d’instaurer la semaine de 4 jours, mesures minimale pour diminuer la casse et lutter réellement contre le chômage, nous demandons l’application de nos propositions pour rendre le travail plus juste, aussi bien dans notre industrie que dans toutes les autres.

Le Syndicat des Travailleurs et Travailleuses du Jeu Vidéo rejoint la mobilisation syndicale en appelant à la grève le 29 septembre 2022, et appelle les travailleur‧ses, chômeur‧ses, retraité‧es et étudiant·es du jeu vidéo à se mobiliser dans leurs entreprises, dans les assemblées générales et dans les manifestations qui auront lieu partout en France. Le STJV sera officiellement présent dans plusieurs manifestations en France.

Nous rappelons que cet appel couvre le champ d’action du STJV dans le secteur privé, et concerne donc toute personne employée par une société d’édition, de distribution, de service et/ou de création de jeu vidéo ou matériel pour le jeu vidéo quel que soit son poste ou son statut et quel que soit le type de production de sa société (jeux consoles, PC, mobile, serious games, expériences VR/AR, moteurs de jeu, services marketing, consoles de jeu, streaming, etc.), ainsi que tout·es les enseignant·es travaillant dans des écoles privées dans des cursus en lien avec la production vidéoludique. Pour toutes ces personnes, et puisqu’il s’agit d’un appel national à la grève, aucune démarche n’est nécessaire pour se mettre en grève : il suffit de ne pas venir travailler le jour où vous souhaitez faire grève. Plus de détails dans notre fiche sur le droit de grève dans le secteur privé.

N’hésitez pas à nous contacter si vous avez des questions.

LGBT+ : ni paillassons ni cautions, passons à l’action !

Tous les ans, le mois de Juin est le mois des fiertés, un mois de célébration, de lutte et de souvenir pour les personnes LGBT+. Il est rendu nécessaire pour s’opposer à la stigmatisation, aux discriminations et aux violences que nous subissons, pour lutter pour notre liberté et nos conditions de vie.

Car, si les droits des personnes LGBT+ semblent progresser au fur et à mesure des années, il est important de rappeler que ces améliorations sont encore, pour le moment, l’arbre qui cache la forêt de discriminations existantes. Elles ne sont pas équitablement réparties, politiquement, économiquement et socialement : les législations et circonstances peuvent varier énormément, et les classes supérieures ont des facilités d’accès aux soins et à des environnements « safe ». La violence à notre encontre est bien réelle, et elle tue. Chaque année des membres de nos diverses communautés meurent, assassiné·es directement, poussées au suicide ou laissé·es à mourir dans la misère.

Ces oppressions ne s’arrêtent pas à des échanges interpersonnels : elles sont structurelles. Et le travail, qui occupe une place écrasante dans nos vies, est un facteur majeur de ces oppressions. Les entreprises, et le patronat qui les dirige, sont des institutions directement responsables. Par malveillance, négligence ou désintérêt, les dirigeant·es d’entreprises ferment les yeux sur le harcèlement que nous subissons, font obstacle à nos transitions de genre et à l’utilisation de notre identité d’usage, laissent les écarts de salaire se creuser et notre précarisation s’étendre…

En posant des obstacles et en luttant contre les représentant·es du personnel et les syndicats, les directions d’entreprise sont des causes directes de la dégradation de nos conditions de travail et de vie. Elles participent à ruiner notre existence, nous exploitent pour notre force de travail, tout en se servant de nous pour faire leur publicité.

Les vraies luttes LGBT+, nos luttes, n’ont pas pour but de cajoler les personnes LGBT-phobes pour les pousser à nous « tolérer ». Elles cherchent à nous permettre de vivre normalement, dans des conditions matérielles dignes. Elles sont intrinsèquement liées aux luttes des autres groupes marginalisées et aux luttes syndicales. Cette année encore, comme toutes les autres, nous nous battrons et nous organiserons collectivement pour venir en aide à nos camarades et précipiter la fin du patriarcat et du patronat.

Dans le jeu vidéo

Nous sommes toujours nombreux·ses à dénoncer ce que nous subissons dans les entreprises de jeux vidéo. Que cela soit dans de grandes entreprises comme Activision-Blizzard, Ubisoft, Quantic Dream, où des affaires très médiatisées ont pu permettre de rendre visibles de graves problèmes, ou dans de plus petites qui parviennent parfois à échapper à cette médiatisation mais ne sont pas pour autant moins discriminantes. Sans oublier les écoles qui, bien avant de rentrer en entreprise, nous font déjà souffrir.

Toute l’année, mais en particulier lors du mois de Juin, les entreprises vantent leur prétendue inclusivité : goodies arc-en-ciel comme chez Ubisoft, grandes conférences internes pour présenter des demi-mesurettes à leurs employé·es, communication externe sur leurs employé·es LGBT+, chartes « inclusivité et diversité » non-contraignantes et donc de facto inutiles…

Nous leur servons d’étendard, pratique à agiter quand c’est utile pour leur recrutement ou instrumentalisé pour leurs campagnes marketing, tout en subissant la face cachée de cette « inclusivité ». Car dans les faits les personnes LGBT+ sont discriminées à tous les niveaux : embauchées plus difficilement, sur-représentées dans les contrats les plus précaires, ayant généralement des salaires inférieurs à leurs collègues, mises à la porte de manière disproportionnée.

En plus de subir les LGBT-phobies au quotidien en entreprise, nous sommes aussi réduit·es à devoir regarder nos vécus exploités dans les jeux sur lesquels nous travaillons sans que nous soyons consulté·es ou que nous ayons la possibilité de nous exprimer à ce sujet. Tout au plus notre avis est ignoré par une hiérarchie qui croit mieux nous connaître que nous-mêmes. Des personnages et relations LGBT+ écrites par des hommes cisgenres et hétérosexuels, qui ne nous représentent pas mais flattent leur imaginaire et nous fétichisent, deviennent des arguments de vente pour des jeux et des entreprises, mais restent des rappels des oppressions subies pour nous travailleur·ses LGBT+.

Nos revendications

Pour améliorer les conditions de travail et de vie des personnes LGBT+, et avec celles de tou‧tes les travailleur‧ses, nous demandons, entre autres :

  • la fin des recours aux CDD pour lutter contre la précarisation des personnes marginalisées
  • l’imposition de grilles salariales publiques dans les entreprises, pour mettre fin aux discriminations salariales qui touchent de manière disproportionnée les minorités
  • le remboursement à 100 % de toute consultation ou acte médical par les mutuelles d’entreprise, y compris les parcours de transition pour les personnes transgenres
  • l’utilisation des prénoms et noms d’usage au travail sur simple demande , sans poser de questions ni demander de justificatifs
  • l’imposition de congés parentaux égaux et obligatoires, y compris en cas d’adoption, pour tous les couples
  • l’intégration des représentant‧es du personnel et des syndicats dans les processus d’alerte et de gestion des discriminations et violences en entreprise, pour pouvoir y faire entendre la voix des personnes concerné‧es
  • l’intégration de tou‧tes les travailleur‧ses dans les processus décisionnels et créatifs, et leur transparence totale, pour que chaque personne concernée puisse être consultée et agir sur les choix de l’entreprise

Nous savons d’expérience que de tels changements ne seront pas implémentés de bonne grâce par nos patron·nes sur simple demande : nous devons nous organiser ensemble, comme au STJV, pour construire le rapport de force nécessaire pour les imposer.

La lutte continue

Emmanuel Macron a été réélu président. Si on peut se réjouir que le danger fasciste immédiat ait été écarté, il n’en reste pas moins que les perdant·es de cette élection et de sa campagne sont facilement identifiables : ce sont toutes les personnes opprimées et exploitées. Pour elleux, 5 ans de plus sous Macron ajouteront à leur détresse et leur colère, et iels n’auront pas forcément le loisir de s’asseoir à nouveau sur leurs droits jusqu’aux prochaines élections.

De la même manière, on en connaît aussi les gagnant·es : le patronat, les évadé·es fiscaux, les pollueur·ses, les racistes, qui utilisent la peur et le mépris pour écraser les plus précaires qu’elleux. De manière générale, ce sont les riches et les égoïstes qui veulent sciemment détruire la vie des perdant·es – quand ce n’est pas y mettre fin.

Ainsi, l’ordre capitaliste ne sera pas seulement perpétué, mais il en ressort renforcé. Si, devant cette situation, on peut être tenté de baisser les bras, c’est bien tout le contraire qu’il faut faire. La solidarité, la liberté et l’égalité se construisent par un effort constant, toutes et tous ensembles, bien plus qu’elles ne s’écrivent au fronton des écoles et des mairies.

Plus que jamais, elles doivent guider et porter nos actions et nos engagements. En tant qu’outil d’émancipation, le syndicalisme doit s’engager en ce sens, défendre les travailleur‧ses et personnes marginalisé‧es et conquérir de nouveaux droits.

Le choix du syndicalisme

Dans une économie capitaliste où le travail est malheureusement central dans nos vies, il devient le champ de bataille principal à la fois des idéologies néo-libérales, totalitaires et fascistes. On l’a bien vu dans cette campagne avec les volontés affichées de candidat‧es de forcer les gens à travailler, même dans les pires conditions et toujours davantage, et d’empêcher les personnes jugées « pas assez françaises » de travailler et donc être rémunérées, de réduire toute protection sociale…

Depuis des dizaines d’années, les attaques successives contre le droit du travail et les libertés individuelles donnent toujours plus de pouvoir au patronat, et réduisent d’autant plus les marges de manœuvre des travailleur·ses. Nous savons déjà que les 5 prochaines années seront au moins aussi difficiles que celles que nous venons de vivre.

La politique ne peut se résoudre à quelques participations à des élections : les combats pour un monde plus juste se jouent tous les jours, et à des échelles bien plus diversifiées et complexes que les seuls moments institutionnels des échéances électorales.

Le STJV, qui va fêter ses 5 ans d’existence cette année, a accompagné des centaines d’affaires et continue à le faire. Nous y avons vu des travailleur·ses et étudiant‧es en détresse, éreinté·es et écrasé·es par les logiques de rendement des entreprises, harcelées et diminuées par les patrons, les directions et les RH. Mais en remportant la majorité de ces affaires, nous les avons aidé·es à améliorer leurs conditions, et ainsi vu·es regagner la liberté, la dignité et la fierté qu’on leur avait volé.

Nous avons pu constater qu’à chaque fois qu’une victoire est possible, elle se fait par la lutte collective. Nous continuerons ces combats toutes et tous ensemble. En se frottant tous les jours aux attaques du patronat, du gouvernement et de l’Etat, nous pouvons identifier et essayer de construire, ensemble, les organisations les plus à même d’y faire face et de passer à la contre-offensive.

Toutes les avancées sociales sont le résultat de l’action conjuguée de travailleur·ses, qui ont, à force de grèves, de manifestations, d’occupations, réussi à instaurer des droits et protections collectives. Nous allons poursuivre notre lutte hors de l’électoralisme sur l’action de terrain collective, afin de construire un rapport de force en faveur du peuple.

Dans le jeu vidéo

En tant que travailleur·ses du jeu vidéo, nous avons tout à gagner à défendre nos intérêts et ceux de notre industrie par l’organisation syndicale. Nos patron‧nes ne s’en privent pas, pourquoi devrions nous nous l’interdire ? La fin des logiques capitalistes, de rendement, du crunch, mais aussi la fin des violences au travail, des agissements sexistes, des harcèlements et discriminations en tout genre, c’est ce pour quoi nous nous battons au STJV depuis bientôt 5 ans.

En plus des affaires juridiques et sociales que nous soutenons, nous travaillons aussi à révéler les travers de l’industrie et des organismes privés/publiques des formations au jeu vidéo, et faisons valoir nos droits, par exemple en publiant nos propositions pour une industrie plus juste.

Enfin, et puisque le jeu vidéo joue un rôle non négligeable dans la structuration des imaginaires collectifs et dans les espaces culturels, sociaux et politiques, nous luttons pour que le jeu vidéo devienne un medium vecteur de changements positifs.

L’absence de démocratie dans les processus créatifs pousse invariablement à une droitisation de notre industrie. Dépolitisation des thèmes abordés dans les productions, mise à disposition de notre medium comme outil de propagande militaire et nationaliste, manque de diversité des équipes de développement, passivité de l’industrie face à la prolifération de groupes fascistes en ligne, utilisation de clichés sexistes et racistes dans les campagnes marketing… Nous, travailleur·ses du jeu vidéo, avons mieux à proposer au grand public et à la société dans son ensemble, et nous devons pour ce faire imposer un rapport de force en notre faveur.

Ce travail de longue haleine, de la création à partir de presque rien d’un syndicat à notre force actuelle, est rendu possible par nos adhérent·es. En mettant en commun notre travail bénévole et nos cotisations, le syndicat donne aux travailleur‧ses les moyens de s’engager dans des procédures et actions et de les gagner. Se syndiquer participe de ce travail titanesque, rendu possible par le collectif.

À nous d’agir.