Appel à la grève du 10 au 18 septembre : face à l’impasse gouvernementale, choisissons la sortie par le haut !

L’annonce du budget 2026 s’est faite, comme on en a désormais l’habitude, par des « fuites » à la presse servant plutôt de mesure des réactions, et tout au long de l’été, les mesures ainsi testées étant pour certaines purement sidérantes. C’est bien un budget d’agression sociale que propose le gouvernement Bayrou. Notons par exemple :

  • La suppression de deux jours fériés sans compensation, dont le 8 mai, commémorant s’il fallait le rappeler au Premier Ministre la capitulation du régime nazi ;
  • L’allongement du délai de carence en cas d’arrêt maladie, alors même que les conséquences sanitaires de la pandémie de coronavirus restent trop faiblement étudiées, mais tout-à-fait tangibles (voir même ce que disent des think tank libéraux sur le sujet) ;
    • N’oublions pas non plus que le défaut de soins est excessivement lié à des séquelles plus graves : il s’agit non seulement d’un recul de droits, mais aussi d’une vraie attaque sur la santé des travailleureuses ;
  • De nouvelles attaques sur le régime d’assurance-chômage, le seul but du gouvernement restant de radier des personnes des listes pour ne plus payer d’indemnités et ne plus avoir à les inclure dans les chiffres officiels, pas de résoudre ce supposé « problème » ;
  • La volonté d’une « année blanche » pour le budget de l’État, soit un gel des budgets et aides sociales, se traduisant par :
    • Une baisse des moyens de notre système de santé, déjà saigné à vif ;
    • Une baisse du budget pour l’éducation, déjà brutalisée par quantités de gouvernements successifs ;
    • Un recul sur la culture, sur l’environnement, sur toutes les allocations nécessaires au maintien d’une vie pour toustes ;
    • Mais évidemment, un effort tourné purement vers les budgets militaires (seul horizon d’avenir pour un gouvernement aux abois ?).

Qui dit agression dit agresseurs et agressé·es. Ici, la cible est claire, ce sont les prolétaires : les personnes handicapées, les immigrant·es avec ou sans papiers et les travailleureuses salariées ou non. Ces personnes qui produisent pourtant la valeur réelle dans l’économie, à l’inverse de la classe oisive : les grands actionnaires qui héritent majoritairement leur position et ne savent rien faire d’autre que faire croître leur fortune, pour assurer une longueur d’avance à leur progéniture et lâcher quelques miettes à leurs exécutant·es.

Nos gouvernants choisissent de faire la chasse aux pauvres, aux chômeureuses et aux personnes malades – de maladies que l’État laisse proliférer. Mais plus généralement, « les français·es » sont accusé·es d’être responsables de la dette… pendant que les riches oisifs sont suspicieusement absents de ces efforts demandés au reste de la population, et gâtés des 211 milliards d’euros aux entreprises, pour beaucoup sans contreparties réelles ou vérifiables…

Et dans le jeu vidéo ?

Notre secteur n’est pas isolé du reste de l’économie. Nous sommes nous aussi des prolétaires, et nous contribuons à une économie qui nous reverse chaque année un peu moins de la valeur que nous créons. Les travailleureuses du jeu vidéo se sont massivement mobilisé·es cette année lors de la grève générale du jeu vidéo, lors de laquelle nous décrivions déjà comment notre industrie est conduite à la ruine par des directions plus intéressées par les profits à court terme et à tout prix que par la santé des travailleureuses et la juste répartition des richesses créées.

En guise de remerciements pour leurs efforts, les travailleureuses sont licencié·es. Nous avons également dû accompagner nos camarades au studio Don’t Nod face à un plan social inédit dans l’industrie vidéoludique française. Dans tant d’autres entreprises, le « dialogue social » se résume à un monologue glacial, comme par exemple à Virtuos, où le conflit est ouvert dans une entreprise qui rencontre de grands succès, mais s’arroge le droit de licencier.

Quant aux aides aux entreprises, le secteur n’est pas en reste, puisque non content de se servir au pot magique du Crédit d’impôt recherche (CIR), le jeu vidéo a son propre dispositif, le Crédit d’impôt jeu vidéo (CIJV). Ce dernier était d’ailleurs à peu près tout ce que les patrons de l’industrie avaient aux lèvres lors de leur audition à l’Assemblée nationale en mars dernier.

Que faire ?

Face à l’incurie de ces prétendus responsables, qui ne souhaitent retenir de ce terme que le pouvoir sur les autres, gouvernement comme patronat, il s’agit de montrer que nous nous élevons, pas seulement face à des mesures injustes comme ce budget indécent, pas seulement pour la défense des conquis sociaux que sont la sécurité sociale et plus largement le modèle de protection français, mais aussi pour la conquête de nouveaux droits et d’une vie digne.

Le modèle actuel est à bout de souffle et, dans un dernier râle, il souhaite tout nous prendre. À nous toustes de prendre ce qui nous a toujours appartenu : le contrôle de nos destinées.

À ce titre, le STJV appelle non seulement à se joindre aux journées de mobilisation, dont les dates du 10 septembre, née de l’initiative citoyenne à laquelle nous nous joignons avec enthousiasme, et du 18 septembre prévue par l’intersyndicale, mais aussi aux actions multiples qui vont avoir lieu entre temps et après. Ainsi, le Syndicat des Travailleureuses du Jeu Vidéo appelle à la grève dans le jeu vidéo du 10 au 18 septembre.

Nous rappelons que cet appel couvre le champ d’action du STJV dans le secteur privé, et concerne donc toute personne employée par une société d’édition, distribution, services et/ou création pour le jeu vidéo quel que soit son poste ou son statut et quel que soit le domaine d’activité de sa société (jeux, consoles, mobile, serious games, VR/AR, moteurs de jeu, services marketing, streaming, produits dérivés, esport, création de contenu en ligne, etc.), ainsi que tous·tes les enseignants·es travaillant dans des écoles privées dans des cursus en lien avec le jeu vidéo. Puisqu’il s’agit d’un appel national à la grève, aucune démarche n’est nécessaire pour se mettre en grève : il suffit de ne pas venir travailler.

Comme nous le disions le premier mai : on fabrique, on produit, on décide !

Comptes
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